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Les Huguenots
Opéra Bastille - du 28 septembre au 24 octobre 2018
Les Huguenots
Giacomo Meyerbeer
Opéra Bastille - du 28 septembre au 24 octobre 2018
5h00 avec 2 entractes
Langue : Français
Surtitrage : Français / Anglais
-
Première : 28 septembre 2018
Avant-première : 25 septembre 2018
À propos
En quelques mots :
La venue de Giacomo Meyerbeer à Paris en 1825 devait rebattre les cartes du théâtre lyrique. En imposant le genre du Grand opéra, le compositeur fit de l’Histoire le pivot majeur du spectacle au XIXe siècle. Les Huguenots est une monumentale fresque figurant d’impossibles amours dans le contexte de la Saint‑Barthélemy. Créée à l’Opéra de Paris, l’oeuvre y fêtait en 1936, après plus de mille représentations, son centième anniversaire avant d’être rangée dans un tiroir mémoriel de la « grande boutique ». Pour sa redécouverte, Andreas Kriegenburg inscrit ces intemporels conflits amoureux et religieux dans un cadre immaculé où les costumes n’en ressortent que plus flamboyants et le sang des victimes plus violemment rouge.
- Ouverture
- Première partie 105 mn
- Entracte 45 mn
- Deuxième partie 50 mn
- Entracte 25 mn
- Troisième partie 75 mn
- Fin
-
Les Huguenots
Opéra en cinq actes
-
Représentations
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Les Huguenots (Saison 18/19)- Ermonela Jaho et Nicolas Testé, Acte 3
Les Huguenots (Saison 18/19 - Lisette Oropesa (Marguerite de Valois), Acte 2
Les Huguenots (Saison 18/19) - Yosep Kang (Raoul de Nangis), Acte 2
Les Huguenots (Saison 18/19)- Acte 1
Coulisses
© Renn Productions/France 2 Cinema/DA Films. Photo Luc Roux
Article
Romantisme et Guerres de religion
Quand la littérature s’empare de l’Histoire
08’
Que le romantisme se soit emparé des Guerres de religion n’a rien d’étonnant. Conscients de vivre une période de crise, les auteurs de la génération d’Alexandre Dumas (né en 1802) ont vu dans ces conflits un formidable creuset dramatique et le miroir d’une crainte collective, celle de la guerre civile. Par un jeu d’analogies, les violences qui opposent Protestants et Catholiques évoquent les cruautés de la Terreur, dont l’imaginaire hante les créateurs romantiques. Dans les deux cas, la France est déchirée, les détenteurs du pouvoir sont éliminés. Sous la Restauration et au lendemain de 1830, à l’heure où l’on dresse le bilan de quarante ans d’histoire depuis la décollation de Louis XVI, les Guerres de religion, fussent-elles lointaines, offrent un sombre objet de méditation pour les contemporains.
1572 : « point rouge »
Pour les romantiques, qu’elle se reflète dans le sang de la Saint-Barthélemy ou dans la lame de la Veuve, l’Histoire est jalonnée de crises. Or les Guerres de religion multiplient les exactions sidérantes, à l’échelle individuelle et collective. Elles constituent un réservoir d’actions pour la fiction : complots, machinations, préparation au pire…tout concourt à attirer l’attention des créateurs vers cette période de troubles. Marquées par l’un des plus douloureux événements de l’histoire de France, la nuit du 24 août 1572, les Guerres de religion invitent les romantiques à reconfigurer l’histoire. Dans la préface à son Histoire des Guerres de religion (1856), Jules Michelet voit ainsi dans la Saint-Barthélemy un « point rouge », aboutissement tragique de tractations politiques, d’hésitations désastreuses. En sondant l’origine de cet événement, il dévoile la faillite du pouvoir royal face aux conflits religieux, décrit la montée en puissance des violences claniques. Les agissements dans l’ombre, les diplomaties secrètes, les complots sont le terreau de la dramatisation littéraire et de la réflexion politique. Études historiques et fictions récrivent le récit d’un traumatisme collectif, qui irradie autour de la catastrophe d’août 1572. La Reine Margot de Dumas concentre toute son intrigue autour de la nuit sanglante, décrivant à travers le microcosme conflictuel de la cour le macrocosme du massacre.
