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Guergana Damianova / OnP

Guergana Damianova / OnP

Opéra

La Bohème

Giacomo Puccini

Opéra Bastille

du 12 septembre au 14 octobre 2025

2h30 avec 1 entracte

Synopsis

Écouter le synopsis

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Avant de se voir en haut de l’affiche, combien d’artistes ont connu la misère ? L’écrivain Henri Murger sait de quoi il parle lorsqu’il rédige ses Scènes de la vie de bohème, chronique d’une jeunesse qui peint des toiles ou trousse des vers dans d’humbles mansardes en attendant la gloire.

Mais la jeunesse, aussi pauvre soit-elle, n’a qu’un temps : Giacomo Puccini en a bien conscience, qui, en adaptant le roman de Murger, offre à son opéra La Bohème, créé en 1896, une musique poignante, débordant de nostalgie. En embellissant le passé, il donne d’autant plus de prix – celui de l’éphémère – aux amours du poète Rodolphe et de la grisette Mimi.

Cette nostalgie est précisément au cœur de la mise en scène de Claus Guth qui situe les personnages dans l’espace, comme pour mieux révéler la distance qui nous sépare des souvenirs.

Durée : 2h30 avec 1 entracte

Langue : Italien

Surtitrage : Français / Anglais

Voir les actes

Détail des actes

Première partie

Acte 1
Jour 126 – 40°45’53’’N 74 – Expédition en péril – perdu le cap – réacteurs en panne – ressources vitales quasiment épuisées – nous travaillons sans répit – le temps est compté – l’eau rationnée – vie suspendue aux dernières réserves d’oxygène – combat permanent contre l’obscurité et le froid – journées de plus en plus pénibles – derniers restes d’humour – activons notre imagination – faisons resurgir le temps depuis longtemps révolu.

Rodolfo, Marcello, Schaunard et Colline. L’ambiance est morose. Il fait froid et il n’y a plus rien à manger. Schaunard trouve pourtant quelques restes ; alors tous, dans un flot de paroles, se mettent à évoquer leurs souvenirs de la belle vie. Les quatre amis, ayant retrouvé leur bonne humeur, se remémorent une soirée passée au Quartier latin, dans leur café habituel. Alors qu’ils évoquent leur ancien propriétaire, Benoît, celui-ci apparaît soudain. Ils engagent la conversation avec lui. Puis il disparaît comme il est venu. Colline, Schaunard et Marcello laissent Rodolfo seul un instant. Mimi apparaît, une quinte de toux la secoue... Leurs mains se touchent dans la pénombre... Ils se rapprochent. Rodolfo demande à Mimi de rester auprès de lui.

Acte 2
Jour 129 – 41°43’63’’N 54 – Situation désespérée – succession d’états de sommeil et de veille – Mimi est revenue – dans cette capsule spatiale la réalité s’estompe – délire – Mimi, toujours Mimi – telle un rêve fantomatique – en rêvant il nous arrive de retourner dans notre passé – les heures les plus heureuses de nos vies nous reviennent – instants d’exubérance et d’extase.

Rodolfo et Marcello se voient submergés par des impressions sensorielles diverses : la foule des gens, les couleurs, les parfums de la rue. L’ambiance de la ville envahit tout l’espace. Ils se retrouvent dans leur café habituel, en compagnie de Mimi, Colline et Schaunard. Dans une ambiance euphorique, Rodolfo, très amoureux de sa Mimi, lui achète une coiffe. Musetta, l’ancienne maîtresse de Marcello, arrive accompagnée de son nouvel amant Alcindoro. Marcello, tombé sous le charme, ne peut plus détacher ses yeux de cette vision. Elle fait payer l’addition à Alcindoro et revient auprès de Marcello. Passe une fanfare militaire irritante, qui attire l’attention de Rodolfo. Puis l’apparition, comme par enchantement, disparaît.

Deuxième partie

Acte 3
Jour 132 – 45°47’73’’N 57 – Impossible de poursuivre le voyage – atterrissage forcé – notre dernier refuge perdu – tentatives de contact infructueuses – tas géants de poussière partout – brouillard épais – tous les contours se brouillent – nous sommes à la merci du néant – le temps nous est compté – Mimi... – si seulement je pouvais toucher son visage encore une fois...

