Guergana Damianova/OnP

Opéra

Le Barbier de Séville

Gioacchino Rossini

Opéra Bastille

du 11 janvier au 12 février 2020

3h15 sans entracte

Le Barbier de Séville

Opéra Bastille - du 11 janvier au 12 février 2020

Synopsis

S’inspirant de la comédie de Beaumarchais, Rossini en conserve toute la fougue pour créer ce bouillonnant opera buffa. Originaire de Venise, berceau de la commedia dell’arte, Damiano Michieletto est sensible à la veine burlesque de la musique rossinienne. Il transpose l’action de cette « précaution inutile » dans une Séville contemporaine inspirée du cinéma d’Almodóvar. L’immeuble monumental de Bartolo, au sein duquel Figaro tourbillonne en électron libre, permet au metteur en scène de donner libre cours à son imagination déjantée.

Durée : 3h15 sans entracte

Langue : Italien

Surtitrage : Français / Anglais

  • Ouverture

  • Première partie 100 min

  • Entracte 30 min

  • Deuxième partie 65 min

  • Fin

Artistes

Opera buffa en deux actes (1816)

D'après Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

Équipe artistique

Distribution

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

Production originale du Grand Théâtre de Genève

Galerie médias

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  • Podcast Le Barbier de Séville

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© Charles Duprat / OnP

Un nouveau Comte à Bastille

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Entretien avec le jeune ténor Xabier Anduaga

4:12 min

Un nouveau Comte à Bastille

Par Konstantinos Aspiotis

Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini revient, cette saison, à l'Opéra Bastille. C'est dans un immeuble à l'intérieur populaire et coloré évoquant les films italiens des années soixante que le metteur en scène Damiano Michieletto a choisi de situer sa production. À cette occasion, Octave a rencontré Xabier Anduaga, jeune ténor espagnol faisant ses premiers pas sur la scène de l'Opéra de Paris dans le rôle du Comte d'Almaviva. Il revient sur son parcours, les caractéristiques musicales de la partition de Rossini et les défis vocaux et scéniques de son rôle.


Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini
C’est que, transcendant l’esprit de la comédie de Beaumarchais comme le genre buffa, le compositeur y réalise la rencontre entre l’absurde et un certain réalisme satirique, grâce à une musique dont le rythme et la virtuosité inscrivent les effets comiques dans une dramaturgie continue....

Podcast Le Barbier de Séville

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"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique

08 min

Podcast Le Barbier de Séville

Par Charlotte Landru-Chandès, France Musique

Avec « Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris », nous vous proposons des incursions originales dans la programmation de la saison à la faveur d’émissions produites par France Musique et l’Opéra national de Paris. Pour chacune des productions d’opéra et de ballet, Charlotte Landru-Chandès pour le lyrique et Jean-Baptiste Urbain pour la danse, vous introduisent, avant votre passage dans nos théâtres, aux œuvres et aux artistes que vous allez découvrir. 

Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini
C’est que, transcendant l’esprit de la comédie de Beaumarchais comme le genre buffa, le compositeur y réalise la rencontre entre l’absurde et un certain réalisme satirique, grâce à une musique dont le rythme et la virtuosité inscrivent les effets comiques dans une dramaturgie continue....

© Jérémie Fischer

Le flirt de Figaro

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Le travesti amoureux

09 min

Le flirt de Figaro

Par Stéphanie Hochet

Figaro et Alban sont copains de classe. À première vue, tout semble les séparer : l’un est charmeur et populaire, l’autre timide et réservé. Mais si Alban peut aider Figaro à faire remonter ses notes en mathématiques, Figaro peut bien aider Alban à séduire une jeune fille. La belle Rosine du Barbier de Séville revit sous la plume de Stéphanie Hochet qui s’amuse à tromper les cœurs en transposant les mœurs. Sur fond de déterminisme social et étude de genre, l’auteure révèle la vérité des passions amoureuses : qui sommes-nous quand nous aimons ? 


