Emma Birski / OnP

Opéra

Platée

Jean-Philippe Rameau

Palais Garnier

du 17 juin au 12 juillet 2022

Platée

Palais Garnier - du 17 juin au 12 juillet 2022

Synopsis

« Nymphe régnant sur un humide empire » ou « Naïade ridicule » ? Qui est donc cette étrange créature que Rameau fait chanter dans une tessiture de haute-contre et qui fait voler en éclats les conventions de l’opéra ? Laide et vaniteuse, la grenouille Platée est victime d’une manipulation des dieux, qui lui font croire qu’elle est aimée par Jupiter. Dans cet opéra composé à l’occasion du mariage du Dauphin Louis, fils de Louis XV, et de l’infante Maria Teresa d’ Espagne, réputée disgracieuse, Jean‑Philippe Rameau fait de l’ironie l’arme maîtresse de sa partition. Cette farce cruelle et émouvante revient à l’affiche de l’Opéra dans la production réjouissante et fantasque de Laurent Pelly.

Durée :

Langue : Français

Surtitrage : Français / Anglais

  • Ouverture

  • Première partie 70 min

  • Entracte 30 min

  • Deuxième partie 80 min

  • Fin

Voir les actes et les personnages

PERSONNAGES

Platée : Nymphe batracienne, elle règne sur les marais, persuadée malgré sa laideur que Jupiter est amoureux d’elle.
Jupiter : Dieu des éléments, qui gouverne la terre et le ciel, père des dieux et des hommes. Il a pour attributs l’aigle et la foudre.
Cithéron : Roi légendaire qui donna son nom au Mont Cithéron.
Mercure : Dieu du commerce, du voyage et messager des autres dieux dans la mythologie romaine.
La Folie : Personnage allégorique symbolisant la gaieté.
Junon : Épouse de Jupiter, protectrice des femmes, plus particulièrement de celles qui avaient un statut juridique reconnu dans la cité – les femmes légitimement mariées.
L’Amour : Fils de Vénus-Aphrodite. Dieu de l’amour et de la puissance créatrice dans la mythologie grecque.
Momus : Dieu de la raillerie, du sarcasme et du déguisement, « bouffon » de la Cour des divinités olympiennes.
Thespis : Poète tragique grec semi-légendaire, inventeur de la tragédie selon les traditions athéniennes.
Thalie : Une des neuf muses - muse de la comédie et de la poésie légère.
Clarine : Suivante de Platée.

PROLOGUE
Naissance de la Comédie.
Thespis, animé par les Satyres et les Ménades, aidé par Thalie, Momus et l’Amour, se propose, « pour corriger les défautas des humains », de créer un spectacle qui montrera les ridicules des dieux eux-mêmes. On choisit pour sujet le « risible stratagème » par lequel Jupiter guérit jadis la jalousie de Junon.

ACTE I
Mercure vient consulter Cithéron pour guérir Junon de sa jalousie. Cithéron suggère que Jupiter feigne d’être amoureux de la nymphe Platée, reine des grenouilles. Platée apparaît avec sa suivante Clarine. Elle soupire à l’amour et croit que mille amants vont s’éprendre d’elle. Cithéron se présente et Platée tente de le séduire. Il la repousse mais il lui annonce la venue de Mercure qui descend dans les marécages de la nymphe pour lui faire part de l’amour de Jupiter pour elle et de son arrivée imminente. Un orage éclate qui provoque de grands émois dans le peuple des grenouilles.

ACTE II
Jupiter descend dans un nuage et apparaît à Platée d’abord sous les traits d’un âne, puis d’un hibou. Enfin, il se montre en homme et lui déclare son amour. Il ordonne à Momus et ses suivants d’organiser une fête pour célébrer sa nouvelle conquête. La Folie surgit avec la harpe empruntée à Apollon et donne un divertissement de danse et de chant pour Platée.