Conformes à la lecture des historiens romantiques, les fictions qui mettent en scène les Guerres de religion négligent les questions proprement religieuses et théologiques. Elles mettent l’accent sur les motivations politiques, les ambitions personnelles des individus à la tête des grandes familles (Guise, Montmorency, Navarre, etc.). La dimension polémique des Huguenots de Meyerbeer ou de La Reine Margot provient moins des clivages religieux et spirituels que du discours politique que les deux œuvres véhiculent. Dans les deux cas aussi, la grande histoire tragique de la France rejoint les passions individuelles : à la veille du massacre, se nouent des histoires d’amour impossibles, dont l’issue est irrémédiablement tragique. À l’horizon des amours de la reine Marguerite de Navarre, la catastrophe de la Saint-Barthélemy tend sa toile sanglante.
La tragédie et ses acteurs
Les Guerres de religion offrent une dramatis personae digne de figurer en tête d’une tragédie de Shakespeare. D’un côté, les derniers Valois et leur mère ; de l’autre, des ennemis et des alliés, liés par le sang ou par serment à la famille royale. Le conflit religieux trouve aussi son intérêt dans la crise dynastique qui suit la mort accidentelle d’Henri II. L’histoire des derniers Valois est propice à faire naître la légende : chacune de ses figure comporte des caractéristiques imprégnées dans l’imaginaire collectif. François II est un faible enfant, Charles IX est un roi fou, Henri III est un homme féminin, le duc d’Anjou est un jaloux… Ces fils sont dominés par leur mère, Catherine de Médicis, figure mâle et mal comprise. Une telle configuration est une manne pour la fiction. Alexandre Dumas, par exemple, redessine la psychologie et les agissements des Grands à partir des clichés cristallisés autour d’eux. Sous sa plume, Catherine de Médicis entre dans la légende noire. Elle fait de la politique avec des horoscopes et des alchimistes ; elle est tantôt représentée comme une mère aimante, tantôt comme l’émule de Machiavel. Dans son drame Henri III et sa cour, Dumas s’engouffre dans les poncifs anecdotiques, attribuant par exemple à l’origine italienne de la reine son goût pour l’occultisme. D’autres œuvres, comme Aoust 1572 de Lesguillon (1832) montrent Charles IX dans son intimité avec Marie Touchet. En temps de guerre, cette image n’est pas celle d’un monarque qui devrait pacifier son royaume. Pour les romantiques, le règne de ce roi est l’objet de tous les fantasmes, maculé par les massacres de la Saint-Barthélemy. Les rapports complexes voire contradictoires que Charles entretient avec sa mère ou Gaspard de Coligny aggravent son cas. Les heures sanglantes se confondent avec la personnalité de ce roi instable. Sa mort, traitée par Dumas de manière spectaculaire, emblématise la cruauté de toute une époque :
Pendant ce temps, une sueur abondante avait pris le roi ; et comme Charles était atteint d’un relâchement des vaisseaux capillaires, et que ce relâchement amenait une hémorragie de la peau, cette sueur sanglante avait épouvanté la nourrice, qui ne pouvait s’habituer à cet étrange phénomène, et qui, protestante, on se le rappelle, lui disait sans cesse que c’était le sang huguenot versé le jour de la Saint-Barthélemy qui appelait son sang. (« La sueur de sang », lxii, La Reine Margot)
Des Guerres de religion les romantiques retiennent aussi la puissance dévastatrice des clans. À la tête des Catholiques, le duc de Guise, « le Balafré », tient toujours le mauvais rôle. Dans Henri III et sa cour, il a tout d’un traître de mélodrame. Tel un nouvel Othello dévoré de jalousie, il fait étrangler son rival amoureux avec le mouchoir de sa femme, non sans annoncer son intention de régicide : « Bien ! et maintenant que nous avons fini avec le valet, occupons-nous du maître » (Henri III et sa cour, V, 3). Repoussoir d’une telle noirceur, l’Amiral de Coligny est le martyr de la cause. Dans la version théâtrale de La Reine Margot, il a le don visionnaire des grands politiques : « C’est le roi qui peut faire, du royaume qu’il gouvernera, le premier royaume du monde », déclare-t-il à propos du futur Henri IV. Les romantiques prennent ainsi bien souvent le parti des Protestants, autrement dit des victimes, selon un schéma agonistique opposant les bons et les méchants. Plus ambigu est le rôle que tient Henri de Navarre. Avant d’accéder à la couronne, il est représenté comme un homme pragmatique, sachant toujours se préserver une issue – on se souviendra ici de la mémorable scène de chasse de La Reine Margot, durant laquelle il sauve Charles IX en tuant un sanglier, sous les yeux des propres frères du roi, qui ne bougent pas. Patrice Chéreau en fait l’une des scènes-clés de son adaptation cinématographique.