Figaro et Alban se connaissent depuis la classe de 5e, mais ils ne sont pas les meilleurs amis du monde. À l’âge de 16 ans, ils se retrouvent dans la même classe, la Première B du lycée Ronsard à Paris. A priori, rien ne les rapproche. Autant Figaro est un type facile à aborder, chaleureux, au physique plutôt costaud, autant Alban est un grand gaillard maigrelet et plutôt réservé. Figaro vient au lycée habillé d’un blouson de cuir et porte toujours le même jean délavé-usé. Alban est souvent vêtu de chemises Ralph Lauren et de vestes bien coupées. Rien d’étonnant, les deux garçons viennent de milieux très différents. Figaro affirme ses origines prolétariennes avec une fierté toute communiste, quand Alban préfère éviter de dire qu’il vit dans un 162 m2 dans le XIVe arrondissement et que oui, la bague à son doigt est bien une chevalière héritée de son grand-père sur laquelle on peut voir les armoiries de la famille : deux chats hérissonnés. Alban n’est pas stupide, il a bien remarqué que ses origines sociales n’étaient pas les plus appréciées au lycée où l’on préfère les dégaines de canailles.

Pourtant, en cette rentrée scolaire, les choses évoluent. Le simple fait de se retrouver dans la même classe amène Alban et Figaro à se parler plus qu’auparavant. Figaro comprend peu à peu qu’Alban pourrait lui être utile pour ses devoirs de math. Ce dernier est clairement le meilleur de la classe dans ce domaine. Figaro sue pour parvenir à un niveau moyen. Alban a reçu des cours particuliers, Figaro a déjà de la chance d’avoir une mère qui l’encourage à faire des études. Le garçon filoute naturellement. Il prend l’habitude de s’assoir près d’Alban lors des devoirs sur table, histoire de « vérifier » ses réponses sur la copie de son camarade. Les notes de Figaro s’améliorent. Alban est plus flatté d’attirer un garçon aussi populaire que Figaro que froissé par sa grossièreté. Alban n’a presque pas d’amis au lycée. Ses fréquentations sont celles de son club d’équitation, à Vincennes. Il n’a jamais réussi à se rendre aimable dans le milieu scolaire.

Les deux garçons deviennent amis. Même si ni l’un ni l’autre n’est dupe de l’aspect intéressé de cette amitié.

Peu à peu, Alban perd son côté rigide et parle avec plus d’aisance à Figaro. Ce dernier s’amuse des manières empêtrées de son nouvel ami et le taquine avec gentillesse.

Au début de l’hiver, lors d’un cours d’histoire, Alban prend son courage à deux mains et demande à Figaro :

- Tu es célibataire en ce moment ?
- Oui.
- Ça m’arrange, dit Alban.

Figaro le regarde avec un air mi surpris-mi amusé.

- Explique-moi ça.
- Je suis tombé amoureux et j’aimerais ton aide.
- Tu ne sais pas te débrouiller seul ? demande Figaro dont les flirts sont nombreux et réputés.
- C’est compliqué. Elle est déjà en couple. Avec un idiot de la pire espèce.
- Qui est-ce ?
- Elle s’appelle Rosine, c’est la plus jolie fille que j’aie jamais vue de ma vie. Je l’ai remarquée il y a un mois et j’ai découvert son histoire avec ce crétin de Flavien il y a deux semaines. Ça m’a broyé le cœur. Je n’en dors plus.

Figaro observe le visage d’Alban. Sous ses yeux, des cernes violets disent qu’il n’a pas menti. Quel drôle de type, cet Alban. Figaro soupçonne qu’il est parfaitement gauche avec les femmes.

- Je vais voir ce que je peux faire pour t’aider. Flavien a des failles que je connais bien. Il est très naïf aussi.
- Je te revaudrai ça ! »

Durant la suite du cours, l’un et l’autre semblent concentrés sur le récit des poilus qui se battent dans les tranchées.

Figaro copine avec n’importe qui. Son charme opère très vite et sa réputation de type populaire (cool, entreprenant avec les filles, insolent avec les professeurs, anarchiste assumé et bien agréable à regarder) le précède et flatte qui l’écoute.

Quand Flavien le voit venir vers lui durant la récréation, il s’étonne mais sourit irrépressiblement.

