Emma Birski / OnP

Opéra

L'Élixir d'amour

Gaetano Donizetti

Opéra Bastille

du 28 septembre au 09 novembre 2021

L'Élixir d'amour

Opéra Bastille - du 28 septembre au 09 novembre 2021

Synopsis

« Je suis obligé de mettre en quatorze jours un livret en musique. Je t’accorde une semaine pour me préparer le livret. Nous verrons qui a le plus de courage de nous deux. » Cette injonction de Donizetti à son librettiste Romani lance la composition de L’Élixir d’amour, sans doute le chef-d’oeuvre comique du compositeur italien. La facétieuse production de Laurent Pelly transpose ce melodramma giocoso dans l’Italie des années 1960 avec bottes de foin et vespas. La mise en scène est un savant mélange de fantaisie et de poésie, de l’arrivée vrombissante du docteur Dulcamara à la très célèbre romance de Nemorino pour Adina. Cette production de L’Élixir d’amour, opéra belcantiste par excellence, est devenue un grand classique de l’Opéra national de Paris.

Durée :

Langue : Italien

Surtitrage : Français / Anglais

  • Ouverture

  • Première partie 75 min

  • Entracte 30 min

  • Deuxième partie 60 min

  • Fin

Voir les actes et les personnages

PERSONNAGES

Adina : Riche propriétaire terrienne, capricieuse mais instruite, qui lit à ses paysans l’histoire de Tristan et Iseut
Nemorino : Jeune villageois naïf et timide, amoureux
Belcore : Fringant militaire, suffisant et sûr de lui, bien décidé lui aussi à conquérir Adina
Dulcamara : Charlatan ambulant qui prétend vendre (entre autres remèdes miraculeux) un élixir d’amour
Giannetta : Jeune paysanne du village, très intéressée par Nemorino lorsqu’elle apprend qu’il est devenu riche

PREMIER ACTE

Un village au temps des moissons. C’est l’heure de la sieste. Nemorino admire de loin, comme tous les jours, la belle Adina. Adina, qui s’intéresse aux arts, lit la légende de Tristan et Iseut et s’amuse beaucoup de l’histoire du philtre d’amour. Elle fait même la lecture aux paysans. Arrive le sergent Belcore, le bien nommé, à la tête d’un escadron. Au cours d’une scène de séduction en public, il propose le mariage à Adina. La jeune femme demande à réfléchir et, en attendant, le reçoit chez elle pour lui offrir à boire. Nemorino, blessé, ouvre son coeur, il veut même mourir, mais Adina le décourage. Elle est inconstante, elle ne veut pas l’aimer. Survient le docteur Dulcamara, un bonimenteur. Il vend un élixir magique guérissant tous les maux, des rides au diabète et jusqu’à la paralysie. Nemorino a une idée : le camelot doit sûrement posséder le philtre de la reine Iseut. Dulcarama, ravi de trouver un pareil naïf, confirme. Il vend à Nemorino un flacon de Bordeaux et lui promet un effet certain en vingt-quatre heures (le temps, pour lui, de quitter le village...). Nemorino, fou de joie, teste le breuvage et finit la bouteille. Croyant ressentir les premiers effets du philtre, et certain de l’amour prochain d’Adina, Nemorino feint l’indifférence vis-à-vis d’elle. Piquée au vif, Adina accepte alors d’épouser Belcore dans six jours. Nemorino ne s’inquiète pas. Demain, le philtre agira. Mais un contretemps oblige Belcore à partir à la guerre dès le lendemain. Adina décide donc d’épouser le militaire sur-le-champ. Dessoûlé, Nemorino la supplie d’attendre. Mais la fermière, vexée, invite tout le village à la noce. Nemorino est fou de douleur.