ACTE III
Junon est en colère. Mercure lui propose d’observer les noces de Jupiter et de Platée sans être vue. Jupiter et Platée arrivent et on les installe pour la cérémonie. Elle soupire d’impatience mais tout est fait pour l’impatienter davantage. Une suite de divertissements est donnée, d’abord par Momus, déguisé en Amour avec un arc ridicule, puis par la Folie. Tous dansent. Quand Jupiter s’avance enfin pour prononcer le serment de mariage, Junon se précipite sur Platée et lui arrache son voile. Elle découvre la laideur et le ridicule de la nymphe. Eclatant de rire et guérie de sa jalousie elle remonte au ciel avec Jupiter. Platée, poursuivie par les moqueries des paysans, finit par rentrer dans son marais.

Artistes

Comédie lyrique (ballet bouffon) en un prologue et trois actes (1745)

D'après Jacques Autreau

Équipe artistique

Distribution

Les Musiciens du Louvre
Chœurs de l’Opéra national de Paris

Coproduction avec le Grand théâtre de Genève, l'Opéra national de Bordeaux, l'Opéra national de Montpellier, le Théâtre de Caen et l'Opéra de Flandre

Galerie médias

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© Eléna Bauer / OnP

La robe-partition de Platée

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Un spectacle, un souvenir

03 min

La robe-partition de Platée

Par Jean-Bernard Scotto

Jean-Bernard Scotto est Chef du service couture Bastille.

« Platée a été notre première collaboration avec Laurent Pelly, qui en signait à la fois la mise en scène et les costumes. Il est arrivé avec des maquettes et beaucoup d’envies, dont cette fameuse robe-partition destinée au personnage de la Folie. Depuis, c’est devenu un costume d’anthologie : pas une exposition, pas un livre ne sort sur Rameau sans une photo de cette robe ! Il faut dire que Marc Minkowski qui dirige l’œuvre, et Laurent qui la met en scène, accordent une importance toute particulière à ce personnage qui intervient à deux moments du spectacle pour en interrompre la trame. Laurent avait puisé l’inspiration dans Costumes grotesques et métiers de Nicolas II de Larmessin. Au XVIIe siècle, ce graveur français avait eu l’idée délirante de cette série de planches où les métiers se retrouvent accessoirisés dans des vêtements.

Sur du papier journal vierge, nous avons d’abord imprimé la partition originale de Platée. Puis nous l’avons rigidifiée par thermocollage. Mais Laurent souhaitait que le costume « danse » pendant la représentation, qu’il soit mouvant. Nous avons donc pris le parti de ne pas coudre uniformément la partition sur la robe, de façon à laisser des volants qui apporteraient du relief et du mouvement.

Mireille Delunsch dans le rôle de la Folie
Mireille Delunsch dans le rôle de la Folie © Christian Leiber / OnP

Par la suite, en répétition, Mireille Delunsch, qui interprétait alors la Folie, s’est emparée du personnage et lui a donné vie : elle a commencé à interagir avec le chef d’orchestre et les musiciens, en arrachant des morceaux de partition pour les distribuer dans la fosse. Nous avons donc créé des parties amovibles, détachables, avec de discrets repères pour qu’elle sache quelles feuilles arracher. Le personnage a continué de se construire : on lui a ajouté sa perruque déstructurée avec ses mèches folles, ses plumes d’autruche et son maquillage blanc avec ce sourire terrifiant qui rappelle le Joker dans Batman.

Cette production de Platée a beaucoup voyagé. Bien sûr, avant chaque reprise, nous passons en revue les costumes avec Laurent. Etrangement, la robe de la Folie n’a jamais eu besoin d’être rafraîchie. Avec le temps, elle s’est patinée, a jauni, mais cela va dans le sens déglingué du personnage et du spectacle : c’est un costume qui se bonifie en vieillissant ! Une autre particularité de cette production est de représenter sur scène les gradins et le public. Et à vrai dire, c’est cette partie du spectacle qu’il nous faut constamment réactualiser. Parce que les costumes de ces vrais-faux spectateurs, qui se voulaient contemporains à l’époque de la première, en 1999, sont aujourd’hui beaucoup trop connotés années 90. On ne s’habille plus ainsi quand on va à l’opéra ! C’est paradoxal, alors qu’on parle d’une œuvre qui date de près de trois siècles, mais c’est toujours comme ça : la partie la plus contemporaine d’un spectacle est aussi la plus éphémère. »