- Comment vas-tu, mon pote ?
- Bien, et toi ?
- J’organise une petite soirée dans un bar sympa vendredi, ça te dit de venir ?
- Pourquoi pas ! Je viendrai avec Rosine.
- Viens seul, c’est une soirée entre mecs. On y discute nanas tranquillement. J’apporte un cognac dont tu me diras des nouvelles.

Flavien est un peu décontenancé par cette invitation. Il trouve l’idée étrange mais rien n’est tellement étonnant venant de Figaro, ce type aux allures de star du rock qui intimide même certains profs - une rumeur prétend que Figaro aurait eu une aventure avec une enseignante de biologie.

Flavien sort avec Rosine depuis un peu plus d’un mois. Ces derniers temps, ils ont été fusionnels au point de ne plus rien faire l’un sans l’autre. Flavien qui a toujours été indépendant et un peu volage se réjouit de cette sortie entre mecs. Rosine comprendra, c’est une fille intelligente.

Voici justement que Rosine traverse la cour pour le rejoindre. Ce petit gabarit fluet aux yeux verts et aux cheveux roux éveille facilement chez les garçons désir et amour. Elle est vive comme un feu follet, gaie comme un pinson, fragile comme un pétale de rose, timide comme une vierge de la Renaissance. Elle adresse à Flavien un regard qui ne trompe pas.

« Comment peut-elle être amoureuse de ce bouffon ? », songe Figaro. « On va y remédier. »

Elle demande à Flavien :

- On se voit vendredi ?
- Non, je suis déjà pris.
- Le lendemain, alors ?
- Si je peux, je te téléphonerai, dit-il en regardant l’écran de son Iphone.

Étonnée, la jeune fille s’en va.

- Charmante mais un peu collante, tu sais ce que c’est, dit Flavien à Figaro.
- M’en parle pas, répond Figaro en réprimant son envie de le gifler. Ça te fera du bien de sortir sans elle, d’autant plus que je veux te présenter quelqu’un.

Figaro explique son projet à Alban :

- Vendredi soir, tu t’appelleras Alma. Tu mettras en valeur cette taille fine que les filles t’envient. J’apporterai des jupons et du maquillage.
- Puis-je emprunter une perruque de ma mère ?
- Oui, c’est une excellente idée. Il s’agira de prendre Flavien dans tes filets. Et moi, je serai là pour faire de belles photos.

Alban éclate de rire.

- Et s’il me reconnaît ?
- Seule une fille serait assez fine pour ça.

Le déguisement est un succès : Alma se regarde dans le miroir avec une stupéfaction émerveillée.

- Ah, tu ris de te voir si belle en ce miroir ? dit Figaro. Si je n’étais pas au courant, je te draguerais.
- Quel dommage que tu sois au courant.

Les deux garçons se rendent au Paon, quartier général de Figaro. Leur entrée produit son effet. Tout le monde dévisage la belle inconnue.

- Présente-moi, demande Flavien à Figaro.
- Alma, je te présente Flavien. Flavien, voici Alma.

- Comment se peut-il que nous ne nous soyons jamais croisés ?

D’une voix contrefaite, Alma répond, les yeux baissés :

- Si tu savais le nombre de fois que je t’ai vu sans que tu me regardes.

Il n’en faut pas plus à Flavien pour s’enflammer.

- Réparons cette erreur aussitôt !
- Trinquons à votre rencontre ! intervient Figaro.

Les garçons vident cul sec leur verre de cognac.

- Pour une frêle demoiselle, tu sais boire !
- J’ai d’autres descentes remarquables.

Figaro se retourne soudain pour étouffer un éclat de rire.

- J’ai l’impression que vous n’avez plus besoin de moi. Je vous laisse, je vois Jérôme qui n’a plus assez de cognac.
- Pourquoi ai-je l’impression d’une première fois ? demande Flavien.
- Parce que c’est le cas.
- C’est impossible à croire.
- C’est la première fois que je ressens la magie que j’inspire. Jusqu’à présent, je n’avais été qu’une figurante. 
- Pourquoi moi ?
- Cela fait si longtemps que tu m’obsèdes.
- Mais, raconte ! Nous sommes dans le même lycée ?
- Je te croise dans la rue depuis que j’ai 10 ans.

