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Edward Burtynsky, courtesy Flowers Gallery, London / Nicholas Metivier Gallery, Toronto

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Opéra

Festival RING

La Walkyrie

Richard Wagner

Opéra Bastille

du 07 au 17 novembre 2026

de 110 € à 270 €

5h00 avec 2 entractes

Synopsis

Écouter le synopsis

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L’Opéra national de Paris poursuit son exploration de la Tétralogie, l’œuvre colossale de Richard Wagner, dans la mise en scène de Calixto Bieito. Après la scène finale de L’Or du Rhin voyant les dieux gravir le Walhalla, La Walkyrie, deuxième volet du cycle, se rapproche des humains à travers les jumeaux Sieglinde et Siegmund.

Alors que leur passion irrépressible et incestueuse déchaîne la colère de Fricka, la déesse du mariage, elle bouleverse la Walkyrie Brünnhilde, la poussant à braver son père, le dieu Wotan.

Pour exprimer la puissance de l’amour humain, mais aussi les contradictions d’un dieu qui souhaite générer un être libre pourtant soumis à sa propre volonté, Richard Wagner livre une musique tour à tour lyrique et sensuelle, ardente et héroïque, à l’image de la célèbre « Chevauchée des Walkyries ».  

Durée : 5h00 avec 2 entractes

Langue : Allemand

Surtitrage : Français / Anglais

Voir les actes et les personnages

PERSONNAGES

Hunding : Un humain, époux de Sieglinde

LES WÄLSUNGEN

Siegmund, Sieglinde : Jumeaux demi-dieux, séparés en bas-âge, nés de l’union de Wälse (Wotan métamorphosé en loup) avec une femme-louve

LES DIVINITÉS

Wotan : Maître des dieux
Fricka : Déesse protectrice du mariage et garante de l’ordre établi, épouse de Wotan
Brünnhilde : Walkyrie, fille de Wotan et d’Erda la déesse-mère de la Terre
Gerhilde, Ortlinde, Waltraute, Schwertleite, Helmwige, Siegrune, Grimgerde, Rossweisse : Walkyries, filles guerrières de Wotan nées de mères différentes

Acte 1

Première scène
Poursuivi par des ennemis, Siegmund trouve refuge dans une habitation inconnue. Ses armes sont brisées. Sieglinde apparaît et donne à boire à l’inconnu. Elle l’informe que le maître des lieux est Hunding et, en son nom, lui souhaite la bienvenue. Siegmund veut fuir : le malheur le poursuit et il veut le détourner de Sieglinde. Mais celle-ci le conjure de demeurer : ici aussi, le malheur a élu domicile.

Deuxième scène
Hunding entre. Frappé par la ressemblance de Siegmund et Sieglinde, il demande son nom à l’inconnu. Celui-ci répond que sa vie malheureuse le force à s’appeler Wehwalt (l’élu du malheur). Il raconte son enfance : son père se nommait Wolfe (loup). Il a grandi avec sa mère et sa soeur jumelle. Un jour que le père et le fils étaient à la chasse, la mère a été tuée et sa soeur enlevée. Ensuite, il a perdu la trace de son père et depuis il mène une vie errante. Un jour, il a tenté de défendre une jeune fille qu’on voulait marier à un homme qu’elle n’aimait pas : celle-ci a été tuée et ses armes ont été brisées. Depuis, il est poursuivi. Hunding lui apprend que lui-même a été appelé pour la vengeance. Siegmund est sous le toit de l’ennemi. Cependant, Hunding ne veut pas rompre le serment de l’hospitalité et remet le duel au lendemain matin. Il se retire avec Sieglinde.

Troisième scène
Seul, Siegmund pense à l’épée que son père lui avait promis et qu’il devait trouver aux jours de détresse. Sieglinde apparaît et demande à l’inconnu de fuir. A son tour, elle raconte son histoire : au jour de ses noces forcées avec Hunding, un vieillard au regard terrifiant est entré dans la salle et enfonça un glaive dans un frêne. Seul le héros merveilleux qui pourrait l’arracher du tronc le mériterait.Siegmund comprend enfin la promesse de son père : il est devant sa soeur et sa fiancée. Tous deux s’enlacent et le printemps entre dans la maison, bénissant leur amour. Siegmund arrache l’épée du tronc. Dans la plus grande extase, Sieglinde baptise son frère du nom de Siegmund (le vainqueur).