Le temps a passé. Tout est envahi par le froid, la neige, le vide, l’isolement. Au loin, on entend les douaniers qui contrôlent paysans et laitières. L’un après l’autre, se profilent les personnages familiers. Mimi arrive. Elle se confie à Marcello : la jalousie de Rodolfo lui fait vivre un enfer. À son tour, Rodolfo se confie à Marcello et lui dit la vérité : Mimi souffre de la tuberculose, elle est très malade. Il ne peut lui offrir que des conditions de vie misérables, s’ils restaient ensemble, elle en mourrait. Accablé par sa douleur, il décide de se séparer d’elle. Les deux amants se quittent. Mais le souvenir des jours heureux perdure.

Acte 4
Jour 159 – 46°77’75’’N 69 – Terminus – où sommes-nous – plus de contact – la mort a fait son entrée – Schaunard et Colline ont déjà perdu le combat – solitude totale – acceptation de la situation – je suis très calme – délires fiévreux – cauchemars – ma vie repasse en images isolées, comme sur une scène – plus beaucoup de temps – mais Mimi est toujours là.

Encore une fois, le temps a passé. Marcello et Rodolfo, qui s’efforcent de surmonter leur deuil pour continuer à vivre, sont possédés par l’idée de l’amour, des femmes, de la bonne chère, de la vie passionnée. Schaunard et Colline apparaissent et tous s’engagent dans un jeu grotesque : ils improvisent, se passionnent, se battent puis se relèvent pour se délecter d’un repas somptueux. Une bouteille d’eau devient champagne, un hareng devient un poisson exquis. Réapparaît alors Musetta avec Mimi, mourante. Désolés, les autres finissent par laisser seuls Rodolfo et Mimi qui se souviennent de leur première rencontre, du temps de leur bonheur, et se promettent de ne plus jamais se quitter. Mais Rodolfo doit laisser partir Mimi ; il est seul.

Artistes

Opéra en quatre tableaux (1896)

D’après Henry Murger, Scènes de la vie de bohème

Équipe artistique

Distribution

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris
Avec la Maîtrise populaire de l’Opéra-Comique

Galerie médias

LA BOHÈME de Giacomo Puccini - TRAILER
LA BOHÈME de Giacomo Puccini - TRAILER
  • L'Opéra vu par les enfants, avec Nicole Car et Étienne Dupuis

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L'Opéra vu par les enfants, avec Nicole Car et Étienne Dupuis

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2:52 min

L'Opéra vu par les enfants, avec Nicole Car et Étienne Dupuis

Par Ming Fai Sham Lourenco

L'Opéra vu par Léonie, Luis et Paul. Découvrez leur réactions étonnantes face aux décors de La Bohème de Puccini en compagnie de Nicole Car et Etienne Dupuis en ce moment à l'Opéra Bastille du 12 septembre au 14 octobre.  

© Monika Rittershaus/OnP

On a embarqué dans la navette spatiale de la Bohème de Puccini

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08 min

On a embarqué dans la navette spatiale de la Bohème de Puccini

Par Usbek & Rica

Comment revisiter l’un des opéras les plus joués au monde ? En le projetant dans le futur. La Bohème de Puccini – qui jouera à l’Opéra de Paris du 12 septembre au 14 octobre prochains – invoque les amours perdues de Mimi et Rodolfo dans une onirique épopée spatiale. On en a discuté avec les metteurs en scène Claus Guth et Sébastien Guèze, qui a monté et joué dans une Bohème tout aussi futuriste, diffusée sur France Télévisions.

En 2025, qu’est-il devenu de la bohème ? Ce mouvement a longtemps été associé à une jeunesse candidate à la pratique des arts, vivant chichement d’amour et d’eau fraîche sous les toits de Paris. « La bohème n’a rien et vit de tout ce qu’elle a », écrit Balzac dans sa nouvelle Un prince de la bohème. Ses jeunes praticiens font alors déjà l’objet de pastiches. Si au XXIe siècle, elle continue à être régulièrement représentée au cinéma et à la télévision pour transcrire un Paris romanesque, dans les faits, elle traduit aujourd’hui davantage une réalité bourgeoise. Cette obsession dans nos imaginaires culturels à propos de la bohème est un héritage du chef d’œuvre de Puccini, créé en 1896.