Propos recueillis par Simon Hatab

Dessine-moi Platée

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Une minute pour comprendre l’intrigue

1:32 min

Dessine-moi Platée

Par Octave

« Nymphe régnant sur un humide empire » ou « Naïade ridicule » ? Qui est donc cette étrange créature que Rameau fait chanter dans une tessiture de haute-contre et qui fait voler en éclats les conventions de l’opéra ? Laide et vaniteuse, la grenouille Platée est victime d’une manipulation des dieux, qui lui font croire qu’elle est aimée par Jupiter. Dans cet opéra composé à l’occasion du mariage du Dauphin Louis, fils de Louis XV, et de l’infante Maria Teresa d’ Espagne, réputée disgracieuse, Jean‑Philippe Rameau fait de l’ironie l’arme maîtresse de sa partition. Cette farce cruelle et émouvante revient à l’affiche de l’Opéra dans la production réjouissante et fantasque de Laurent Pelly.  

© Guergana Damianova / OnP

Podcast Platée

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"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique

Podcast Platée

Par Charlotte Landru-Chandès

Avec « Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris », nous vous proposons des incursions originales dans la programmation de la saison à la faveur d’émissions produites par France Musique et l’Opéra national de Paris. Pour chacune des productions d’opéra et de ballet, Charlotte Landru-Chandès pour le lyrique et Jean-Baptiste Urbain pour la danse, vous introduisent, avant votre passage dans nos théâtres, aux œuvres et aux artistes que vous allez découvrir.

© Polo Garat, Odessa Photographies

Profession : Bateleur

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Portrait de Laurent Pelly

11 min

Profession : Bateleur

Par Aleksi Barrière

En marge des polémiques qui agitent régulièrement le monde de l’opéra, les spectacles de Laurent Pelly se sont intégrés pleinement au répertoire de l’Opéra de Paris, et définissent depuis une quinzaine d’années une facette de son identité. Ce metteur en scène français particulièrement prolifique écume les plus grandes scènes lyriques du monde. Réticent aux procédés et aux concepts, il fait primer le plaisir de donner un nouveau souffle à des œuvres parfois oubliées.

Laurent Pelly est de ces metteurs en scène qui ne s’embarrassent pas d’une hiérarchie entre les répertoires. Il a monté tous les ouvrages majeurs d’Offenbach, ne cache pas son affection pour Donizetti, aime flirter avec la musique baroque et a œuvré plus qu’aucun de ses collègues à la réhabilitation de Massenet. Dans les circuits du théâtre public, il fait partie des rares à oser défendre un répertoire généralement laissé au boulevard, celui de Labiche, Feydeau, Marivaux, Goldoni, qu’il rattache à la grande tradition du théâtre populaire, celle de Shakespeare et de Hugo. Car c’est là que son aventure artistique commence, au contact de ces textes dont la faveur publique n’a jamais flanché, même quand ils semblent passés de mode et sont négligés par les metteurs en scène, et dont il s’empare dès 1980 avec sa compagnie - Le Pélican ( !) – qu’il fonde à l’âge de dix-huit ans. L’équipe qu’il y fédère réunit très vite les complices qui l’accompagnent depuis, notamment la dramaturge Agathe Mélinand et la scénographe Chantal Thomas.

