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Eliogabalo
Palais Garnier - du 16 septembre au 15 octobre 2016
Eliogabalo
Francesco Cavalli
Palais Garnier - du 16 septembre au 15 octobre 2016
3h40 avec 2 entractes
À propos
En quelques mots :
« Eliogabalo est langoureux, efféminé, libidineux, lascif ; regarde, observe, que le ciel te protège. »Lenia, Acte I, scène 11
Violents, terribles et fascinants, Caligula, Néron ou Héliogabale ont eu des vies dont la brièveté, l’ambivalence et la cruauté ont inspiré de nombreux écrivains. « L'anarchie, au point où Héliogabale la pousse, c’est de la poésie réalisée », écrivait Antonin Artaud, magnifiant la lutte d’un homme contre les conventions et l’ordre d’un monde. En 1667, Cavalli avait, pour le dernier opéra qu'on lui connaisse, choisi de s’attacher à cet empereur, si jeune et si pervers, qui délaissa l’action politique pour l’inquiétude de sa seule jouissance. Opérant un systématique renversement des valeurs admises, Héliogabale habille les hommes en femmes et place les femmes au sénat, honore les serviteurs dévoyés et humilie les généraux. Œuvre baroque et carnavalesque, Eliogabalo n’est pas pour autant un opéra qui prône le retour à l’ordre. Thomas Jolly et Leonardo GarcÍa Alarcón, découvreur de trésors baroques, se gardent bien de faire d’Eliogabalo une icône sublime qui humilierait la vertu. Le chef d’orchestre et le jeune metteur en scène, qui montent ici leur première production pour l’Opéra de Paris, assument au contraire les contradictions et les ambiguïtés du personnage.
PERSONNAGES
Eliogabalo : Empereur de Rome
Alessandro : Cousin et héritier d’Eliogabalo
Gemmira : Sœur de Giuliano, promise à Alessandro mais convoitée par Eliogabalo
Giuliano : Préfet de la garde prétorienne, épris d’Eritea
Eritea : Jeune femme déshonorée par Eliogabalo, amoureuse de Giuliano
Zotico : Confident et favori d’Eliogabalo
Lenia : Nourrice d’Eliogabalo
Nerbulone : Cocher, fiancé de Lenia
Atilia Macrina : Jeune fille éprise d’Alessandro
Tiferne : Gladiateur
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Eliogabalo
Opéra en trois actes (1999), création posthume
En langue italienne
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Représentations
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Galeries
Vidéos
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Eliogabalo - Francesco Cavalli
— Par En partenariat avec France Musique
Coulisses
© Olivier Metzger Modds
02:18’
Vidéo
Thomas Jolly
Rencontre avec le metteur en scène d’Eliogabalo
© Nan Goldin
Podcast
Podcast Eliogabalo
"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique
07’
-
En partenariat avec France Musique
Avec « Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris », nous vous proposons des incursions originales dans la programmation de la saison à la faveur d’émissions produites par France Musique et l’Opéra national de Paris. Pour chacune des productions d’opéra et de ballet, Judith Chaine pour le lyrique et Stéphane Grant pour la danse, vous introduisent, avant votre passage dans nos théâtres, aux œuvres et aux artistes que vous allez découvrir.
© Olivier Metzger
Article
Portrait de Thomas Jolly en rock star
Le metteur en scène fait ses débuts à l'opéra
09’
Du 14 septembre au 15 octobre, Thomas Jolly fait ses débuts à l'opéra avec Eliogabalo, une rareté baroque
de Francesco Cavalli. En dix ans et deux Shakespeare, le metteur en scène a connu une ascension fulgurante et s'est imposé comme l'un des représentants incontournables de la nouvelle génération.
Thomas Jolly est enthousiaste en ces premiers jours de répétitions : face à Franco Fagioli, Paul Groves et Nadine Sierra, il ne tient pour ainsi dire pas en place. Il ne cesse de franchir d’un bond l’espace qui sépare la scène de sa table de travail, où il campe en compagnie de sa studieuse équipe artistique, pour affiner un geste ou préciser une intention. Il fait passer ses indications avec l’humour et la jovialité qui le caractérisent. Lorsqu’on l’avait rencontré il y a maintenant presque un an, il avait déclaré : « Je suis avant tout comédien, je mets en scène à partir de mon expérience intime du plateau. » À l’époque, on lui avait demandé si, en passant du théâtre à l’opéra, il ne vivrait pas comme un manque de ne pouvoir jouer dans ses propres spectacles. Ces premiers jours de répétitions ont répondu à notre question.