Flavien a la bouche sèche et les tempes en feu. Il attrape le poignet de la jeune fille dans un mouvement de désir.

- Il faut que je te voie en privé. Très vite !

Alma approche ses lèvres de celles de Flavien, non sans avoir vérifié que Figaro les photographiait avec son portable. Le baiser n’en est que plus spectaculaire. Ensuite, Alma s’enfuit sans un mot d’explication. Flavien rejoint Figaro :

- Tu avais raison. Je n’avais jamais rencontré une fille pareille.

Durant la récréation, Figaro rejoint Rosine avec une expression peinée.

C’est toi qui sors avec Flavien ?

La playlist du Barbier de Séville


Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini
C’est que, transcendant l’esprit de la comédie de Beaumarchais comme le genre buffa, le compositeur y réalise la rencontre entre l’absurde et un certain réalisme satirique, grâce à une musique dont le rythme et la virtuosité inscrivent les effets comiques dans une dramaturgie continue....

© Luigi Caputo

La mauvaise éducation

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Damiano Michieletto galvanise Le Barbier de Séville

08 min

La mauvaise éducation

Par Solène Souriau

L’Opéra Bastille remet à l’affiche la production du Barbier de Séville de Damiano Michieletto, jeune metteur en scène très prisé qui électrise l’opera buffa de Rossini. Pour notre plus grand plaisir !

Lorsque le rideau se lève à l’Opéra Bastille sur la production de Damiano Michieletto, ces murs d’immeubles tagués, ce bar, le « Barracuda », et son enseigne en lettres roses néon – où se prélassent quelques habitués - cette vieille Ford bleue parquée au milieu de la scène peuvent surprendre le spectateur. En transposant l’intrigue dans le quartier populaire d’une ville méditerranéenne archétypale, le metteur en scène italien reproduit un quotidien ordinaire d’aujourd’hui, dans ses détails les plus typiques : jeu de cartes, bières entre voisins, vêtements suspendus aux fenêtres. Toutefois, le spectateur, aujourd’hui plus familier de ces audaces, s’y reconnaît très vite. Le balcon, élément iconique du livret et sur lequel repose l’intrigue entière n’a pas disparu : il opère toujours la liaison entre un extérieur ouvert et le confinement du monde domestique, seule garantie pour Rosina d’un unique espace de liberté qui est aussi, plus largement, celui de l’opéra. 

Pour Michieletto, un seul décor suffit et, à l’aide d’une tournette, il fait apparaître tour à tour la façade de l’immeuble ou l’intérieur de la maison du Docteur Bartolo. Cette coupe d’espace, matérialisée par un jeu d’inversion où l’intérieur est aussi suggestif que l’extérieur, laisse place à celle, plus symbolique, d’un huis clos intérieur écrasant qui étouffe les désirs d’émancipation de la jeune fille. Si les balcons et fenêtres sont sans cesse habités et fourmillants, évoquant les films italiens des années soixante, l’intérieur populaire et coloré rappelle les intérieurs des films d’Almodovar, les photographies de Robert Polidori ou encore les romans chauds et turpides de Federico García Lorca. 

Ce sont autant de références qui viennent nourrir l’univers du metteur en scène italien qui souhaite, de toute évidence, replacer son barbier de Séville dans une riche tradition populaire, sociale et latine. Comme la chambre de Bartolo, débordant de vieux trophées et de dossiers, trahit l’avarice du personnage, le metteur en scène mobilise un fourmillement scénique, une accumulation d’informations, pour épaissir ses personnages et les doter d’un passé tangible. Il n’hésite pas non plus à resserrer les liens entre les personnages – Berta n’est plus la femme de chambre mais la sœur de Bartolo- afin d’ancrer l’opéra, non pas dans une comédie sociale où les problématiques rejoignent des questions de pouvoir, mais dans une histoire de famille plus profonde.