DEUXIÈME ACTE

C’est la fête du mariage. On boit, on s’amuse, on chante. Nemorino n’est pas venu, ce qui déçoit Adina. Tous sortent pour signer le contrat de mariage et laissent Dulcamara seul, devant le buffet. Arrive Nemorino, au bord du suicide. Dulcamara lui conseille de reprendre un peu d’élixir. Mais Nemorino n’a plus d’argent et se décide à devenir soldat dans la troupe de Belcore pour se payer une nouvelle bouteille de Bordeaux magique. Les filles du village ont appris la mort de l’oncle de Nemorino. Il hérite, il sera riche. Elles trouvent le jeune homme soudain très séduisant et sont très aimables avec lui. « C’est l’élixir ! » pense le paysan qui a fini la deuxième bouteille. Adina, voyant le succès de Nemorino et apprenant qu’il a voulu s’engager pour gagner son amour, se laisse enfin toucher elle aussi par les sentiments. Dulcamara lui propose un peu d’élixir mais Adina ne se fie qu’au pouvoir de ses yeux. Nemorino, qui a vu le trouble d’Adina, est heureux. Adina rend à Nemorino sa feuille d’engagement, qu’elle a rachetée à Belcore, puis tombe dans ses bras. Belcore se console en se disant que le monde est plein d’autres femmes. On s’arrache l’élixir de Dulcamara, cet élixir merveilleux qui vous donne et l’amour et l’argent.

Artistes

Melodramma giocoso en deux actes (1832)

D'après Eugène Scribe pour Le Philtre d'Auber

Équipe artistique

Distribution

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Coproduction avec le Royal Opera House, Covent Garden, Londres

Galerie médias

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© Emilie Brouchon / OnP

Podcast L'Élixir d'amour

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"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique

07 min

Podcast L'Élixir d'amour

Par Charlotte Landru-Chandès

Avec « Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris », nous vous proposons des incursions originales dans la programmation de la saison à la faveur d’émissions produites par France Musique et l’Opéra national de Paris. Pour chacune des productions d’opéra et de ballet, Charlotte Landru-Chandès pour le lyrique et Jean-Baptiste Urbain pour la danse, vous introduisent, avant votre passage dans nos théâtres, aux œuvres et aux artistes que vous allez découvrir.     

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Une minute pour comprendre l’intrigue

1:42 min

Dessine-moi L'Élixir d'amour

Par Octave

« Je suis obligé de mettre en quatorze jours un livret en musique. Je t’accorde une semaine pour me préparer le livret. Nous verrons qui a le plus de courage de nous deux. » Cette injonction de Donizetti à son librettiste Romani lance la composition de L’Élixir d’amour, sans doute le chef-d’oeuvre comique du compositeur italien. La facétieuse production de Laurent Pelly transpose ce melodramma giocoso dans l’Italie des années 1960 avec bottes de foin et vespas. La mise en scène est un savant mélange de fantaisie et de poésie, de l’arrivée vrombissante du docteur Dulcamara à la très célèbre romance de Nemorino pour Adina. Cette production de L’Élixir d’amour, opéra belcantiste par excellence, est devenue un grand classique de l’Opéra national de Paris.

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"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique

08 min

Podcast L'Élixir d'amour

Par Nathalie Moller, France Musique

Avec « Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris », nous vous proposons des incursions originales dans la programmation de la saison à la faveur d’émissions produites par France Musique et l’Opéra national de Paris. Pour chacune des productions d’opéra et de ballet, Nathalie Moller pour le lyrique et Jean-Baptiste Urbain pour la danse, vous introduisent, avant votre passage dans nos théâtres, aux œuvres et aux artistes que vous allez découvrir.  

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Qui m'aime me suive

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Entretien avec Lisette Oropesa

5:44 min

Qui m'aime me suive

Par Simon Hatab

Après avoir triomphé dans Les Huguenots, Lisette Oropesa revient à l’Opéra avec la prise de rôle attendue d’Adina dans L’Élixir d’amour. L’occasion pour la soprano de nous entretenir de son rapport à ce personnage si fier et attendrissant, et à la vérité du sentiment que Laurent Pelly recherche dans sa mise en scène.    

L'amour est-il un philtre ?

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Regard sur L'Elisir d'amore

12 min

L'amour est-il un philtre ?

Par Tobie Nathan, Simon Hatab

C'est Donizetti - et à travers lui ce charlatan Dulcamara – qui avait raison : les philtres d'amour existent ! Et quand c'est un ethnopsychiatre aussi délicieux que Tobie Nathan qui nous l'affirme, on aurait tort de ne pas le croire.

Pour commencer cet entretien, je voudrais relever un paradoxe qui m'intrigue : vous exercez la fonction très sérieuse d'ethnopsychiatre et vous n'en avez pas moins intitulé votre livre Philtre d'amour. Comment le rendre amoureux ? Comment la rendre amoureuse ?