Acte 2

Première scène

Le dieu Wotan invite sa fille, la walkyrie Brünnhilde, à se préparer pour le combat : elle devra défendre Siegmund contre Hunding. Au nom des liens sacrés du mariage dont elle est la gardienne, Fricka, l’épouse de Wotan, demande la punition du couple adultère et incestueux. Wotan, lui, juge impie un serment qui unit deux êtres sans amour. Mais Fricka se plaint que Wotan ne songe qu’à la protection du couple, fruit de ses infidélités. Wotan lui apprend que pour sauvegarder leur immortalité, il faut que naisse un héros libre et affranchi de la loi des dieux : ce sera Siegmund. Mais Fricka sait déjouer ses ruses : Siegmund n’est en rien affranchi des dieux puisque sans cesse protégé par Wotan. Elle lui demande solennellement que ni lui ni Brünnhilde ne protègent plus Siegmund. Terrassé, Wotan consent à ce sacrifice.

Deuxième scène
Remontant aux origines, Wotan retrace pour Brünnhilde l’histoire de l’anneau : son rapt par Alberich et sa ruse pour s’en emparer ; la malédiction de l’anneau par Alberich et sa décision, sur le conseil d’Erda, de le donner aux Géants en paiement de la construction de son palais, le Walhalla ; sa visite à la déesse Erda pour connaître son avenir et l’enfant qu’il a eu d’elle, Brünnhilde elle-même ; l’armée qu’elle forme avec ses huit soeurs, emportant les guerriers morts au combat au Walhalla, où ils forment une défense invincible. S’il détenait l’anneau, Alberich pourrait mettre fin à son règne. L’ayant lui-même donné à Fafner, Wotan ne peut le reprendre. Seul le pourra un homme libre et affranchi des Dieux. Wotan ne désire plus qu’une seule chose : la fin du règne des Dieux. Mais Fricka l’a percé à jour : Siegmund n’est pas plus libre que les autres. Il doit le sacrifier et ordonne à Brünnhilde de se ranger aux désirs de son épouse.

Troisième scène
Sieglinde et Siegmund sont en fuite. Siegmund veut affronter Hunding. Hallucinée, elle voit Hunding les poursuivre avec ses gens et sa meute sauvage, Siegmund attaqué par les chiens et l’épée brisée en morceaux. Elle s’endort cependant dans les bras deSiegmund.

Quatrième scène
Conformément aux ordres de Wotan, Brünnhilde vient annoncer sa mort prochaine à Siegmund. C’est elle qui le conduira au Walhalla. Quand elle lui révèle que Sieglinde ne pourra pas l’accompagner, il refuse de la suivre. Il se rit de la menace de Hunding : le glaive de son père est invincible. La walkyrie lui dit que le Dieu a ôté son pouvoir au glaive. Siegmund est prêt à tuer Sieglinde et luimêmeensuite. Bouleversée, Brünnhilde décide de le protéger contre Hunding et lui donner la victoire.

Cinquième scène
Hunding approche. Siegmund s’apprête à frapper Hunding quand Wotan apparaît et brise le glaive. Hunding tue Siegmund désarmé. Brünnhilde fuit avec Sieglinde sur son cheval. D’un geste de la main, Wotan foudroie Hunding, qui tombe mort à ses pieds. Il part à la poursuite de Brünnhilde, décidé à punir sa désobéissance.

Acte 3

Première scène

Les Walkyries arrivent l’une après l’autre, chacune portant sur son cheval un héros mort pour l’armée de Wotan. Brünnhilde apparaît avec Sieglinde et demande leur aide à ses soeurs. Mais toutes sont effrayées de sa désobéissance. Ne voulant vivre sans Siegmund, Sieglinde demande à Brünnhilde de la tuer. Mais celle-ci lui révèle qu’elle attend un enfant de Siegmund et qu’elle doit vivre pour lui. Elle lui dit d’aller se mettre à l’abri dans la forêt où Fafner garde l’anneau, lieux que Wotan craint et évite. Sieglinde s’enfuit au moment même où Wotan survient.