C’est cet attachement de l’homme de texte et de scène à un théâtre populaire qui a, par la suite, séduit le public d’opéra. Sur toutes les scènes parisiennes et régionales, et maintenant internationales, mais aussi par les DVD qui conservent la mémoire de presque tous ses spectacles d’opéra, Laurent Pelly offre à l’art lyrique un visage rieur et accessible. Toujours avec la même légèreté, ses mises en scène actualisent les ouvrages classiques, mais sans effet d’annonce, l’air de rien, dans une intention ludique plus que polémique. Il s’étonne que certains voient dans sa version de L’Elisir d’amore une transposition très référenciée dans l’Italie des années cinquante, alors qu’il a avant tout cherché à faire revivre subjectivement l’univers de sa propre enfance rurale. Il fait confiance à la musique sur laquelle il travaille sans a priori et sans théories, et essaie de transmettre dans ses spectacles ce qu’elle lui évoque intimement, personnellement, en espérant ainsi en ouvrir les portes à un public non initié. Il travaille à l’oreille, au disque comme en répétition. Comme Patrice Chéreau, du reste, pour citer un autre metteur en scène de théâtre venu à l’opéra qui, malgré d’évidentes différences esthétiques, était lui aussi obsédé par les moyens de « raconter des histoires » à travers la musique.

Même s’ils sont aux prises avec le monde d’aujourd’hui et l’humain dans son élémentaire complexité, les spectacles de Laurent Pelly ne cherchent ni la provocation politique ni la méditation métaphysique. Il ne s’en cache pas, L’Opéra de quat’ sous et Les Sept péchés capitaux l’attirent davantage pour l’humour jazzy de Kurt Weill que pour la littérature de Bertolt Brecht, et sa lecture de Pelléas et Mélisande mise plutôt sur le drame humain, porté par la prosodie si naturelle de Debussy, que sur les arrière-mondes qui fascinaient Maeterlinck. Ses inclinations les plus fondamentales l’éloignent de Wagner : il aime les voix légères, dont il vante la plus grande souplesse scénique, incarnée par sa collaboration féconde avec Natalie Dessay, héroïne et instigatrice notamment d’une Fille du régiment qui a fait le tour du monde. Son travail avec les chœurs, et jusqu’au soin qu’il met à dessiner lui-même les costumes de ses spectacles, va dans ce sens : célébrer le plateau comme lieu de vie et de mouvement, de jeu dans tous les nombreux sens de ce terme. Sous sa direction, les corps lyriques, si souvent figés, guindés par les conventions du genre et les contraintes physiques de l’émission vocale, semblent se désinhiber, jusqu’à l’explosion, jusqu’au climax d’une jubilatoire désarticulation.

Ce travail de direction d’acteurs, parfois malaisé dans le format de l’opéra, n’est possible que grâce à la confiance des chefs d’orchestre avec qui il travaille. En 1997, sa collaboration avec Marc Minkowski est initiée par un travail sur Orphée aux Enfers, le premier d’une longue série d’opéras d’Offenbach abordés en tandem. C’est Minkowski aussi qui lui propose de s’intéresser au « ballet bouffon » de Rameau, Platée, qui a donné lieu en 1999 à l’une des productions les plus pérennes de l’Opéra de Paris.

Profession : Bateleur - Portrait de Laurent Pelly
Profession : Bateleur - Portrait de Laurent Pelly 13 images

On ne s’étonne pas de trouver le metteur en scène à l’aise dans de tels univers féeriques, même et surtout quand ils sont un peu grinçants, lui qui prend un plaisir consommé à donner vie aux grands contes du répertoire : la Cendrillon de Massenet, L’Enfant et les sortilèges de Ravel, ou au théâtre L’Oiseau vert de Gozzi et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare sont forcément des pierres de touche fondamentales pour celui qui aime construire de grands tableaux d’une richesse visuelle et chorégraphique foisonnante et pour qui le merveilleux est un moyen de rappeler le spectateur adulte – qui aurait tendance à prendre sa position d’amateur éclairé un peu trop au sérieux, à l’opéra surtout – aux plaisirs troubles de l’imagination enfantine. Le terme qui revient le plus dans les critiques de ses spectacles, qu’elles soient ou non positives dans leur verdict final, est le beau mot de « trouvailles ».