Tobie Nathan : Il y a une idée qui court depuis des siècles selon laquelle l’amour naîtrait naturellement entre deux êtres, charmés par leurs corps harmonieux, leurs doux visages ou leurs belles âmes. Le postulat du philtre d'amour, qui est à la fois le point de départ de mes recherches et celui de l'opéra de Donizetti, c’est affirmer le contraire : le désir de l'autre peut être déclenché par une action délibérée. Attention, je parle ici moins d'amour que de passion. Il existe deux mots différents en grec pour dire l'amour : Philia et Eros. Philia, c'est l'amour apaisé de ceux qui partagent leur existence depuis vingt ans. Eros, c'est la passion, avec tout ce que cela implique de bonheur mais aussi de souffrance, et c'est cette passion que l'on cherche à déclencher par le philtre. D’ailleurs, remarquez que, dans l'opéra de Donizetti, le créateur de l'élixir se nomme Dulcamara, ce qui signifie doux-amer.

Pensez-vous vraiment que l'on puisse déclencher la passion amoureuse au moyen d'un philtre ?

Tobie Nathan : C’est une idée qui paraîtra provocatrice à certains, délirante peut-être. Mais elle n'en hante pas moins toute notre culture depuis l'Antiquité. Les Grecs avaient une expression pour désigner tout objet qui permettait de manipuler quelqu'un : ils parlaient « d'objets de contrainte ». Si vous trouvez ridicule l'idée qu'un objet permette de contrôler quelqu’un, regardez ce téléphone portable que vous avez posé sur la table : voici un objet que vous gardez en permanence avec vous, qui vous relie à une personne – en vérité à une multitude de personnes ! – et qui vous contraint à de nombreuses actions. Il s'agit d'un objet de contrainte.

À quand remonte l'apparition de ces « objets de contrainte » ?

Tobie Nathan : Dans l’Antiquité, on retrouve des traces de ces fameux objets, souvent des poteries. Les Grecs, que l’on imagine toujours fascinés par la rationalité, croyaient beaucoup en ce type de manipulation : on trouve de nombreux cas de procès où les gens prétendent avoir été victimes d’un de ces objets. Certains accusés allaient jusqu'à être emprisonnés. Les Grecs les avaient sans doute empruntés aux Mésopotamiens qui les avaient eux-mêmes empruntés aux Égyptiens. Il faut dire que ce sont des « techniques », et que la technique est ce qui circule le plus naturellement d’une culture à l’autre. Au Moyen-Âge, ils connaissent une grande fortune. Un dénommé Albert le Grand signe au XIIe siècle un traité très officiel de recettes magiques qui est parvenu jusqu’à nos jours : c’est le genre de livre que l’on trouve encore chez les bouquinistes, sur les quais de Seine. Il contient une recette fameuse pour rendre n'importe qui passionnément amoureux de vous…

Le message publicitaire est en tout point comparable au philtre d’amour, à ceci près qu'il ne dirige plus le désir vers un être mais vers un bien matériel.

C'est sans doute le moment de vous demander la recette d'un de ces fameux philtres…

Tobie Nathan : Oui, bien sûr. Savez-vous ce qu’est une « pomme d’amour » ? Non pas celles que l’on mange dans les fêtes foraines. La vraie pomme d’amour, selon Albert le Grand, celle qui rendra n’importe qui amoureux de vous. Prenez une pomme, coupez-la en deux et évidez-la en son centre. Recueillez trois cheveux de l'être aimé et tressez-les avec trois de vos propres cheveux, puis déposer la tresse au centre de la pomme. Ajoutez-y un papier sur lequel vous inscrivez avec votre sang, votre nom et le nom de la personne que vous aimez. Adressez votre prière à Sheva – sans doute une déformation du nom hébraïque Batsheva ! - puis refermez la pomme et mettez-la au four, de sorte qu’elle cuise comme une pomme de carême. Il vous reste encore à l’activer avec de la myrrhe puis à la placer sous le lit de l’être aimé. La nuit, la pomme libère son essence. En trois jours, cette personne tombera follement amoureuse de vous : Albert le Grand est formel.

Dans L’Elisir d’amore, Dulcamara ne s’embarrasse pas d’autant de précautions...