À trente-quatre ans, celui qui fait ses débuts à l’opéra aurait tort de bouder son plaisir. En moins de dix ans, il est passé de l’ombre à la lumière, du statut de jeune espoir à celui de metteur en scène que tout le monde se dispute : une ascension fulgurante pour cet « enfant du théâtre public », comme il aime à le répéter : « J’ai enchaîné l’option théâtre au lycée, le conservatoire et l’école du Théâtre National de Bretagne : je n’ai jamais déboursé un centime pour apprendre mon métier. » Un passage au TNB qui l’amène à fréquenter les classes de Claude Régy, Jean-François Sivadier et Stanislas Nordey : trois générations de metteurs en scène qui incarnent chacun à leur manière une certaine idée du théâtre français et que Thomas Jolly ne renie pas : « Ils m’ont éveillé. »
Après une première création – Arlequin poli par l’amour de Marivaux – il participe avec Toâ de Sacha Guitry au bien nommé Festival Impatience, qu’Olivier Py vient de mettre en place à l’Odéon. Le directeur du Théâtre de l’Europe est séduit par la fantaisie du jeune metteur en scène. Il l'invitera lors de sa première édition du Festival d’Avignon avec Henry VI, qui mobilisera la compagnie quatre ans. Le résultat ? Un spectacle monumental, démesuré, déraisonnable, dix-huit heures de Shakespeare déclamées avec fièvre. Les spectateurs entrent dans la salle à dix heures et en ressortent à quatre heures du matin, abasourdis par cet OVNI théâtral. Tout le monde parle de Thomas Jolly. L’année suivante Richard III vient clore le cycle shakespearien et parachève le sacre du metteur en scène.
Ses admirateurs qui le suivent spectacle après spectacle évoquent l’atmosphère électro de ses Shakespeare.
Ce mélange des genres, il le revendique : « Il y a chez Thomas une volonté d’investir le théâtre en y important les codes de la pop culture afin de pouvoir toucher un autre public, commente Alexandre Dain. Il est d’une génération qui a grandi avec la télévision, les mangas, les jeux vidéo. Il l’assume pleinement. Lorsqu’il explique ses intentions aux interprètes, il adore puiser dans ces références mainstream. » Si vous passez sur le site de la Piccola Familia, vous pourrez d’ailleurs jouer à Richard III Attacks ! Ce jeu vidéo initié par la compagnie vous permet d’incarner le roi monstrueux du drame shakespearien dans un labyrinthe de type Pacman, avec pour objectif d’accéder au trône en supprimant tous les ennemis qui vous font obstacle.
Cette capacité à sortir du cercle des amateurs de théâtre pour toucher le grand public lui vaut aujourd’hui d’être courtisé par la télévision – un privilège rare qu’il partage avec quelques-uns de ses confrères comme Olivier Py ou Joël Pommerat. Cet été, ses chroniques d’Avignon ont été diffusées chaque jour à la télévision pendant toute la durée du Festival et vues par quelques millions de téléspectateurs. En février dernier, il avait été invité pour présenter Richard III sur le plateau de On n’est pas couché - l’émission d’infotainment du samedi soir – lors de laquelle il partageait l’affiche avec Jean-Luc Mélenchon et Pascal Obispo. Outre cet éloge inhabituel du chroniqueur Yann Moix – « Vous avez du génie ! » - cette interview lui valut cette question-piège de la journaliste Léa Salamé : « À votre avis, qui serait aujourd’hui le monstrueux Richard III ? » Mais on ne fréquente pas assidûment Shakespeare sans être rompu aux ruses du débat politique, et Thomas Jolly répondit à cette question par une autre, laissant parler le texte : « La véritable question que pose Richard III est plutôt celle-ci : - Qui est assez grossier pour ne pas voir ce palpable artifice, mais qui est assez hardi pour dire qu'il le voit ? » Une réponse qui suffit à crucifier l’auditoire.