Deuxième scène
Les Walkyries essaient d’intercéder pour Brünnhilde mais Wotan les réprimande : elles ne doivent pas protéger la rebelle. Brünnhilde se montre alors et demande à son père de prononcer la sentence. Pour s’être opposée à lui, Wotan inflige à Brünnhilde un châtiment terrible : il l’exile du Walhalla et l’exclut de la race des immortels. Brünnhilde sera endormie et livrée au premier homme qui l’éveillera. Elle devra lui livrer sa virginité et en être la servante.

Troisième scène
Wotan et Brünnhilde sont seuls. Celle-ci essaie de se justifier. Elle affirme n’avoir exécuté que la volonté profonde de son père. Malgré lui, Wotan s’émeut. Elle lui demande une ultime faveur : qu’il ne la livre pas au premier lâche venu mais que seul un héros digne de sa naissance puisse la délivrer. Wotan accède à son voeu et entoure son corps endormi d’une muraille de flammes. Seul pourra la libérer un homme plus libre que lui et qui ne le craint pas. Wotan embrasse Brünnhilde une dernière fois.

Artistes

Première journée en trois actes de L'Anneau du Nibelung (1870)

Équipe artistique

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

Galerie médias

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© Collection Christophel

La Tétralogie et le cinéma

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Wagner, modèle et source d’inspiration pour le septième art

10 min

La Tétralogie et le cinéma

Par Laurent Guido

Avec son théâtre de Bayreuth, Richard Wagner avait-il, par anticipation, pensé le cinéma ? Souvent comparé au Gesamtkunstwerk wagnérien au titre de sa dimension totalisante, l’art cinématographique a régulièrement puisé dans la matière musicale et dramaturgique sans égal de L'Anneau du Nibelung. 

 « Le plus célèbre, le plus interprété, le plus exaltant, et le plus enregistré des cycles d’opéras » : ces mots élogieux sont tirés d’un discours publicitaire pour l’édition vidéo de L’Anneau du Nibelung de Richard Wagner au Metropolitan Opera de New York (2010-2012). Le même texte se targue, en outre, des centaines de milliers de personnes ayant assisté aux représentations de la Tétralogie, non seulement sur place, mais surtout dans les salles de cinéma du monde entier, via une diffusion satellitaire[1]. Cette insistance sur la transmission technologique de l’opéra wagnérien renvoie à l’un des objectifs des premiers promoteurs des industries audiovisuelles. Dès l’époque du pionnier Thomas Alva Edison, à la fin du XIXe siècle, l’éventualité de coupler les appareils d’enregistrement du son et de l’image a, en effet, alimenté le fantasme de proposer aux populations éloignées les spectacles urbains les plus prestigieux. Quant à la démonstration publique du procédé de film sonore Vitaphone, à New York le 6 août 1926, elle intervient cinquante ans exactement après la représentation complète de la Tétralogie, en 1876, pour l’inauguration du Festspielhaus de Bayreuth. L’agencement spécifique du dispositif wagnérien (obscurcissement, orchestre invisible, concentration vers “l’image scénique”, illusion de profondeur par l’avancement du proscenium…) préfigure d’ailleurs certaines caractéristiques de la salle de projection équipée de haut-parleurs.
Cette vision d’un Wagner “prophète” du cinéma[2] a marqué les réflexions esthétiques sur le médium filmique. Celles-ci se sont inspirées de la conception du Gesamtkunstwerk, telle qu’énoncée dans L'Œuvre d'art de l'avenir (1849) et Opéra et drame (1851), pour signaler l’apparition au cœur de la modernité technique et scientifique d’un grand « théâtre synthétique », opérant la « renaissance de la Tragédie »[3]. Faisant écho à la déconvenue éprouvée par Friedrich Nietzsche vis-à-vis de la mise en scène du Ring à Bayreuth[4], comme à certaines réserves du compositeur lui-même[5], ces théoriciens ont vu dans le cinéma un moyen de suppléer aux limites supposées de la représentation scénique. Comme le proclame en 1927 le critique Emile Vuillermoz, «… S’il était né une cinquantaine d’années plus tard, Wagner aurait écrit sa Tétralogie non pas pour un plateau, mais pour un écran. […] S’il avait pu manier à son gré les prestigieuses ressources de la vision animée, ce n’est pas un théâtre mais un cinéma lyrique que ce réformateur aurait construit à Bayreuth. »[6] Le cinéaste Abel Gance se fait pour sa part plus ironique : « Une nouvelle formule d'opéra naîtra. On entendra les chanteurs sans les voir, ô joie, et la Chevauchée des Walkyries deviendra possible. »[7] Selon cet argument – encore régulièrement avancé de nos jours, à l’heure du numérique –les techniques cinématographiques seraient à même de matérialiser les moindres nuances de l’imaginaire d’un poète-musicien rêvant, plus particulièrement dans la Tétralogie, de poursuites sous-marines, de chevauchées aériennes, de combats fantastiques, d’êtres devenant invisibles, ou encore de transformations progressives du décor. Mais le cinéma a surtout permis de servir l’idéal de stylisation dynamique qui a animé, au moins depuis les travaux d’Adolphe Appia, la plupart des rénovateurs de la scène wagnérienne. Comme en attestent les expérimentations d’un cinéaste comme S. M. Eisenstein (metteur en scène de La Walkyrie au Bolchoï, en 1940, et concepteur d’un montage “vertical” conjuguant étroitement les gestes musical et visuel), les procédés filmiques visent à fournir aux créateurs une vaste palette iconique, aussi subtile, malléable et poly-expressive que l’est déjà la matière musicale.