Tobie Nathan : Peut-être les connaissances de Donizetti étaient-elles quelque peu sommaires en matière de philtres : sa citation de Tristan et Iseut au début de l'opéra est très approximative ! Mais il est néanmoins un aspect de la question qu’il a parfaitement saisi : c’est le principe de « l’activation ». Dans toutes les cultures, l’objet censé rendre amoureux est un automate, un objet inerte auquel il faut insuffler la vie pour qu’il agisse. Or, comment insuffler la vie à un objet ? D'abord par le sang, bien sûr. Mais pas n’importe quel sang : le sang qui est encore actif, la première goutte de sang qui coule et qui contient encore la vie, d’où les sacrifices animaux préconisés dans de nombreuses recettes… Mais lorsqu’on n'utilise pas de sang, on peut recourir à deux autres substances : le parfum – comme chez le Grand – ou le vin, qui est une version symboliquement affaiblie du sang. C’est ce vin de Bordeaux qu’on retrouve dans l’opéra de Donizetti.

À partir de quand cesse-t-on de croire à ces philtres ?

Tobie Nathan : À partir du XIXe siècle, au moment de l’avènement de la publicité de masse. Mais je ne dirais pas qu’on cesse d’y croire. Je dirais plutôt que cette croyance se déplace, elle est phagocytée par la société de consommation. Qu’est-ce que la publicité sinon la volonté de faire naître le désir chez les consommateurs de la façon la plus artificielle du monde ? Pourquoi, lorsque vous vous rendez au supermarché, vous mettez-vous à désirer cette lessive plutôt qu'une autre ? Parce que vous avez été exposé et surexposé aux messages publicitaires ! Or, ce message est en tout point comparable au philtre d’amour, à ceci près qu'il ne dirige plus le désir vers un être mais vers un bien matériel. La publicité dévie les pulsions sexuelles pour les rediriger vers des objets de consommation. En cela, la société dans laquelle nous vivons actuellement détourne une grande partie de notre potentiel sexuel. En réalité, on a prétendu qu’on ne croyait aux objets actifs pour élaborer des formes de manipulation infiniment plus actives. D’ailleurs, Donizetti le sait bien. Son opéra se termine par le triomphe de l’amour, mais le dernier mot revient à Dulcamara, auquel cet heureux dénouement assure une publicité inespérée. Ses derniers mots sont : « Enrichissez-vous ! » C'est la devise de la Monarchie de Juillet ! La société matérialiste est en marche !

Au fond, n'a-t-on pas inventé les philtres d'amour pour combler un manque : parce que nous ne comprenons rien à la nature de nos désirs ?

Tobie Nathan : Il est intéressant que vous parliez de « nature du désir » parce qu'il y a en la matière deux écoles : celle qui se demande ce qu'est le désir et celle qui se demande comment il fonctionne. La première, c'est Platon, qui s'interroge sur le désir et finit par le définir comme un manque. Il n'a pas tort. La passion amoureuse, c'est avant tout la sensation d'un manque : même lorsque je fais l'amour avec l'être aimé, il me manque. On voudrait fusionner mais on ne fusionne pas vraiment. Ce ne sont que des flashs ! La psychanalyse se rangera du côté de Platon. La magie est du côté d’Aristote. Aristote ne s'intéresse pas à la nature de l'amour mais à son fonctionnement, au « comment faire », si vous préférez. C'est de cette seconde tradition que découlent les philtres d'amour, et vous aurez bien sûr compris que c'est cette tradition qui a ma préférence.

En somme, Donizetti est l'héritier des deux...

Tobie Nathan : Absolument, parce qu'on peut faire deux lectures différentes de son opéra. L'Elisir d'amore est aristotélicien si l'on le lit au premier degré et que l'on considère que le philtre de Dulcamara fonctionne, mais il est platonicien si l'on en fait une lecture plus psychologique et que l'on considère qu'Adina commence à s'intéresser à Nemorino lorsqu'il se désintéresse d'elle, lorsqu'elle le perd et qu'il lui manque. D'ailleurs, permettez-moi de m'arrêter encore sur le nom de Nemorino – qui signifie « personne » : c'est par l'amour qu'il devient quelqu'un, qu'il devient lui-même.

À la question « Qui suis-je ? », l'être aimé apporte une réponse : « Tu es celui qui m'aimes. »

N'est-ce pas un peu paradoxal, quand on a plutôt coutume de voir dans l'amour une perte de soi ?

