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Tosca
Opéra Bastille - du 04 au 25 juin 2021
Tosca
Giacomo Puccini
Opéra Bastille - du 04 au 25 juin 2021
2h55 avec 2 entractes
Langue : Italien
Surtitrage : Français / Anglais
-
Première : 4 juin 2021
À propos
En quelques mots :
Inspiré de la pièce éponyme de Victorien Sardou, l’opéra de Puccini réunit tous les éléments du mélodrame : amour, politique, violence et religion. Tosca, c’est le drame d’un amour contrarié entre une chanteuse passionnée, jalouse et impulsive, et un peintre romantique, idéaliste et défenseur de libertés, sur fond de lutte pour l’Indépendance italienne. Dans une époque troublée par la bataille de Marengo, opposant l’armée républicaine française menée par Napoléon Bonaparte à l’armée impériale du Saint-Empire, le terrifiant et manipulateur Scarpia, chef de la police, propose un marché à la cantatrice : la liberté pour son amant Mario contre une nuit avec lui. Pour lui échapper, elle l’assassine. Il se vengera post-mortem.
Dans un paysage pasolinien, plane l’ombre écrasante d’une croix, figure de la collusion des oppressions politique et religieuse. Par l’omniprésence des références religieuses qui apparaissent autant dans l’espace privé que public, la lecture du metteur en scène Pierre Audi pose avec habileté les lignes du drame.
- Ouverture
- Première partie 50 mn
- Entracte 25 mn
- Seconde partie 45 mn
- Entracte 30 mn
- Troisième partie 30 mn
- Fin
-
Tosca
Melodramma en trois actes (1900)
D'après Victorien Sardou
-
Représentations
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Tosca (saison 20/21) - Acte 2 (Ludovic Tézier et Maria Agresta)
Tosca (saison 20/21) - Acte 3 (Michael Fabiano)
Tosca (saison 20/21) - Maria Agresta (Floria Tosca)
Tosca (saison 18.19) - Acte I - Zeljko Lucic Et Choeurs
Coulisses
© Svetlana Loboff / OnP
07’
Podcast
Podcast Tosca
"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique
© Eléna Bauer/OnP
Article
La croix de Tosca
Un spectacle, un souvenir
05’
En 2014, Pierre Audi signait une nouvelle production de Tosca. Il imaginait alors, avec le scénographe Christof Hetzer, un décor sur lequel planait l’ombre d’une croix, rendant palpables les enjeux politiques et dramatiques du livret. Alexandre Gaillard, responsable des Ateliers Décors à l’Opéra national de Paris, nous dévoile la genèse du décor de cette production, qui se révéla être une aventure à la mesure de l’œuvre.
Alexandre Gaillard est Chef de service adjoint Ateliers Décors, Responsable technique.
Je suis arrivé à l’Opéra national de Paris en 2003, en qualité d’adjoint du responsable du Bureau d’Études des décors. En 2007, le responsable des ateliers de décors m’a proposé d’encadrer toute la partie technique, fonction que depuis j'occupe. À ce titre, je suis toute la genèse des décors : d’abord l’étude avec les dessinateurs, puis, quand les plans sortent du Bureau d’Études, j’en supervise la construction en collaboration avec les Chefs des différents ateliers concernés. Ma mission est de garantir que chaque décor réponde au mieux aux souhaits des metteurs en scène et des scénographes, tout en respectant nos propres contraintes d’exploitation. Cela implique aussi parfois d’orienter les choix des scénographes ou de les amener à faire des compromis.
Le décor de Tosca a connu plusieurs ajustements entre la première présentation des maquettes et sa réalisation finale, à l’époque de sa création en 2014. Lors de la remise des documents, le décor ne consistait qu’en une seule croix : à l’Acte I, elle était au sol. Pour nous montrer sa position à l’Acte II, Christof Hetzer la saisit, passa deux fils autour et hop ! il la suspendit au-dessus de son décor. Aux problématiques de la croix au sol praticable s’ajoutait alors la problématique de la suspension. Pour nous, ces problèmes demandaient des solutions techniques complètement différentes nous amenant à envisager immédiatement deux croix distinctes. Mais l’illusion reste intacte pour le spectateur, qui pense que la croix est la même avant et après l’entracte.