Les Nibelungen - la mort de Siegfried - Fritz Lang, 1924
Les Nibelungen - la mort de Siegfried - Fritz Lang, 1924 © Collection Christophel
Le modèle de l’opéra wagnérien a inspiré en profondeur les codes du grand spectacle cinématographique qui s’est mis en place, à l’époque muette, à travers des séances faisant appel à l’orchestre symphonique. La sortie des Nibelungen (Fritz Lang, 1924) représente à cet égard un événement majeur. Bien que conçu hors de la conception wagnérienne de la légende, ce film a été constamment rapporté à la Tétralogie lors de son exploitation internationale, où il a été accompagné par des extraits empruntés au maître de Bayreuth. Plus largement, la symbiose entre drame et musique, telle que réclamée par Wagner, a occupé une place de choix parmi les procédés narratifs qui n’ont cessé, jusqu’à aujourd’hui, de dominer la production de films. L’emploi du leitmotiv s’est ainsi imposé dans le système musical mis en place à Hollywood dans les années 1930-1940 par des compositeurs issus de la culture postromantique européenne (Erich Wolfgang Korngold, Max Steiner, Franz Waxman…)[8]. Un spécialiste français de Wagner, contemporain de ces compositeurs, s’enthousiasme pour leur travail : « … qui voudrait aujourd’hui analyser mesure par mesure la Tétralogie pour la comparer avec telle partition réussie de film d’action […] serait sans doute étonné de découvrir que la musique de Wagner est pour ainsi dire écrite pour le cinéma ».

Cette alliance entre idéalisme artistique et industrie culturelle, comme l’ont dénoncée les critiques les plus radicaux[9], s’est incarnée dans des blockbusters contemporains alliant ampleur narrative et grand spectacle, telles les franchises Star Wars (en cours, depuis 1977) et, plus directement encore, celle du Seigneur des anneaux (d’après Tolkien, 2001-2003). Non seulement les partitions symphoniques de ces productions au succès mondial recourent de manière fouillée au procédé du leitmotiv, mais leurs récits renvoient à l’imaginaire mythologique déjà actualisé par le Ring des Nibelungen[10].
Ce rapport des médias de masse à l’œuvre wagnérienne s’est aussi traduit par la fragmentation des opéras en « pièces détachées », c’est-à-dire la sélection en leur sein de Greatest Hits, sur le modèle traditionnel des pièces de concerts ou des partitions d’anthologie. De nombreux films ont en effet recouru à des extraits de la Tétralogie dans les contextes les plus divers (du drame au cartoon, en passant par le burlesque, le documentaire, la science-fiction…), afin d’offrir un contrepoint dramatique ou épique à l’action visuelle. En témoigne un plan mémorable de Birth (Jonathan Glazer, 2004), où le cadre se concentre longuement sur le visage de l’héroïne (Nicole Kidman), qui assiste à une représentation de La Walkyrie. Le Prélude tourmenté de l’acte I s’adapte à merveille à l’expression de son trouble intérieur, qui fait pourtant écho à des préoccupations personnelles complètement extérieures à l’orage musical qui se déchaîne hors champ.