Le compositeur italien aspire alors à immortaliser ses jeunes années auprès d’artistes désargentés et révoltés et trouve un écho parfait dans les Scènes de la vie de bohème d’Henry Mürger qui raconte les amours contrariées du poète Rodolphe et de la cousette Mimi. Ces amants sans le sou préfèrent, comme leurs amis Marcello et Musette, se réchauffer en fréquentant les fêtes, le cabaret et en s’aimant. L’issue ? Évidemment tragique. Après s’être séparés un temps, nos deux héros se retrouvent. Elle expire, choisissant l’amour à la sécurité d’un riche protecteur. 

Les images véhiculées par le livret de la Bohème correspondent « à quelque chose qui n’existe plus depuis longtemps, à un Disneyland culturel ». Claus Guth, metteur en scène

L’œuvre rencontre un succès quasi immédiat et devient l’un des plus grands tubes de l’histoire de l’opéra. Tous les ans, La Bohème continue d’attirer des millions de spectateurs dans les salles. En 2023, elle a été jouée à 782 reprises dans le monde, soit une moyenne de plus de deux fois par jour. Difficile à priori de renouveler le genre. C’est pourtant ce qu’ont entrepris le ténor et metteur en scène Sébastien Guèze ainsi que le metteur en scène Claus Guth.

Vers l’espace et le souvenir

« Lorsqu’on m’a proposé de monter la Bohème, j’ai un peu traîné des pieds », se souvient-il amusé. « J’aime profondément la musique de Puccini, mais l’histoire est un tissu de clichés ». Pour Claus Guth, il ne s’agit pas d’artistes désargentés, circonscrits à dépérir dans leur grenier et à ne jamais connaître la gloire. Les images véhiculées par le livret de la Bohème correspondent « à quelque chose qui n’existe plus depuis longtemps, à un Disneyland culturel ».

La Bohème (saison 25/26)
La Bohème (saison 25/26) © Monika Rittershaus/OnP

Les yeux fermés, le metteur en scène écoute encore et encore l’opéra. « Au début, c’était une blague, mais j’ai dit à Stéphane Lissner – directeur de l’Opéra de Paris à l’époque, ndlr – qu’il sonnait plutôt comme si on flottait l’espace. Si vous ne vous préoccupez pas du texte, [l’œuvre de Puccini] évoque plutôt le pouvoir de l’amour et de l’imagination ». Claus Guth se plonge alors dans une lecture du roman d’origine, Les scènes de la vie de bohème d’Henry Mürger. « En fait, il s’agit surtout d’hommes qui se souviennent de leur jeunesse. Ils idéalisent le passé et leurs souvenirs », poursuit-il.

De là, il imagine déplacer l’action « dans un monde où Paris n’existe probablement plus, ravagé par une guerre atomique ou une crise climatique ». Dans la mise en scène de Claus Guth, Rodolfo et Marcello vivent leurs dernières heures dans un vaisseau spatial en dérive. Les personnages se perdent régulièrement dans la contemplation d’une planète lointaine, la Terre. « Jour 126. Perdu le cap. Dernières réserves épuisées. Mimi revenue », peut-on lire dans le journal de bord tenu par le cosmonaute Rodolfo, projeté au-dessus de la scène.

Mourir du manque d’eau fraîche en 2050

Dans sa version, La Bohème 2050, diffusée sur les ondes cathodiques de France TV, Sébastien Guèze propulse nos protagonistes dans les allées du Château de Versailles, devenu un refuge contre le réchauffement climatique. « Les jeunes qui autrefois, mouraient de froid sous les toits de Paris périssent désormais de chaud », explique le ténor et metteur en scène qui rappelle aussi avec son interprétation le caractère profondément universel des enjeux abordés par les livrets d’opéra : « Ils racontent l’amour, les inégalités sociales, la quête de liberté, la jeunesse ».

Et cette universalité rime aussi avec avant-garde, souligne-t-il : « La Traviata (adaptée de La Dame aux Camélias de Dumas fils, ndlr) invoque au XIXe siècle un sujet peu ou pas du tout traité, la prostitution tandis que Carmen met en scène une femme farouchement libre ». Le parti-pris de Sébastien Guèze ne déroge pas à cette tradition futuriste, imaginant une Bohème qui interroge brillamment les effets de la crise environnementale et les dérives du technosolutionnisme. L’un des personnages prend même la forme d’une intelligence artificielle.