La croix suspendue est celle qui nous a demandé le plus de réflexion. Nous avons d’abord retravaillé sa forme et ses dimensions avec le scénographe. Un challenge supplémentaire était de répondre à l’exigence de mobilité de cet élément de décor suspendu par trois moteurs. Nous avons dû réfléchir à la façon de construire le squelette métallique de la croix mais aussi à l’optimisation de son enveloppe, c’est-à-dire les panneaux extérieurs et leur décoration. Trois modèles de calculs ont été nécessaires pour trouver la solution structurelle la plus optimale : un squelette en tubes d’aluminium renforcé aux endroits stratégiques par des éléments en acier. Ensuite, nous avons dû optimiser les habillages extérieurs. Ils sont réalisés en grande partie en composites (polystyrène/fibre/résine), ce qui permet d’avoir des panneaux très rigides et légers à la fois. L’Atelier Décoration a dû relever le dernier défi : rendre le matiérage le plus léger possible. Quand les premiers échantillons ont été montrés au scénographe, la couche de matière pesait 1,5 kg au m². Après des tests successifs, les décorateurs sont arrivés à reproduire le même résultat visuel en réduisant ce poids par deux. Tous ces efforts réunis ont permis d’atteindre un poids global de 2,7 tonnes et une valeur maximale aux points de levage de 960kg (limite fixée à 1 tonne par moteur). Rarement un décor avait demandé un tel investissement de l’ensemble des Ateliers techniques et artistiques, en coordination avec le Bureau d’Études.
La première fois que nous avons suspendu la croix dans les ateliers, son aspect était si intimidant que nous osions à peine circuler dessous. C’est un décor d’opéra par excellence dans la mesure où il est plein de paradoxes : c’est un objet très monolithique, l’aspect minéral de son habillage renforce encore sa densité et participe de sa présence oppressante sur scène. C’est un objet qui a été optimisé pour être le plus léger possible et qui est en vérité principalement creux, composé de vide.
J’ai une formation d’ingénieur, je suis diplômé des Arts & Métiers. Le terme « ingénieur » a trouvé tout son sens pour moi en travaillant à l’Opéra. Au-delà du réalisme technique, il faut faire preuve d’ingéniosité créative et de persévérance pour trouver les « petits plus », les astuces, qui vont permettre de donner vie à la vision d’un artiste sur scène.
Propos recueillis par Milena Mc Closkey
01:19’
Vidéo
Dessine-moi Tosca
Une minute pour comprendre l’intrigue
© plainpicture/Anzenberger/Eugenia Maximova
Article
Regards croisés sur Tosca
Conversation avec Pierre Audi et Henri Peña-Ruiz
13’
Dans Tosca, Pierre Audi a choisi de placer la religion et ses rapports complexes avec le pouvoir politique au centre de sa mise en scène : un choix qui résonne aujourd’hui encore dans l’actualité. Le metteur en scène s’entretient avec le philosophe Henri Peña-Ruiz, spécialiste de la laïcité.
Pierre Audi, lorsque le rideau se lève sur votre Tosca, on est frappé par le crucifix qui envahit tout l’espace scénique. Comment en êtes-vous venu à imaginer cette croix monumentale, qui se substitue tout à la fois à l'Eglise Sant'Andrea della Valle dans l’acte I, au Palais Farnèse dans l’acte II et au Château Saint-Ange dans l’acte III ?