Excalibur, John Boorman, 1981, avec Nigel Terry
Excalibur, John Boorman, 1981, avec Nigel Terry © Collection Christophel
Les harmonies poignantes et funèbres relayées par les morceaux les plus connus du Ring ont longtemps imposé un wagnérisme morbide, empreint d’une sombre solennité. Si certains ont cherché à s’approprier cette puissance sonore, d’autres l’ont réduite à une cinglante caricature idéologique, revenant inévitablement sur l’infâmante appropriation hitlérienne de Wagner. Ainsi la Trauermusik de Siegfried dans le Crépuscule des dieux a-t-elle été aussi bien associée au premier dirigeant de la Révolution soviétique dans Trois chants sur Lénine (D. Vertov, 1934), ou aux héros arthuriens d’Excalibur (John Boorman, 1981), qu’à l’attitude implacable d’officiers nazis dans la fiction américaine des années 1940 – où l’on faisait également un usage intensif du motif de Siegfried pour qualifier l’agresseur allemand, plus particulièrement dans les films de propagande signés Frank Capra. Au-delà de leur emploi moqueur à l’endroit du phénotype massif des héroïnes wagnériennes (de Bugs Bunny à Fellini), les accents entraînants et les vertus galvanisantes de la Chevauchée des Walkyries ont quant à eux ponctué la cavalcade du Ku Klux Klan dans The Birth of a Nation (D. W. Griffith, 1915), puis les raids d’aviation allemands et japonais dans les actualités de l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de culminer d’une manière plus ambiguë – la musique étant diffusée par les protagonistes eux-mêmes – dans la célèbre scène d’attaque héliportée d’Apocalypse Now (F. F. Coppola, 1979).

Au-delà de telles connotations totalitaires, les références cinématographiques à Wagner ont également pu évoquer les fondements mythiques de ses drames musicaux. Mieux que tout autre, Hans-Jürgen Syberberg a cherché, dans ses écrits théoriques comme dans ses films, à questionner sans relâche les facettes multiples du grand compositeur afin d’en assurer la rédemption. Ses portraits complexes du roi Ludwig (1972) et de Hitler (1977) sont jalonnés d’extraits de la Tétralogie qui illustrent aussi bien la perversité emphatique des pouvoirs oppresseurs (la Marche funèbre de Siegfried, la descente au Nibelheim…) que la résurgence des idéaux romantiques dévoyés par le IIIe Reich comme par le matérialisme des sociétés capitalistes (le finale débordant de lyrisme du Crépuscule des dieux)[11]. Plus récemment, le Prélude de L’Or du Rhin a signalé, dans The New World (Terrence Malick, 2007), l’attitude ambivalente des premiers colons sur le sol américain, entre panthéisme romantique et conquête d’un territoire vierge. Quant à l’Entrée des dieux au Walhalla, du même opéra, elle marque dans Alien Covenant (Ridley Scott, 2017) le triomphe des prétentions au divin d’un être artificiel. Autant d’occurrences qui montrent combien la Tétralogie demeure influente dans l’imaginaire troublé du XXIe siècle, qu’il s’agisse de rappeler le poids de l’histoire ou de réfléchir aux enjeux propres à un avenir éminemment technologique.

[1]« Product Description » du coffret DVD et Blu-Ray paru chez Universal Classics.
[2]L’idée apparaît chez des auteurs comme Claude Lévi-Strauss ou Friedrich Kittler. Voir mon ouvrage De Wagner au cinéma. Histoire d’une fantasmagorie, Paris, Mimesis, 2019.
[3]Ricciotto Canudo, « La naissance d’un sixième Art[1911] », L’Usine aux images, Paris, Séguier-Arte, 1995, p. 34.
[4]F. Nietzsche, Le cas Wagner suivi de Nietzsche contre Wagner, Paris, Gallimard, 1991, p. 67.
[5]Sur la boutade de Wagner concernant la possibilité d’un « théâtre invisible », voir Carl Dahlhaus, L’idée de la musique absolue, Genève, Contrechamps éditions, 1997 [1978], p. 36.
[6]E. Vuillermoz, « La musique des images », L’Art cinématographique, III, 1927,pp. 53-57.
[7]A. Gance, « Le temps de l'image est venu! », Ibid.,p. 94, pp. 101-102.
[8]Jacques Bourgeois, « Musique dramatique et cinéma », Revue du cinéma, n° 10, février 1948, pp. 25-33.
[9] Theodor W. Adorno, Essai sur Wagner, Paris, Gallimard, 1966 [1962] et (avec Hanns Eisler), Musique de cinéma, Paris, L’Arche, 1972.
[10]La publicité pour l’édition vidéo de la Tétralogie du Met, mentionnée ci-dessus, n’hésite pas à décrire l’œuvre de Wagner comme “Le Seigneur des anneaux de la musique classique”! 
[11] Sur cet apport considérable à la réception de Wagner, ainsi que sur celui de Werner Herzog – qui utilise aussi des extraits du Ring dans plusieurs de ses films, en oscillant constamment entre ironie et sublime, voir mon livre Cinéma, mythe et idéologie. Échos de Wagner chez Hans-Jürgen Syberberg et Werner Herzog, Paris, Hermann, 2020.          