« Lorsque vous n’avez pas suffisamment d’oxygène pour respirer, le cerveau commence à délirer » Claus Guth, metteur en scène

Ce faisant, il pousse l’exercice plus loin en faisant le pari de monter un opéra décarboné (à 80%). « L’idée de cette œuvre est de présenter un futur désirable et cela passait par cette expérimentation ». Pour changer les imaginaires, il faut les expérimenter, les ancrer dans la réalité : « La sobriété, travailler avec des ressources limitées, se conjugue aussi avec une liberté de création, je crois. Mozart vivait après tout dans un monde décarboné et ça ne l’a pas empêché de composer des œuvres sublimes qui ont traversé les siècles ». Et effectivement, ce pari écologique ne dépare pas la beauté d’un opéra-film aux accents certes apocalyptiques mais furieusement optimistes.

Pas de deux et pas de côté

Si La Bohème de Sébastien Guèze ancre son intrigue dans les élans de la jeunesse, celle de Claus Guth explore l’autre versant de la vie. « Tout ce qui reste à Rodolfo et Marcel, explique-t-il, ce sont leurs souvenirs ». Dans un décor en noir et blanc et pastel, leurs amantes Mimi et Musetta apparaissent en couleurs vives. « Lorsque vous n’avez pas suffisamment d’oxygène pour respirer, le cerveau commence à délirer ». Pour le metteur en scène, lorsque Mimi apparaît dans le premier acte, « c’est un souvenir de Rodolfo ». En grand fan des films qui se déroulent dans l’espace, Claus Guth rend hommage à ces scènes où l’être aimé apparaît devant le cosmonaute, à l’instar de Solaris de Tarkovski (1972). 

Il réussit également le tour de force de convoquer à la fois les plus belles minutes du cinéma spatial – 2001, l’odyssée de l’espace compris – et du cinéma tout court, en associant en vrac un strip-tease à la Gilda, un dragon doré… et la sortie extravéhiculaire d’un cosmonaute. Le rideau du IIIe acte se lève sur un cratère de lune. Çà et là, des débris de navette. Les réacteurs sont enfoncés dans le sable lunaire tandis que sous la neige, les cosmonautes évoluent péniblement. Sublime.

La Bohème (saison 25/26)
La Bohème (saison 25/26) © Monika Rittershaus/OnP

Au-delà de créer des images d’une beauté littéralement intersidérale, le pas de côté dramaturgique de Claus Guth, qui fixe l’action dans l’espace, permet aussi d’interroger un futur aux ressources restreintes. Lorsqu’ils chantent un vin délicieux, la réalité montre les protagonistes se repaître de maigres gouttes d’eau. Les mets, ils doivent les partager. « C’était déjà dans le texte d’origine. Quand ils parlent de champagne, il s’agit en fait d’une piquette. Il fallait simplement le porter plus loin ».

Dans un monde qui va à vau-l’eau, qu’est-ce qui devient précieux, interrogeait déjà l’œuvre de Puccini. « Les arts, l’amour, la gloire ? Qu’est-ce qui est important quand tout s’effondre ? », abonde Claus Guth. « Je suggère, le spectateur dispose ». Et c’est là toute la saveur des revisites de nos tubes culturels. Nous faire rêver, nous interloquer, nous bousculer, nous faire réfléchir et aussi peut-être en embuscade, nous émouvoir…

© Guergana Damianova / OnP

La Bohème mise en orbite

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Entretien avec Ailyn Pérez, Sandra Westphal et Nicolas Beaud

8:57 min

La Bohème mise en orbite

Par Isabelle Stibbe

Rencontre avec la soprano Ailyn Pérez qui évoque le rôle de Mimi qu'elle a interprété en 2023, la cheffe de chant Sandra Westphal qui explique l’histoire de La Bohème, et Nicolas Beaud, chef du service Lumière à Bastille, qui revient sur les LED insérées dans un élément de décor spectaculaire : la navette spatiale.  

Mimi, muse bohème

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Entretien avec Nicole Car

5:19 min

Mimi, muse bohème

Par Marion Mirande

Sensible et amoureuse, Mimi de La Bohème est l’une des grandes héroïnes pucciniennes.

La soprano Nicole Car retrouve avec enthousiasme le rôle dans la production de Claus Guth – sommet de poésie et d’originalité – qu’elle a créée en 2017.

Une réunion aussi passionnante qu’elle promet d’être, une fois encore, bouleversante.

