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Tosca
Opéra Bastille - du 16 mai au 23 juin 2019
Tosca
Giacomo Puccini
Opéra Bastille - du 16 mai au 23 juin 2019
3h00 avec 2 entractes
Langue : Italien
Surtitrage : Français / Anglais
-
Première : 16 mai 2019
À propos
En quelques mots :
Un paysage pasolinien sur lequel plane l’ombre écrasante d’une croix, symbole de la collusion des oppressions politique et religieuse : la lecture de Pierre Audi dépouille l’oeuvre de ses habits d’apparat pour mettre à nu sa mécanique tragique parfaitement réglée, son horloge dramatique qui, du lever de rideau à la chute finale, se révèle d’une efficacité impitoyable. En passant du théâtre à l’opéra, la pièce de Sardou devient le symbole même de l’art lyrique. Est‑ce parce que Tosca met en scène une cantatrice, dont la jalousie pèse lourd sur le destin de son amant ? La musique déborde le drame pour révéler la sensualitéde son héroïne immortelle.
- Ouverture
- Première partie 50 mn
- Entracte 25 mn
- Deuxième partie 45 mn
- Entracte 25 mn
- Troisième partie 30 mn
- Fin
-
Tosca
Melodramma en trois actes (1900)
D'après Victorien Sardou
-
Représentations
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Tosca (saison 18.19) - Acte I - Zeljko Lucic Et Choeurs
Tosca (saison 18.19)- Acte II - Martina Serafin, Zeljko Lucic
Tosca (saison 18.19)- Acte II - Martina Serafin
Tosca (saison 18.19) - Acte III - Marcelo Puente
Coulisses
01:19’
Vidéo
Dessine-moi Tosca
Une minute pour comprendre l’intrigue
© plainpicture/Anzenberger/Eugenia Maximova
Article
Regards croisés sur Tosca
Conversation avec Pierre Audi et Henri Peña-Ruiz
13’
Dans Tosca, Pierre Audi a choisi de placer la religion et ses rapports complexes avec le pouvoir politique au centre de sa mise en scène : un choix qui résonne aujourd’hui encore dans l’actualité. Le metteur en scène s’entretient avec le philosophe Henri Peña-Ruiz, spécialiste de la laïcité.
Pierre Audi, lorsque le rideau se lève sur votre Tosca, on est frappé par le crucifix qui envahit tout l’espace scénique. Comment en êtes-vous venu à imaginer cette croix monumentale, qui se substitue tout à la fois à l'Eglise Sant'Andrea della Valle dans l’acte I, au Palais Farnèse dans l’acte II et au Château Saint-Ange dans l’acte III ?
Pierre Audi : Concernant l’église, le rapprochement était évident : toutes les églises sont construites à partir d’une croix – les bras formant les chapelles et l’axe central, l’allée qui mène au crucifix. Aussi me semblait-il intéressant, dans l’acte I, de retourner aux sources et de styliser l’église jusqu’à revenir à la croix qui constitue son essence même. L’acte II est celui de la torture de Cavaradossi. Ici encore, il était naturel que la croix se mue en instrument de torture, puisque c’est ce qu’elle était à l’origine, avant de devenir un symbole chrétien. Enfin, pour l’acte final, celui de l’exécution, il s’agit davantage d’un parti pris : nous avons choisi de délaisser le Château Saint-Ange pour situer l’action dans un champ misérable et abandonné, au-dessus duquel plane la croix. Notez que le château était encore connecté à cette thématique religieuse puisque, comme son nom l’indique, la statue d’un ange le surplombe.
Cette immense croix est le signe de l’importance que prend dans votre mise en scène la religion – plus précisément la collusion entre le religieux et le pouvoir politique incarné par le personnage de Scarpia…
Dans son opéra, Puccini semble effectivement distinguer deux aspects de la religion : l’un qui relève de la foi personnelle et de l’espérance, l’autre qui relève de l’instrumentalisation de la religion comme outil de domination et d’oppression. Ainsi, Scarpia persécute les républicains avec la bénédiction du Pape mais, lorsqu’elle se jette dans le vide, Tosca lui fixe rendez-vous devant Dieu, ce qui est une manière de rêver une religion libérée de la corruption du pouvoir politique. Henri Peña-Ruiz, en préparant cet entretien, vous me confiiez que cette distinction faite par Puccini était fondamentale pour vous…
Tosca est l’une des grandes héroïnes du répertoire. Or, en tant que femme, on a l’impression qu’elle est la première victime de cette collusion entre le religieux et le politique...
Couvrez ce sein, que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées ;
Et cela fait venir de coupables pensées.
Les hommes essaient d’exercer un contrôle sur le
corps des femmes, que l’on soit en France, en Italie ou en Espagne, dans les
sociétés longtemps marquées par le patriarcat et la domination sexiste. De ce
point de vue, la plupart des religions codifient cette domination en la
présentant comme voulue par Dieu, en la sacralisant. De Molière à Puccini,
l’une des missions que se sont assignés les artistes est de dénoncer
l’hypocrisie de cette posture.
Dans votre mise en scène, Tosca ne se jette pas dans le vide. Lors d’une scène plus fantasmatique que réaliste, elle semble se dissoudre dans le paysage. Est-ce justement une façon de sauver l’héroïne malmenée par Puccini en la soustrayant au châtiment ?
Puccini investit un espace sacré pour en faire le lieu où va se nouer un drame. Le théâtre ne fonctionne pas autrement… Pierre Audi
Outre la religion, l’art occupe une place centrale dans votre mise en scène. Dans le premier acte, vous avez choisi de remplacer le portrait de Marie-Madeleine, que Cavaradossi peint dans l’église, par un tableau érotique de Bouguereau : Les Oréades, qui représente un groupe de nymphes fuyant le regard concupiscent des satyres…
Mais le parti des dévots marque un point : dans la reproduction du tableau de Bouguereau que peint Cavaradossi, des voiles noirs couvrent les corps des Oréades dénudées…
Ces dernières années, un certain nombre de spectacles ont défrayé la chronique en provoquant des réactions très violentes d’une faction conservatrice du public : Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci ou Golgota picnic de Rodrigo García… Les questions de la censure, du blasphème, de la confrontation des artistes à une certaine morale religieuse est encore d’actualité. Pensez-vous que le théâtre soit un lieu privilégié d’émancipation ?
Iriez-vous jusqu’à employer le mot « sacré » ?
Pierre Audi : Personnellement, je trouve que le sacré est une notion qui m’est très utile : la forme sacrée, le cadre. Cela ne signifie pas que je monte des messes pour le public [rires], ce n’est pas de cela dont il s’agit. Pour moi, le sacré est une forme, comme un cercle ou un carré, une forme à l’intérieur de laquelle je peux installer ma mise en scène. C’est un prisme à travers lequel je peux dialoguer avec le public.
Propos recueillis par Simon Hatab
Mécènes et partenaires
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Montre de l'Opéra national de Paris
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