Les Grands Entretiens, avec Alexander Neef et Pablo Heras-Casado

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Alexander Neef, Pablo Heras-Casado

20:45 min

Les Grands Entretiens, avec Alexander Neef et Pablo Heras-Casado

Par Isabelle Stibbe

Quand un artiste rencontre le directeur général de l’Opéra national de Paris ou son directeur de la Danse, que se disent-ils ? Dans cette nouvelle série intitulée Les Grands Entretiens, l’Opéra de Paris lève le voile sur les arcanes de la programmation artistique des nouvelles productions de la saison 25/26. Choix des artistes invités, thèmes privilégiés, intentions de mise en scène ou styles chorégraphiques : ces échanges exclusifs d’une vingtaine de minutes vous donnent les premières clefs de lecture des œuvres bientôt à l’affiche.

Que représente le Ring pour une Maison d’Opéra ? À l’occasion des nouvelles productions de La Walkyrie et de Siegfried, Alexander Neef, directeur général de l’Opéra national de Paris évoque avec Pablo Heras-Casado, chef d’orchestre, les particularités de cette entreprise colossale.    

Brünnhilde, la walkyrie affranchie - Entretien avec Tamara Wilson

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4:50 min

Brünnhilde, la walkyrie affranchie - Entretien avec Tamara Wilson

Par Marion Mirande

Fille de la déesse Erda et du dieu Wotan, élevée en combattante docile, la walkyrie Brünnhilde s’émancipe de son père après avoir découvert l’amour et éprouvé l’empathie.

Un rôle parmi les plus fins et puissants du répertoire de Richard Wagner, interprété par la soprano Tamara Wilson à l’occasion de la nouvelle production de La Walkyrie à l’Opéra Bastille.

Accès et services

Opéra Bastille

Place de la Bastille

75012 Paris

Transports en commun

Métro Bastille (lignes 1, 5 et 8), Gare de Lyon (RER)

Bus 29, 69, 76, 86, 87, 91, N01, N02, N11, N16

Calculer mon itinéraire
Parking

Parking Indigo Opéra Bastille 1 avenue Daumesnil 75012 Paris

Réservez votre place à tarif réduit
  • Vestiaires

    Des vestiaires gratuits sont à votre disposition à l’Opéra Bastille et au Palais Garnier. La liste exhaustive des objets non-admis est disponible ici.

Dans les deux théâtres, des places à tarifs réduits sont vendues aux guichets à partir de 30 minutes avant la représentation :

  • Places à 35 € pour les moins de 28 ans, demandeurs d’emploi (avec justificatif de moins de trois mois) et seniors de plus de 65 ans non imposables (avec justificatif de non-imposition de l’année en cours)
  • Places à 70 € pour les seniors de plus de 65 ans

Retrouvez les univers de l’opéra et du ballet dans les boutiques de l’Opéra national de Paris. Vous pourrez vous y procurer les programmes des spectacles, des livres, des enregistrements, mais aussi une large gamme de papeterie, vêtements et accessoires de mode, des bijoux et objets décoratifs, ainsi que le miel de l’Opéra.

À l’Opéra Bastille
  • Ouverture une heure avant le début et jusqu’à la fin des représentations
  • Accessible depuis les espaces publics du théâtre
  • Renseignements 01 40 01 17 82

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La Walkyrie

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