En 2006, lors de la création de la Piccola Familia, Thomas Jolly avait résumé en une formule poétique sa conception du travail collectif : « Travailler ensemble et puis se quitter un petit peu, se donner des nouvelles, aller voir ailleurs, s’envoyer une carte postale. » Dix ans plus tard, la compagnie est toujours là et continue de porter la plupart de ses projets. « Le temps tient une place prépondérante dans le travail de Thomas, selon Alexandre Dain. Il croit beaucoup aux laboratoires théâtraux qui nous permettent de travailler ensemble très en amont de la création, de nous séparer en laissant mûrir le projet puis de nous retrouver. » En passant du théâtre à l’opéra, il a essayé de recréer un peu de cet esprit de famille : pour Eliogabalo, il a mené durant un an un dialogue continu avec le chef Leonardo García Alarcón. Il a également demandé à organiser une lecture du livret en mai dernier en faisant jouer les rôles par des acteurs de sa compagnie, afin de pouvoir en laisser surgir les enjeux et de confronter son point de vue à ceux du chef, de sa dramaturge, de son scénographe, du traducteur…
Retour aux répétitions : la scène lors de laquelle l’Empereur projette de faire empoisonner Alessandro et d’abuser de Gemmira. On se demande comment le caractère « solaire » de Thomas Jolly - comme le décrit son ancien mentor Stanislas Nordey – peut saisir des personnages aussi noirs que Richard III ou Eliogabalo, auxquels il s’est consacré ces dernières années… L’ombre, l’inquiétude, l’intranquillité, il faut aller les chercher ailleurs : « Nous vivons actuellement des temps troublés, une époque marquée du sceau de l’angoisse et de la division. Nous cherchons à inventer de nouveaux espoirs politiques. Ce sont ces interrogations que je traque à travers ces grands monstres politiques. Ce sont d’ailleurs moins les monstres en eux-mêmes qui m’intéressent que les contextes qui les ont fait apparaître et ce qu’ils disent de nos sociétés. »04:04’
Vidéo
Cavalli, le musicien poète
Entretien avec Leonardo García Alarcón
À la tête de son ensemble Cappella Mediterranea, le chef argentin Leonardo García Alarcón fait exploser les structures de la partition d’Eliogabalo pour en révéler les multiples facettes. En fin connaisseur de Cavalli, il revient sur ce compositeur majeur du baroque et sur sa collaboration avec le metteur en scène Thomas Jolly.
© Sølve Sundsbø / Art + Commerce
Article
Eliogabalo cousu d’or
Entretien avec Gareth Pugh
12’
Vous concevez pour la première fois les costumes d’un opéra. Etait-ce un désir de longue date ?
Gareth Pugh : J’ai depuis toujours un attrait pour la scène. Âgé de quatorze à seize ans, chaque été pendant les vacances scolaires, j’ai suivi des stages de créateur-costumes aux ateliers du National Youth Theatre à Londres. Ce n’était pas exactement ma première expérience en design de mode, dans la mesure où il s’agissait davantage de contribuer à la vision d’un autre plutôt que de concevoir les costumes soi-même. Ce n’est pas avant mon entrée au Central Saint Martins College que j’ai commencé à faire du stylisme mais mon éducation théâtrale a indéniablement marqué mes années de formation.
Comment cette initiation adolescente au théâtre a-t-elle influencé votre travail ?
De nombreux artistes du show business portent vos vêtements : Kylie Minogue, Lady Gaga, Rihanna, etc. La superstar Beyoncé Knowles a déclaré se sentir pleinement capable d’incarner son alter-ego scénique Sacha Fierce en portant vos créations. Pensez-vous que ce soit dû à la forte théâtralité de votre esthétique ?
Comment avez-vous rencontré Thomas Jolly et rejoint l’équipe artistique d’Eliogabalo ?
Qu’est-ce qui vous a convaincu de participer à ce projet ?
G. P. : Je suis fasciné par l’opéra et le ballet parce qu’à mes yeux ces deux formes d’art représentent des phénomènes de la nature. Ce dont sont capables les danseurs classiques avec leur corps et les chanteurs d’opéra avec leur voix est simplement incroyable. La manière dont ils expriment des émotions est si singulière à leur forme d’art que c’est un privilège d’y participer. Alors que ma collaboration au projet était encore en discussion, un ami m’a suggéré de lire le récit à la première personne d’Antonin Artaud sur la vie du jeune empereur, Héliogabale ou l’anarchiste couronné. Depuis, j’emmène le livre partout avec moi. J’ai trouvé l’histoire absolument captivante et pensé qu’elle avait beaucoup de résonances contemporaines.
Le concept de chaos était-il au centre de votre compréhension de l’œuvre ?
Pour les costumes d’Eliogabalo, avez-vous été inspiré davantage par l’époque baroque de la composition de l’opéra ou par l’Antiquité romaine dans lequel il est ancré ?
Avez-vous également voulu mettre l’accent sur l’ambiguïté sexuelle d’Eliogabalo ?