Rossini aujourd’hui

« Pour moi, il est évident que tous les livrets utilisés par Rossini nous parlent de la vie d’aujourd’hui et du monde actuel. » Comme l’explique le metteur en scène, actualiser le livret est la seule manière de rendre vivante cette comédie : « Les problèmes sont toujours les mêmes. L’histoire raconte l’oppression d’une jeune femme par un homme qui la désire sexuellement. Le vrai problème n’est pas l’argent. ». Ainsi les personnages, à en juger les croquis de la costumière Silvia Aymonino, sont plus inspirés d’icônes pop du XXe siècle que par la mode du XVIIIe. Le comte a des airs de Pete Doherty et l’ombre d’une Penelope Cruz plane sur Rosina. Les murs de sa chambre, tapissés de posters de chanteurs et de jeunes acteurs - on remarque surtout celui de Johnny Depp – nous rendent cette captive familière et voisine. Rosina n’est plus la pupille aristocratique, bien élevée et languissante mais une adolescente, dans toute son actualité, insolente et déterminée. 

Nous sommes loin de la version de Beaumarchais qui soulignait la noblesse et l’élégance du personnage (il est vrai que nous avons du mal à imaginer cette Rosina devenir la comtesse des « Noces »). Seulement, cette méridionale exubérante se rapproche finalement de la version de Rossini et Sterbini, qui se montre intraitable face à son persécuteur et dont certains airs comme « Questo cane de tutore, ah che rabbi ache mi fa ! », sont d’une étonnante brutalité. Mais n’oublions pas ce que disait Stendhal : « Rosine est plus rusée et malicieuse qu’amoureuse », et Michieletto semble être aussi de cet avis.

© Bernard Coutant / OnP

De plus, le metteur en scène cherche à investir ses personnages d’une profondeur réflexive et se refuse à les réduire sommairement à des parangons évidés de la comédie de caractère. Il leur confère une réelle personnalité et opte pour des interprétations tranchées. Le Comte, par exemple, agit comme un homme dont la condition sociale et l’aisance excusent une frivolité espiègle et un manque de sérieux. Selon lui, il ne serait venu chercher dans cette aventure qu’un divertissement passager et presque libertin. 

Cette vision de l’homme privilégié rejoint, du reste, la version originale de Beaumarchais où le comte explique qu’il cherche désespérément une jeune femme « qui s’appelle Rosine, d’un sang noble, orpheline et mariée à un vieux médecin de cette ville nommé Bartolo. ». Même si le Comte se trompe et que Rosine n’est encore que la pupille de Bartolo, l’envie qui le pousse n’est certainement pas celle de signer un contrat de mariage. Contre toute attente, le personnage de Bartolo attire le metteur en scène et semble susciter chez lui de profonds sentiments d’empathie : « J’aime beaucoup Bartolo. C’est un homme qui souffre de la solitude et qui aimerait être aimé. Il sera toujours un perdant. Hier, aujourd’hui et demain. J’avoue me reconnaître un peu en lui… »    

Éviter la répétition

Cette saison, le spectateur assistera à la reprise de cette production que Damiano Michieletto désire plus vivante que jamais. « Je travaille avec les chanteurs et lorsqu’il s’agit d’un nouveau cast et de différents corps, alors de nouvelles idées jaillissent et je peux développer et améliorer le spectacle. Une mise en scène n’est jamais parfaite, il y a toujours des choses à découvrir. » Et dès le premier jour des répétitions, il observe attentivement les chanteurs pour ensuite s’ajuster à leurs enjeux tout en restant le plus proche de ses ambitions initiales. En seulement quelques commentaires, il reprend chaque personnage et explique son intention derrière chaque geste, chaque action. Car Damiano Michieletto travaille avec les corps vivants, leur morphologie et il s’appuie aussi bien sur leurs capacités que leurs limites. 