C’est sans doute ce qui motive un metteur en scène aussi prolixe et aussi amoureux du travail de plateau à revenir toujours se mesurer avec la même obstination à la lourde et lente mécanique de l’opéra : c’est là que l’on trouve la plus belle machinerie. C’est là que cent personnes, chacune vêtue d’un costume différent, peuvent composer ensemble un gigantesque tableau vivant dans de fourmillants décors, que le metteur en scène aime d’ailleurs à mettre en mouvement et à exhiber sous toutes les coutures sur des plateaux tournants. Les idées visuelles développées dans le cadre du théâtre, plus propice à l’expérimentation, trouvent sur les scènes monumentales comme celle de Bastille un lieu d’expansion et d’épanouissement – ainsi les architectures filiformes de Mille francs de récompense de Hugo dilatées par la suite dans le décor gigantesque des Puritains de Bellini : l’idée scénographique se prête au jeu et prend vie sur le plateau. À l’inverse, le goût des grandes images élaborées à l’opéra vient à son tour marquer les créations plus intimistes au théâtre. En témoigne ce Macbeth dont les acteurs semblent perdus dans une architecture et un mobilier démesurés. Comme tous les créateurs féconds jusqu’à la boulimie, Laurent Pelly et son équipe reprennent et développent la matière de chaque spectacle dans le suivant, faisant communiquer dans les faits les formes et les genres qui sembleraient sinon condamnés à exister chacun dans leurs lieux et pour leur public, sans se rencontrer.

Malgré sa présence continue sur les grandes scènes lyriques, Laurent Pelly a dirigé de 2008 à 2017, avec Agathe Mélinand, le Théâtre National de Toulouse (TNT). Il ne lui suffit pas, comme le dit l’expression de « garder un pied » dans le théâtre, il lui faut conserver ce rapport direct au public, dans son expression locale la plus fidèle, pour poursuivre à son contact l’aventure commencée au plus près de lui, et à son écoute constante, il y a trente-cinq ans. Existe-t-il des « metteurs en scène d’opéra professionnels » ? Malgré son évident métier, Laurent Pelly n’entend pas en devenir un : il préfère envisager, sans exclusivité, son travail dans le milieu lyrique comme un prolongement naturel de son activité d’homme de théâtre, dans une démarche à la régularité et à la versatilité imperturbables. Qu’il aborde le canon du drame ou celui de l’opéra, il essaie d’ailleurs avec la même curiosité d’en repousser les frontières connues en abordant les œuvres les moins montées de Hugo, Goldoni, Rameau, Massenet, Chabrier ou Bellini.

Ces tentatives montrent que l’entertainer qui aime s’adresser au grand public ne voit pas le spectaculaire, dans sa superficielle virtuosité, comme une fin en soi. Son obsession du romantisme est ancrée dans la conscience de la gémellité du grotesque et du sublime formulée par son maître Victor Hugo – lui-même inspiré sur ce point par Shakespeare –, dans la capacité d’un Donizetti ou d’un Massenet de faire virer à chaque instant la comédie en mélodrame, et inversement. L’attrait précoce du metteur en scène pour le théâtre de Strindberg est parlante : derrière le matériau boulevardier d’un triangle amoureux ou d’une crise conjugale se cache une face obscure, nourrie de solitude et de mort. Copi et Ionesco, qui comptent parmi ses auteurs de prédilection, ont revendiqué de n’avoir finalement fait que révéler par le verre grossissant du surréalisme ce qui était déjà contenu dans les farces de Feydeau. La comédie n’est pas moins cruelle que la tragédie, au contraire, elle est d’autant plus cruelle que l’on en rit. L’histoire de la coassante Platée qui se croit très belle, et qui subit un bizutage baroque en bonne et due forme, nous le rappelle sans concession, et le metteur en scène de cette « recréation » n’atténue pas la méchanceté de la satire, au contraire. La Vie parisienne – pour ne citer qu’un autre spectacle très applaudi par un public qui n’y retrouvait pourtant pas une image très reluisante de lui-même –, ce bal improbable de la bourgeoisie en costumes d’aujourd’hui, nous montre bien que, derrière la mécanique théâtrale parfaitement huilée et la chansonnette dont nous sommes invités à reprendre les refrains, le miroir tendu à notre société est fissuré.