Pierre Audi : Concernant l’église, le rapprochement était évident : toutes les églises sont construites à partir d’une croix – les bras formant les chapelles et l’axe central, l’allée qui mène au crucifix. Aussi me semblait-il intéressant, dans l’acte I, de retourner aux sources et de styliser l’église jusqu’à revenir à la croix qui constitue son essence même. L’acte II est celui de la torture de Cavaradossi. Ici encore, il était naturel que la croix se mue en instrument de torture, puisque c’est ce qu’elle était à l’origine, avant de devenir un symbole chrétien. Enfin, pour l’acte final, celui de l’exécution, il s’agit davantage d’un parti pris : nous avons choisi de délaisser le Château Saint-Ange pour situer l’action dans un champ misérable et abandonné, au-dessus duquel plane la croix. Notez que le château était encore connecté à cette thématique religieuse puisque, comme son nom l’indique, la statue d’un ange le surplombe.
Cette immense croix est le signe de l’importance que prend dans votre mise en scène la religion – plus précisément la collusion entre le religieux et le pouvoir politique incarné par le personnage de Scarpia…
Dans son opéra, Puccini semble effectivement distinguer deux aspects de la religion : l’un qui relève de la foi personnelle et de l’espérance, l’autre qui relève de l’instrumentalisation de la religion comme outil de domination et d’oppression. Ainsi, Scarpia persécute les républicains avec la bénédiction du Pape mais, lorsqu’elle se jette dans le vide, Tosca lui fixe rendez-vous devant Dieu, ce qui est une manière de rêver une religion libérée de la corruption du pouvoir politique. Henri Peña-Ruiz, en préparant cet entretien, vous me confiiez que cette distinction faite par Puccini était fondamentale pour vous…
Tosca est l’une des grandes héroïnes du répertoire. Or, en tant que femme, on a l’impression qu’elle est la première victime de cette collusion entre le religieux et le politique...
Couvrez ce sein, que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées ;
Et cela fait venir de coupables pensées.
Les hommes essaient d’exercer un contrôle sur le
corps des femmes, que l’on soit en France, en Italie ou en Espagne, dans les
sociétés longtemps marquées par le patriarcat et la domination sexiste. De ce
point de vue, la plupart des religions codifient cette domination en la
présentant comme voulue par Dieu, en la sacralisant. De Molière à Puccini,
l’une des missions que se sont assignés les artistes est de dénoncer
l’hypocrisie de cette posture.
Dans votre mise en scène, Tosca ne se jette pas dans le vide. Lors d’une scène plus fantasmatique que réaliste, elle semble se dissoudre dans le paysage. Est-ce justement une façon de sauver l’héroïne malmenée par Puccini en la soustrayant au châtiment ?
Puccini investit un espace sacré pour en faire le lieu où va se nouer un drame. Le théâtre ne fonctionne pas autrement… Pierre Audi
Outre la religion, l’art occupe une place centrale dans votre mise en scène. Dans le premier acte, vous avez choisi de remplacer le portrait de Marie-Madeleine, que Cavaradossi peint dans l’église, par un tableau érotique de Bouguereau : Les Oréades, qui représente un groupe de nymphes fuyant le regard concupiscent des satyres…
Mais le parti des dévots marque un point : dans la reproduction du tableau de Bouguereau que peint Cavaradossi, des voiles noirs couvrent les corps des Oréades dénudées…
Ces dernières années, un certain nombre de spectacles ont défrayé la chronique en provoquant des réactions très violentes d’une faction conservatrice du public : Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci ou Golgota picnic de Rodrigo García… Les questions de la censure, du blasphème, de la confrontation des artistes à une certaine morale religieuse est encore d’actualité. Pensez-vous que le théâtre soit un lieu privilégié d’émancipation ?
Iriez-vous jusqu’à employer le mot « sacré » ?
Pierre Audi : Personnellement, je trouve que le sacré est une notion qui m’est très utile : la forme sacrée, le cadre. Cela ne signifie pas que je monte des messes pour le public [rires], ce n’est pas de cela dont il s’agit. Pour moi, le sacré est une forme, comme un cercle ou un carré, une forme à l’intérieur de laquelle je peux installer ma mise en scène. C’est un prisme à travers lequel je peux dialoguer avec le public.
Propos recueillis par Simon Hatab