Selon lui, la chose primordiale est de transmettre de l’énergie aux chanteurs qui, confrontés à un nouveau décor de reprise, peuvent s’en sentir étrangers : « Il faut à tout prix éviter la répétition. Je leur donne de l’énergie pour qu’ils puissent s’approprier la mise en scène car, s’ils ont l’impression que ce n’est pas leur spectacle, alors le public aura lui aussi cette impression. »

© Bernard Coutant / OnP
Rester vivant : voici donc l’obsession de Damiano Michieletto. Dans une esthétique réaliste, le metteur en scène opte pour un temps ininterrompu sans pause avec une musique qui défile les plus grands airs du répertoire dans un décor qui défile lui aussi. Cette esthétique réaliste laisse cependant place à des moments de folie, comme le climax à la fin de l’acte I, où les personnages sont saisis par un sentiment qui les dépasse : la musique prend possession de chacun et initie une course effrénée. Par d’habiles changements de lumière, l’œuvre bascule dans une ronde échevelée où les personnages, les musiciens, l’opéra lui-même sont en proie à une frénésie désincarnée, livrés à la transe collective. 


Alternant hyper-réalisme et explosion fantaisiste, Damiano Michieletto s’attache avant tout à étudier le caractère humain dans toutes ses facettes contradictoires. La transposition est destinée moins à provoquer l’indignation, on l’aura compris, qu’à rendre complice le spectateur d’une histoire vivante et riche. Une attention portée sur des actions simples dans un flux perpétuel, toujours liée à la musique et qui rejoint l’envie de tout simplement faire rire le public. 

Car, selon lui « la comédie est dans les détails » et, même s’il ne s’agit que d’une comédie, on ne peut s’empêcher tout de même de retrouver le metteur en scène dans les propos célèbres de Beaumarchais : « Que demandons-nous au Théâtre ? Qu’il nous procure du plaisir ! Les vices, les abus, voilà ce qui ne change point mais se déguise en mille formes sous le masque des mœurs dominantes : leur arracher ce masque et les montrer à découvert, telle est la noble tâche de l’homme qui se voue au Théâtre. » 


Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini
C’est que, transcendant l’esprit de la comédie de Beaumarchais comme le genre buffa, le compositeur y réalise la rencontre entre l’absurde et un certain réalisme satirique, grâce à une musique dont le rythme et la virtuosité inscrivent les effets comiques dans une dramaturgie continue....

  • Il Barbiere di Siviglia by G. Rossini - Trailer
  • Le Barbier de Séville (saison 19/20)- Acte I (Lisette Oropesa)

  • Le Barbier de Séville (saison 19/20)- Acte II (Xabier Anduaga)

  • Le Barbier de Séville (saison 19/20)- Acte I (Krzysztof Bączyk)

  • Le Barbier de Séville (saison 19/20) - Ouverture

Accès et services

Opéra Bastille

Place de la Bastille

75012 Paris

Transports en commun

Métro Bastille (lignes 1, 5 et 8), Gare de Lyon (RER)

Bus 29, 69, 76, 86, 87, 91, N01, N02, N11, N16

Calculer mon itinéraire
Parking

Q-Park Opéra Bastille 34, rue de Lyon 75012 Paris

Réservez votre place

Dans les deux théâtres, des places à tarifs réduits sont vendues aux guichets à partir de 30 minutes avant la représentation :

  • Places à 35 € pour les moins de 28 ans, demandeurs d’emploi (avec justificatif de moins de trois mois) et seniors de plus de 65 ans non imposables (avec justificatif de non-imposition de l’année en cours)
  • Places à 70 € pour les seniors de plus de 65 ans

Retrouvez les univers de l’opéra et du ballet dans les boutiques de l’Opéra national de Paris. Vous pourrez vous y procurer les programmes des spectacles, des livres, des enregistrements, mais aussi une large gamme de papeterie, vêtements et accessoires de mode, des bijoux et objets décoratifs, ainsi que le miel de l’Opéra.

À l’Opéra Bastille
  • Ouverture une heure avant le début et jusqu’à la fin des représentations
  • Accessible depuis les espaces publics du théâtre
  • Renseignements 01 40 01 17 82

Opéra Bastille

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  • Places à 35 € pour les moins de 28 ans, demandeurs d’emploi (avec justificatif de moins de trois mois) et seniors de plus de 65 ans non imposables (avec justificatif de non-imposition de l’année en cours)
  • Places à 70 € pour les seniors de plus de 65 ans

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