C’est contre une vision caricaturale ou anecdotique des Guerres de religion que se dresse Balzac dans Sur Catherine de Médicis, l’un des essais les plus originaux écrits sur la période de troubles. Prenant le contrepied des discours véhiculés sur la régente, Balzac met en lumière son habileté politique, son art de naviguer entre des hommes faibles ou avides de pouvoir. Il tente de redonner à chacun sa juste place :
Catherine de Médicis, au contraire, a sauvé la couronne de France ; elle a maintenu l’autorité royale dans des circonstances au milieu desquelles plus d’un grand prince aurait succombé. Ayant en tête des factieux et des ambitions comme celles des Guise et de la maison de Bourbon, des hommes comme les deux cardinaux de Lorraine et comme les deux Balafré, les deux princes de Condé, la reine Jeanne d’Albret, Henri IV, le connétable de Montmorency, Calvin, les Coligny, Théodore de Bèze, il lui a fallu déployer les plus rares qualités, les plus précieux dons de l’homme d’État, sous le feu des railleries de la presse calviniste. Voilà des faits qui, certes, sont incontestables. (« Le Martyr protestant », Sur Catherine de Médicis).
Les agissements des personnages qui ont traversé les Guerres de religion alimentent la fiction. Tous, de près ou de loin, portent une responsabilité dans ces guerres civiles qui, pour Alfred de Vigny, se prolongent sous le règne de Louis XIII.
Dès lors l’intention des
romantiques n’est pas de rétablir la vérité des faits mais de montrer les
violences de l’Histoire qu’illustrent tragiquement les Guerres de religion.
© Elena Bauer / OnP
Article
Artisan de la scène
Portrait d’Andreas Kriegenburg
09’
Malgré un passage remarqué au Festival d’Avignon en 2010, Andreas Kriegenburg reste largement méconnu du public français : une erreur que nous nous devions de réparer quand on connaît l’exceptionnelle carrière que mène sur les scènes européennes celui à qui revient la délicate mission de mettre en scène Les Huguenots. Portrait.
Le metteur en scène des Huguenots est arrivé au théâtre par des chemins dérobés. On retient généralement qu’il est né en 1963 en République Démocratique Allemande, menuisier de formation, qu’il fait ses classes au théâtre sur le tas avant de s’illustrer par sa collaboration avec l’écrivaine Dea Loher. Mais le détail de ses réalisations est plus significatif : en trente ans de carrière Andreas Kriegenburg a monté cent trente spectacles dans les plus grands théâtres d’Allemagne. Qui est cet artiste que la chanteuse Barbara Hannigan considère comme son mentor, au même titre que Krzsysztof Warlikowski et Katie Mitchell ? Quelle image donnent de lui les créations et le travail qui l’ont imposé outre-Rhin ?
À la fin de ses études, le jeune menuisier intègre par hasard les ateliers du théâtre de Magdeburg. Il y découvre un lieu de possible liberté et devient assistant à Zittau. Débordant d’enthousiasme et de naïveté, il détaille au directeur du théâtre un projet extrêmement complexe pour la mise en scène de Philoctète d’Heiner Müller. Andreas gagne sa confiance et se voit chargé de monter le conte de fée annuel du théâtre. Quelques mois avant la chute du mur de Berlin, il réalise son premier véritable spectacle, Mademoiselle Julie de Strindberg (Francfort-sur-Oder, 1989).
Dans l’euphorie de la réunification, Kriegenburg rejoint Frank Castorf à la Volksbühne de Berlin et y rencontre son premier succès. Sa mise en scène du Woyzeck de Büchner (Volksbühne, 1991) attire l’attention des critiques, qui l’adoubent à vingt-huit ans en l’invitant aux prestigieuses rencontres théâtrales de Berlin. Kriegenburg se lie d’amitié avec le dramaturge et directeur de théâtre Ulrich Khuon, qui l’associe au Staatstheater d’Hanovre. En y montant en 1995 Fremdes Haus de Dea Loher, il noue l’autre relation décisive de sa vie d’artiste. La fragilité du langage de cet auteur, son regard lucide et précis sur la réalité, l’extrême sensibilité avec laquelle elle décrit la vulnérabilité des autres le séduisent. En dix-sept ans, Andreas Kriegenburg a monté seize textes de la dramaturge allemande.