Comme les saltimbanques bariolés qui, dans l’Ariane à Naxos de Strauss (montée en 2003 à l’Opéra de Paris), ne doutent pas qu’ils méritent de jouer sur la même scène que les chanteurs lyriques pompiers et vaniteux, Laurent Pelly investit les scènes d’opéra sans se soucier des étiquettes et des protocoles. Il ne cherche pas non plus à être révolutionnaire. Il fait de la musique son théâtre, construit sa proposition avec les chanteurs en suggérant des images, des espaces, en les dirigeant jusque dans les habits qu’il leur fait porter pour les contraindre et les libérer. C’est la seule philosophie dont il se revendique, et elle séduit. Du résultat, il n’admet, toujours, qu’un seul juge : le public.


Aleksi Barrière est dramaturge, metteur en scène et traducteur. Fondateur avec le chef d'orchestre Clément Mao-Takacs de la compagnie La Chambre aux échos, qui se consacre au théâtre musical entre répertoire et création contemporaine, il est l'initiateur de nombreux projets artistiques, pédagogiques et éditoriaux.

La folie en tête

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Un portrait de Julie Fuchs

3:10 min

La folie en tête

Par Felipe Sanguinetti, Simon Hatab

Enfant, Julie Fuchs voulait être danseuse. Mais le destin en a décidé autrement et la voici devenue l’une des interprètes les plus prometteuses de sa génération. Portrait de celle qui enfile la robe de la Folie dans Platée.  

Felipe Sanguinetti est réalisateur et photographe. Après avoir assisté Mario Testino, il a collaboré à l'opéra avec le metteur en scène Robert Carsen (Rinaldo, Iphigénie en Tauride, Don Giovanni, Falstaff, Platée). Il a également travaillé pour le magazine Vogue, pour le site Nowness, ainsi que pour les marques Hermès, Chanel, Elie Saab, Clarins...

  • [TRAILER] PLATÉE by Jean-Philippe Rameau
  • [EXTRAIT] PLATÉE by Jean-Philippe Rameau (Julie Fuchs)
  • [EXTRAIT] PLATÉE by Jean-Philippe Rameau (Lawrence Brownlee)
  • [EXTRAIT] PLATÉE by Jean-Philippe Rameau (Reinoud Van Mechelen, Lawrence Brownlee, Nahuel di Pierro)
  • [EXTRAIT] PLATÉE by Jean-Philippe Rameau (Mathias Vidal)

Accès et services

Palais Garnier

Place de l'Opéra

75009 Paris

Transports en commun

Métro Opéra (lignes 3, 7 et 8), Chaussée d’Antin (lignes 7 et 9), Madeleine (lignes 8 et 14), Auber (RER A)

Bus 20, 21, 27, 29, 32, 45, 52, 66, 68, 95, N15, N16

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Q-Park Edouard VII16 16, rue Bruno Coquatrix 75009 Paris

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Au Palais Garnier, des places à 10 € en 6e catégorie (visibilité très réduite, deux places maximum par personne) sont en vente le jour de la représentation aux guichets du Palais Garnier.

Dans les deux théâtres, des places à tarifs réduits sont vendues aux guichets à partir de 30 minutes avant la représentation :

  • Places à 35 € pour les moins de 28 ans, demandeurs d’emploi (avec justificatif de moins de trois mois) et seniors de plus de 65 ans non imposables (avec justificatif de non-imposition de l’année en cours)
  • Places à 70 € pour les seniors de plus de 65 ans

Retrouvez les univers de l’opéra et du ballet dans les boutiques de l’Opéra national de Paris. Vous pourrez vous y procurer les programmes des spectacles, des livres, des enregistrements, mais aussi une large gamme de papeterie, vêtements et accessoires de mode, des bijoux et objets décoratifs, ainsi que le miel de l’Opéra.

Au Palais Garnier
  • Tous les jours, de 10h30 à 18h et jusqu’à la fin des représentations
  • Accessible depuis la place de l’Opéra ou les espaces publics du théâtre
  • Renseignements au 01 53 43 03 97

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  • Places à 70 € pour les seniors de plus de 65 ans

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