Tobie Nathan : La littérature, peut-être. Mais pas la philosophie. Comme je ne peux me définir moi-même, je suis obligé de me définir par les liens qui m'unissent aux autres. À la question fondamentale « Qui suis-je ? », la philosophie a très tôt répondu par des objets, au sens psychanalytique du terme. Le scénario est le suivant : quand je tombe amoureux, je change et ce changement me pousse à me demander qui je suis. L'autre intervient alors en m'apportant cette réponse : « Tu es celui qui m'aimes. » C'est aussi vrai sur le plan social. Nous vivons avec nos parents jusqu'à ce que nous rencontrions l'amour qui nous permet de nous en détacher. Nous cessons alors d'être l'enfant de nos parents pour devenir un être social à part entière. L'amour nous constitue en tant qu'être autonome.

Dans votre livre, vous affirmez que l'amour est le fruit d'une manipulation. Ne craignez-vous pas que le philtre d'amour soit la porte ouverte aux manipulateurs et autres pervers narcissiques : toute la galerie des horreurs mise à jour par la psychologie moderne ?

Tobie Nathan : Il y a une différence fondamentale entre le philtre d'amour et la manipulation telle que la pratique le pervers narcissique. Pour dominer sa victime, le pervers cherche à l'isoler, à la couper du monde, de ses amis, de sa famille, de tout ce qui constitue sa vie sociale. A contrario, le philtre d'amour nécessite toujours l'intercession d'un tiers : précisément la personne qui fournit le philtre. C'est Branghien dans Tristan et Iseut, c'est Frère Laurent dans Roméo et Juliette, c'est Dulcamara dans L'Elisir d'amore. À travers la présence de ce tiers, la société conserve droit de cité dans la relation amoureuse, le couple demeure profondément inscrit dans la vie sociale. De toute façon, à bien y réfléchir, il y a toujours un tiers dans une relation amoureuse, quelle qu'elle soit.

Vous parlez toujours des mythes ou de la vie réelle ?

Tobie Nathan : De la vie. Enfin, pour ma part, il y a toujours eu un tiers dans mes relations amoureuses. Je me souviens de mon tout premier amour. Je devais avoir onze ans. Elle s'appelait Danielle et en avait quatorze. Un jour, une fille que je ne connaissais pas est venue me demander : « Est-ce que tu aimes Danielle ? » Je lui ai répondu que oui et, à partir de là, j'ai aimé Danielle. Je ne sais pas ce qui était passé par la tête de cette fillette, mais par cette question, elle est devenue l'auteur de ma première histoire d’amour.

Propos recueillis par Simon Hatab


Tobie Nathan est professeur émérite de psychologie à l’université Paris VIII. Il est le représentant le plus connu de l’ethnopsychiatrie en France. Il est l’auteur de Philtre d’amour. Comment le rendre amoureux ? Comment la rendre amoureuse ? dans lequel il explore la thématique du philtre d’amour de l’Antiquité à nos jours, partant du principe que l’on tombe amoureux non pas au gré des rencontres, charmé par un corps harmonieux, mais parce que l’on a été l’objet d’une « capture » délibérée.

  • [TRAILER] L'ÉLIXIR D'AMOUR by Gaetano Donizetti
  • [EXTRAIT] L'ÉLIXIR D'AMOUR by Gaetano Donizetti (Matthew Polenzani)
  • [EXTRAIT] L'ÉLIXIR D'AMOUR by Gaetano Donizetti (Simone Del Savio)
  • [EXTRAIT] L'ÉLIXIR D'AMOUR by Gaetano Donizetti (Lucrezia Drei)

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Dans les deux théâtres, des places à tarifs réduits sont vendues aux guichets à partir de 30 minutes avant la représentation :

  • Places à 35 € pour les moins de 28 ans, demandeurs d’emploi (avec justificatif de moins de trois mois) et seniors de plus de 65 ans non imposables (avec justificatif de non-imposition de l’année en cours)
  • Places à 70 € pour les seniors de plus de 65 ans

Retrouvez les univers de l’opéra et du ballet dans les boutiques de l’Opéra national de Paris. Vous pourrez vous y procurer les programmes des spectacles, des livres, des enregistrements, mais aussi une large gamme de papeterie, vêtements et accessoires de mode, des bijoux et objets décoratifs, ainsi que le miel de l’Opéra.

À l’Opéra Bastille
  • Ouverture une heure avant le début et jusqu’à la fin des représentations
  • Accessible depuis les espaces publics du théâtre
  • Renseignements 01 40 01 17 82

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