Dans l’opéra, non seulement la frontière entre les sexes est trouble mais aussi la frontière entre les hommes et les dieux…
G. P. : Tout à fait. Une autre idée importante qui transparait dans les costumes est le fait qu’Eliogabalo est un dieu-soleil autoproclamé. Étant britannique, la reine Elizabeth Ire me vient à l’esprit. Elle avait l’habitude de se peindre le visage et de porter des tenues austères, se présentant comme une divinité sur terre pour appuyer sa domination. J’ai travaillé avec la Royal Gallery à Londres à l’occasion d’une exposition sur Elizabeth Ire; ils étaient les pionniers du power dressing, une version historique de Thierry Mugler ! Les silhouettes triangulaires de la période des Tudors ont été une source d’inspiration importante pour les costumes d’Eliogabalo. Il suffit de regarder la Tour Eiffel pour comprendre l’importance des triangles. Ils sont la forme la plus forte en physique par exemple. La façon dont une silhouette triangulaire dirige toute l’attention sur le visage et tend vers le ciel – donc vers les dieux – créé une impression de pouvoir et d’être intouchable. Mais les gens finissent par voir au-delà des apparences. Et très justement, le livret situe la scène de la chute d’Eliogabalo au moment où il se baigne. C’est lorsqu’il est le moins habillé qu’il est le plus vulnérable. Le spectacle se termine sur l’image d’Eliogabalo qui ressort d’un bassin le corps recouvert d’or, avant d’être tué. Comme s’il s’était lui-même condamné en voulant devenir immortel.
Avez-vous collaboré étroitement avec Thomas Jolly pour la conception des costumes ? Quelle part de liberté vous était attribuée ?
Comment décririez-vous le processus de création pour une institution comme l’Opéra de Paris ?
G. P. : Ce fût une expérience incroyable. Pour le ballet de McGregor, on me donnait des mannequins et je travaillais très près du corps. Avec Eliogabalo, le processus a été très différent. Le travail a été réparti entre mon studio à Londres et l’Opéra. Nous avions imaginé les modèles et il s’agissait dans les ateliers de déterminer la meilleure manière de les concrétiser. Bien entendu, il y a eu des limites, par respect des interprètes. Il n’était pas question d’utiliser certains accessoires, qui sont ma marque de fabrique, comme les masques. Nous poussions les créations aussi loin que nous le pouvions tout en nous assurant qu’il soit facile d’évoluer avec sur scène. Les costumes ne sont pas tous extravagants ou percutants. On prend en compte les interprètes en priorité et ce qui doit se passer sur scène. Les premières répétitions informent nos choix. Par exemple, nous avions créé d’imposantes manches pour la scène des gladiateurs, mais nous les avons adaptés à la chorégraphie par la suite. Lors des défilés, mes filles et mes garçons ont juste à marcher le long du podium ; ici, c’est un peu plus complexe ! (Rires) Mais qu’on ne se méprenne pas : les contraintes stimulent l’imagination. Et le personnel des ateliers est très talentueux, avec des doigts de fée. Ce fut un privilège de faire partie de cette aventure.
Comment votre collaboration avec des artistes invités à l’Opéra de Paris nourrit-elle votre travail personnel ?
G. P. : Assez naturellement. Par exemple, j’ai eu la chance de rencontrer Marie-Agnès Gillot l’année dernière grâce à Wayne McGregor et nous avons développé une amitié artistique. Elle a une personnalité formidable, je lui ai demandé d’inaugurer ma dernière collection. Comme je l’ai dit, elle était centrée sur une puissante figure féminine donc Marie-Agnès était parfaite pour l’emploi. L’industrie de la mode peut être assez cynique, donc quelqu’un comme elle, si curieuse et prête à se dépasser, m’inspire beaucoup. J’ai le sentiment d’appartenir davantage à ce monde-là. En ce qui concerne ma prochaine collection, comme je n’avais jamais conçu de costumes pour un opéra, j’ai abordé ce travail comme une collection à part entière. Ainsi, il y a beaucoup de modèles destinés à l’opéra qui sont repris et adaptés pour le défilé. Les costumes d’Eliogabalo et ma prochaine collection se croisent et se complètent, tout en restant des entités différentes. Mon défilé à la Fashion Week de Londres débute exactement 24 heures après la première de l’opéra ! Cela va être un véritable casse-tête logistique de me ramener à Londres à temps et prêt pour le défilé mais le défi est excitant !
Mécènes et partenaires
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Les avant-premières bénéficient du soutien exceptionnel de la Fondation BNP Paribas
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Mécène des retransmissions audiovisuelles de l'Opéra
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Avec le soutien de l'AROP
Ce spectacle fera l’objet d’une captation audiovisuelle
Une co-production Opéra national de Paris et CLC avec le soutien du CNC et la participation de France 2, réalisée par Julien Condemine et Roberto Maria Grassi.
Diffusion en direct sur Culturebox le 7 octobre.
Diffusion sur France 2 ultérieurement et sur France Musique le 16 octobre.
Partenaires médias et techniques
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Coproducteur de la captation
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