Les années 2000 sont celles du succès. Brièvement attaché au Burgtheater de Vienne où il monte Lulu de Wedekind, Kriegenburg préfère rejoindre Ulrich Khuon au Théâtre Thalia de Hambourg, dont il devient le principal metteur en scène. Il y monte Innocence (2003) puis Dernier feu (2008) de Dea Loher, couronné par le Mülheimer Dramatikerpreis pour l’écriture et le Faust-Theaterpreis pour la mise en scène. Il fait également ses débuts à l’opéra avec Orphée et Eurydice de Gluck (Magdebourg, 2006) mais rencontre son premier vrai succès dans le genre deux ans plus tard avec le Wozzeck de Berg (Munich, 2008).
Le Deutsches Theater est alors considéré comme le meilleur théâtre de Berlin et quand Ulrich Khuon en prend la direction, Kriegenburg le suit à nouveau. Il y monte Le Prince de Hombourg de Kleist (2009) et Diebe (2010) de Loher, qui lui valent le titre de scénographe de l’année. Toujours en 2010, il est chaleureusement accueilli par le public du Festival d’Avignon, où il présente une adaptation du Procès de Kafka avec la troupe du Kammerspiele de Munich.
C’est à ce moment-là que Kriegenburg s’impose à l’opéra. Pour rendre visible la présence traumatique de la guerre dans l’esprit d’Otello et la manière dont elle affecte son comportement, Kriegenburg transpose l’œuvre éponyme de Verdi dans un camp de réfugiés (Berlin, 2008). Le metteur en scène continue de traiter ces questions dans Don Juan kömmt aus dem Krieg d’Ödön von Horváth (Salzbourg, 2014) et Die Soldaten de Zimmermann (Munich, 2014), salué production de l’année par le magazine Opernwelt.
Mais sa réalisation la plus aboutie dans le genre est son Ring (Munich, 2012), à travers lequel Kriegenburg a voulu déployer une « narration collective » en travaillant l’aspect visuel du drame de Wagner. Les éléments du décor sont représentés par un peuple de figurants, matière première corporelle incarnant successivement les flots du Rhin, les flammes du fourneau, le dragon Fafner ou le Walhalla… Mais le mythe habité par ces visions fantastiques laisse place au monde dévasté de l’après Fukushima et des crises financières, dans un Crépuscule des dieux qui est aussi le nôtre. La direction d’acteur participe de cette geste de la décadence, en multipliant les détails émouvants et intimes qui priment sur le symbole et rendent les dieux plus humains.
Si son théâtre se nourrit d’images, on ne saurait distinguer de style propre à Kriegenburg, tant son œuvre suit des perspectives différentes.
Venu au théâtre par le travail manuel, Kriegenburg fait primer la pratique dans sa conception du théâtre. En effet le terme de Theatermacher, que l’on pourrait traduire par praticien du théâtre, lui conviendrait mieux que celui de Regisseur, c’est-à-dire de metteur en scène. L’usage fait du corps à travers des éléments persistants de son travail - comme la chorégraphie, l’acrobatie ou la danse - manifeste également ce déplacement d’accent. Tout comme l’aller-retour permanent qu’il réalise entre écriture et performance, en privilégiant l’adaptation d’œuvres non dramatiques, le collage de textes, l’écriture de plateau ou la mise en scène de ses propres textes (Kassandra : Ein Projekt 2003 ; Die Zelle 2008…)
Andreas Kriegenburg s’inscrit ainsi dans le concept d’Autorentheater développé par Ulrich Khuon au milieu des années 1990. Non pas un théâtre d’auteur comme on l’entend en France mais « la collaboration continue entre metteur en scène, auteur, comédiens et dramaturges ». Dea Loher par exemple, pour qui la scène est « l’espace de la langue », écrit moins pour le théâtre qu’elle ne met ses textes à la disposition d’un praticien capable de mettre au jour la théâtralité inhérente au texte. Dans cette optique, Kriegenburg cherche constamment à lier langage corporel et langage sémantique. Il remarque par exemple que le texte de Kafka a changé les acteurs du Procès : « La langue marque le corps de celui qui l’emploie et Kafka se crée littéralement le corps comme réceptacle pour sa langue. »
Considérant le théâtre comme une célébration du langage, Kriegenburg aime construire des récits dans ses mises en scène. Pour ce faire, il s’intéresse à toutes les formes de théâtre qui ont donné une forme dramatique aux problèmes de leurs temps. Qu’il s’agisse de la tragédie grecque originelle (Médée 1991, 2001 ; L’Orestie 2002), des grandes pièces de Shakespeare aux prises avec l’avènement de la modernité, du drame des Lumières inventant la liberté (Goethe, Schiller, Lessing, Mozart…), du théâtre du XIXe siècle s’interrogeant sur les changements sociaux ou industriels (Strindberg, Büchner, Ibsen, Tchekhov…), de celui du XXe siècle questionnant la subjectivité politique face au fascisme (Lorca, Brecht, Sartre…) ou encore de l’écriture contemporaine aux prises avec une crise de sens généralisée (Loher mais aussi Houellebecq et Anja Hilling). Les textes dramatiques sont pour lui à la fois universels et actuels. Tout comme Kriegenburg nourrit le sens du Ring ou d’Otello en les confrontant au monde contemporain, il voit dans Plateforme de Michel Houellebecq (qu’il met en scène en 2003 à Hanovre) moins un roman sur le tourisme sexuel qu’une œuvre « très profondément romantique » sur la recherche nostalgique du grand amour.