© Matthieu Pajot / OnP

Dessine-moi La Bohème

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Une minute pour comprendre l’intrigue

1:36 min

Dessine-moi La Bohème

Par Matthieu Pajot

© Sotheby's / AKG images

L’esprit bohème

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Le chef-d’œuvre méconnu d’Henri Murger

06 min

L’esprit bohème

Par Tristan Bera

À l’occasion de la mise en scène futuriste de Claus Guth créée pour l’Opéra de Paris, retour sur les Scènes de la vie de bohème, l’œuvre, trop peu connue, d’Henri Murger, qui a inspiré à Puccini l’un de ses plus beaux opéras.


D’abord paru en feuilleton à partir de 1845 dans Le Corsaire Satan, puis créé au Théâtre des Variétés en 1849, Scènes de la vie de bohème devient un roman en 1851 sous l’impulsion de l’éditeur Michel Lévy, trop content de prolonger le succès commercial remporté par la pièce, et avec l’assentiment de l’auteur, trop content lui-même de signer un nouveau contrat lui assurant à court terme quelque argent supplémentaire. Car, à l’instar du poète Rodolphe, du musicien Schaunard ou du peintre Marcel - ses personnages - Henri Murger est bien un bohème.

C’est directement dans les épisodes de son existence que Murger puise la matière première de son roman, faisant ainsi de son opus un exemple avant la lettre d’autofiction. Fils de tailleur, orphelin de mère, autodidacte, mauvais en latin comme on dit fort en thème, il est d’abord peintre et poète avant de fréquenter les rédactions de presse en plein essor au milieu du XIXe siècle (on pense aux Illusions perdues de Balzac) et de se consacrer à l’écriture en prose.

Sur les conseils d’un ami journaliste, dans le but de lancer sa carrière et par fantaisie littéraire, il transforme son patronyme en Henry Mürger en anglicisant le prénom et germanisant le nom. En 1841, il fonde les Buveurs d’eau, un collectif informel d’artistes aux idéaux romantiques, qui siège dans le quartier de la Nouvelle-Athènes à Paris, précisément rue de la Tour-d’Auvergne. Le nom de cette association d’entraide et de solidarité entre créateurs sans le sou et sans mécène provient de ce qu’ils se réunissent le plus souvent autour d’une carafe d’eau. Le chapitre intitulé « L’Écu de Charlemagne » dans le roman est une retranscription à peine voilée de ce qu’ont pu être ces réunions, fêtes improvisées sous la mansarde, éclairées aux bouts de chandelle. où se succèdent numéros, récitals et lectures avec une économie de moyens forcée. Dans le cénacle de la bohème, la pauvreté côtoie l’esprit d’invention le plus poétique.

Henri Murger (1822 – 1861)
Henri Murger (1822 – 1861) © AKG images / Imagno / Pierre Petit

Mais au fond de quoi la bohème est-elle le nom ? Car si le roman est une autofiction, il est aussi un vivant portrait sociologique d’une frange spécifique de la population parisienne. En effet, « la bohème n’existe et n’est possible qu’à Paris ». Le terme n’est pas précisément inventé par Murger, il est attesté dès 1830. Dérivant de Bohême, la région d’Europe centrale, et désignant un voyageur nomade, rom ou tzigane, le terme évolue sous la plume de Balzac, qui en modifie l’orthographe en accentuant bohème comme poème, pour qualifier un type marginal mis au banc de la société par son caractère inclassable, transgressif, voire monstrueux.

Les artistes parisiens, inconnus ou plutôt non reconnus, deviennent les bohémiens de l’époque et les figurants de la société médiatique que les journaux, revues et organes de presse sont en train de fonder. En 1837, George Sand, qui a contribué à la mythification romantique du quartier de la Nouvelle-Athènes, proclame, dans La Dernière Aldini, « Vive la bohème ! ».

Pourquoi Paris concentre-t-elle la plus grande bohème ? Capitale du XIXe siècle, la Ville Lumière est la métropole culturelle par excellence où non seulement les provinciaux mais aussi les étrangers viennent tenter leur chance. La société en pleine transformation industrielle et cristallisation capitaliste connaît une première inflation, inouïe, de l’offre culturelle par rapport à la demande locale. De fait, cette loi bien connue du marché condamne une population d’artistes à la misère temporaire ou fatale. La bohème est un corridor à trois voies (la mansarde, le café et la rue) qui mène à la gloire ou dans le caniveau.