Espace de la langue, le théâtre est aussi selon Kriegenburg un lieu d’expérimentation des autres arts. Si son goût pour la narration l’a naturellement porté vers le roman (il montera Le Joueur de Dostoïevski à Munich après Les Huguenots), Kriegenburg a aussi créé des chorégraphies (Feuer/Vogel, 1988 ; Kaffee-Braun 1999), des pièces musicales (Satie, Le piège de Méduse, 1992 ; Burroughs, Waits, The Black Rider, 2000 ; Brecht, L’Opéra de quat’sous, 2017) et adapté des films comme J’ai engagé un tueur (Aki Kaurismäki, 1997) Les Enfants du paradis (Prévert et Carné, 2001), Les Idiots (Lars von Trier, 2004) ou De la vie des marionnettes (Bergman, 2007). Alliant drame, récit et image, le cinéma est particulièrement présent dans son œuvre, notamment dans sa mise en scène du Procès qui travaille l’image à tous les niveaux. D’abord parce que la pièce se déroule dans un œil gigantesque, au centre duquel un iris pivotant sert de praticable aux acteurs. Dans ce dispositif rappelant à la fois les dessins de Kafka et les espaces fantastiques du cinéma expressionniste, les huit comédiens interprètent tour à tour le rôle de Joseph K et ceux des autres personnages du roman. Ainsi démultiplié, le héros est sans cesse confronté à son propre reflet et les acteurs, forcés dans ce décor à jouer avec la gravité, enchaînent des gags inspirés du cinéma burlesque. Notamment celui de Buster Keaton, l’acteur favori de Kriegenburg.
L’émotion, ou plutôt l’alliance des émotions contradictoires habite aussi son travail. Tirant Le Procès vers « l’humour et l’angoissante dinguerie », le rire est partout chez lui, même dans sa vision sombre et pessimiste du Ring. « Ses meilleurs travaux recèlent tant de force, d’humour et de poésie triste, commente Christine Dössel, que cela scinde le cœur de tout un chacun entre la douleur et la joie. »
Andreas Kriegenburg conçoit et pratique le théâtre comme un travail de la langue, par les corps, les images, les histoires, où l’acteur prime sur tout le reste. Une conception du monde y transparaît, tantôt douce-amère, tantôt tragi-comique, pessimiste mais nourrie d’espoir.
© Hermann Staudinger
Podcast
Podcast Les Huguenots
"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique
07’
Avec « Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris », nous vous proposons des incursions originales dans la programmation de la saison à la faveur d’émissions produites par France Musique et l’Opéra national de Paris. Pour chacune des productions d’opéra et de ballet, Nathalie Moller pour le lyrique et Jean-Baptiste Urbain pour la danse, vous introduisent, avant votre passage dans nos théâtres, aux œuvres et aux artistes que vous allez découvrir.
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En partenariat avec France Musique
© Elena Bauer / OnP
Article
Éternel retour
Entretien avec Andreas Kriegenburg, metteur en scène des Huguenots
04’
Les Huguenots est l’une des œuvres emblématiques du grand opéra à la française. En tant que telle, elle adopte un sujet historique. Or vous avez pour ambition de donner une résonance actuelle et universelle à cet ouvrage. Comme procédez-vous ?