Murger, à la suite de ces illustres défricheurs, en véritable insider, devient le chroniqueur du milieu, « l’historien ordinaire de l’épopée bohème ». Mixant les registres lyrique, épique, tragique, ironique ou pathétique, la préface du roman est pour ainsi dire fondatrice du phénomène, en en consacrant définitivement la terminologie et la définition : « La Bohème, c’est le stage de la vie artistique ; c’est la préface de l’Académie, de l’Hôtel-Dieu ou de la Morgue ».

La mixité de la phraséologie de Murger, entre romantisme parodique et réalisme sociologique, entre culture académique ou aristocratique et pop culture, rend l’œuvre éminemment contemporaine. Si le vocabulaire vernaculaire estampillé 1830 nécessite par moment d’être traduit en bas de page, les situations de précarité, misérables, auxquelles font face les artistes, et les ressources, étincelantes, dont ils font preuve pour s’en sortir, semblent résolument intemporelles depuis l’avènement de la société médiatique.

Rodolfo et Mimi, Marcello et Musetta dans la rue (acte III). Série d’illustrations pour La Bohème, Puccini, 1905
Rodolfo et Mimi, Marcello et Musetta dans la rue (acte III). Série d’illustrations pour La Bohème, Puccini, 1905 © AKG images

Le succès de la pièce de théâtre de Murger est indéniable. Pour preuve, en 1849, le Prince-Président, futur Napoléon III, assiste même à la première représentation. Malgré tout, le roman, encore trop peu lu, et le nom de Murger, mort dans la misère à l’âge de trente-neuf ans, ne connaissent pas la même gloire.

L’opéra de Giacomo Puccini fut représenté pour la première fois à Paris en 1898 à l’Opéra-Comique en version française, sous le titre de La Vie de bohème. Aujourd’hui, le livret, inspiré de la version théâtrale des « Scènes » et écrit par Giuseppe Giacosa et Luigi Illica, a occulté l’œuvre littéraire et annexé toute la reconnaissance critique et populaire.

Pourtant, il a simplifié l’intrigue du roman, qui, en décrivant la vie de bohème par épisodes, traçait une cartographie artistique de Paris absolument nouvelle et radicale. Plus encore que les romans d’apprentissage de Balzac, Flaubert, Maupassant et Zola, ou les recueils et les destins des poètes maudits, le livre de Murger est un vade-mecum à remettre à tout(e) artiste qui débute dans une métropole, puisqu’il s’adresse à « qui entre dans les arts, sans autre moyen d’existence que l’art lui-même » : la bohème est un passage obligé.

  • LA BOHÈME by Giacomo Puccini - Rodolfo "Chi son" (Charles Castronovo)
  • LA BOHÈME by Giacomo Puccini "Mi chiamano Mimi" (Nicole Car)
  • LA BOHÈME by Giacomo Puccini "O Mimì, tu più non torni" (Charles Castronovo & Étienne Dupuis)
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  • La Bohème (saison 25/26) - Chi son

  • La Bohème (saison 25/26) - Acte 3 - Donde lieta usci al tuo grido

  • La Bohème (saison 25/26) - Acte 4

  • La Bohème (saison 25/26) - Acte 1 - Oh sventata, sventata

  • La Bohème (saison 25/26) - Acte 1 - Si Mi chiamano Mimi

La presse en parle

  • Cette Bohème intergalactique a le charme d’un rêve aussi puissant que jubilatoire

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Après Rigoletto et Lohengrin, Claus Guth signe en 2017 avec La Bohème sa troisième mise en scène pour l’Opéra national de Paris. Loin de Paris et de son Quartier latin, il transpose l’action de l’opéra de Puccini dans l’infini de l’espace où tout est en suspens. Dans un vaisseau spatial en perdition, face à un avenir menacé, les personnages sont confrontés au souvenir d’un temps disparu auquel ils tentent de s’accrocher pour rester vivants.

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À l’Opéra Bastille
  • Ouverture une heure avant le début et jusqu’à la fin des représentations
  • Accessible depuis les espaces publics du théâtre
  • Renseignements 01 40 01 17 82

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La Bohème

La Bohème dans l’espace

Non, je ne vous parle pas de Gravity — mais bien de l’opéra de Puccini. La saison prochaine, la mise en scène de Claus Guth installe La Bohème dans une station spatiale.

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