Sur fond d’événements historiques, l’opéra de Meyerbeer présente également une histoire d’amour, celle de Raoul et de Valentine. Comment entremêlez-vous cette histoire à la grande Histoire ?
En choisissant une scénographie épurée, vous semblez mettre à distance la couleur historique. Pouvez-vous revenir sur ce choix ?
06:07’
Vidéo
Marguerite de Valois, entre amour et politique
Entretien avec Lisette Oropesa
Sous mon servage, on ne s’engage qu’à rendre hommage au dieu d’amour. Telle pourrait être la devise de Marguerite de Valois au début de son règne. Après son mariage avec Henri de Navarre, la jeune reine tente d’unir Raoul et Valentine pour réconcilier les catholiques et les protestants. D’abord animée par la flamme de sa jeunesse, Marguerite se mue en politicienne au cours de cet opéra épique de Giacomo Meyerbeer, entre rivalités religieuses, trahison et guerre de pouvoir. Lisette Oropesa livre ses impressions sur ce rôle exigeant et sur la mise en scène, signée Andreas Kriegenburg.
© BnF / BmO
Article
Dix anecdotes sur « Les Huguenots »
Le jour où l’opéra de Meyerbeer fut créé
04’
Parce qu’il a grandement contribué à définir les contours d’un genre – le Grand Opéra – Les Huguenots est l’une des œuvres les plus importantes dans l’histoire de l’Opéra de Paris. Mais connaissez-vous cette œuvre qui, après un succès colossal et ininterrompu a été éclipsée pendant près d’un siècle ?
MÉTISSAGE CULTUREL
Giacomo Meyerbeer est né en Allemagne en 1791, dans la région de Berlin. Après des débuts remarqués à Darmstadt puis à Vienne, il connaît le succès en Italie, composant dans le style de Rossini qu’il considère comme son maître. Il vient ensuite à Paris où, en trois opéras, il devient le compositeur le plus joué du XIXe siècle.
DIABOLIQUE
PEUR DE L’ÉCHEC
Le triomphe de Robert le Diable a des conséquences inattendues : il paralysa Meyerbeer qui craignait de ne pas reproduire ce succès et n’eut de cesse de repousser la composition des Huguenots.
RETARD
SCRIBE
OBSTACLES
Les
répétitions des Huguenots furent
houleuses, la partition étant jugée inexécutable. L’œuvre fut finalement créée
le 29 février 1836 dans une mise en scène fastueuse qui coûta 160 000 francs,
chiffre astronomique pour l’époque.
SUCCÈS
POLÉMIQUE
L’opéra met en scène une histoire d’amour sur fond des tensions religieuses qui aboutirent au massacre de la Saint-Barthélemy. Le sujet des conflits religieux étant sensible, l’action fut souvent transposée afin que l’opéra puisse être joué à l’étranger. Il fallut attendre 1848 pour que la censure relâche son emprise et que l’ouvrage soit plus fidèlement représenté.
VOIX
MÉLODIE CONTINUE
Berlioz, qui chronique la création, note entre autres innovations musicales, l’apparition d’une forme intermédiaire entre l’air et le récitatif : il s’agit des prémices de la mélodie continue que développera par la suite l’opéra wagnérien.
Mécènes et partenaires
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Avec le soutien du Cercle Berlioz
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Avec le soutien de The American Friends of the Paris Opera & Ballet
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Avec le soutien de Florence Gould Artists Fund
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Mécène des actions de l’Opéra en faveur des jeunes et des avant-premières
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Mécène des retransmissions audiovisuelles de l’Opéra
Ce spectacle fait l’objet d’une captation réalisée par Andy Sommer, coproduite par l’Opéra national de Paris et Act4 Productions, avec la participation de France 3, avec le soutien du CNC et de la Fondation Orange, mécène des retransmissions audiovisuelles de l’Opéra national de Paris. Ce spectacle sera retransmis en direct sur Culturebox le 4 octobre 2018 à 18h. Il sera également retransmis le même jour en direct avec le concours de Fra Cinéma, dans les cinémas UGC, dans le cadre de leur saison « Viva l’Opéra ! » et dans des cinémas indépendants en France et dans le monde entier. Il sera retransmis ultérieurement sur France 3.
France Musique diffusera Les Huguenots le 21 octobre à 20h dans l’émission de Judith Chaine : Dimanche à l’Opéra ».
Partenaires médias et techniques
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Coproducteur de la captation
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Partenaire
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Distributeur TV international
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