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Aida
Opéra Bastille - du 13 juin au 16 juillet 2016
Aida
Giuseppe Verdi
Opéra Bastille - du 13 juin au 16 juillet 2016
2h50 avec 1 entracte
Yusif Eyvazov, souffrant, ne pourra pas assurer la représentation du 16 juillet 2016.
Il sera remplacé par Marco Berti dans le rôle de Radames.
À propos
En quelques mots :
"Sur la terre de mes ancêtres, l’air est embaumé, le sol est parsemé de fleurs odorantes. Nous aurons pour couche nuptiale des vallées riantes et de vertes prairies. Au-dessus de nous les astres brilleront d’un éclat plus limpide."- Aida, Acte III
Sans doute la scène du triomphe scelle-t-elle, dans la monumentalité et l’éclat de ses trompettes – aussi authentiques que l’égyptologie du dernier tiers du XIXe siècle pouvait les concevoir –, l’alliance du sabre et du goupillon. Terrible machine à broyer les individus, qui finit par les emmurer vivants. « “Tu in questa tomba ?” éclatait la voix, d’une séduction indicible, à la fois douce et héroïque, de Radamès, effrayé et ravi…
Oui, elle l’avait rejoint, la bien-aimée, pour l’amour de qui il avait perdu la vie et l’honneur, elle l’avait attendu ici pour mourir avec lui, et les chants qu’ils échangeaient à ce propos, parfois interrompus par la sourde rumeur de la cérémonie qui se déroulait au-dessus de leurs têtes, ou dans lesquels ils s’unissaient, c’était ces chants qui, en réalité, avaient ému jusqu’au fond de l’âme l’auditeur solitaire et nocturne, tant à cause de la situation que de l’expression musicale. Il était question du ciel dans ces chants, mais eux-mêmes étaient célestes, et ils étaient chantés divinement », écrit Thomas Mann dans La Montagne magique.
Et si Aida était, au miroir de la Messa da Requiem – que le chef d’orchestre Hans von Bülow qualifia hâtivement d’ « opéra en habit ecclésiastique » – un requiem en costumes égyptiens, dont les ultimes mesures, nimbées d’un halo pianissimo, morendo, sempre dolcissimo, s’élèvent in paradisum.
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Aida
Opéra en quatre actes (1871)
D'après Auguste Mariette En langue italienne
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© Guergana Damianova / OnP
Article
Mettre en scène Aida
Un défi contemporain
09’
S’il plaît encore au théâtre de plein air d’inscrire Aida dans son antiquisant décor original, de nombreux points de vue dramaturgiques cherchent à l’extraire des terres égyptiennes. En découlent des productions dont les lumières éclairent l’universalité des thématiques de l’œuvre et leur forte résonance avec notre époque contemporaine. Historien de la musique et spécialiste de dramaturgie lyrique, Thierry Santurenne nous expose ces intentions.
Les séductions de l’Égypte ancienne
Renoncer au péplum ?
Le noyau de l’œuvre
Un drame contemporain
Dans son essai L’Orientalisme (1978), Edward Saïd avait cherché à démontrer que l’Occident asseyait sa domination politique et culturelle de l’Orient en en recréant l’image à sa guise. Par la suite, Culture et Impérialisme (1993) désignait Aida comme exemple de cette emprise idéologique. Affirmation polémique qui fait litière de l’originalité verdienne, mais permet de comprendre pourquoi les productions récentes de cet opéra expriment une certaine mauvaise conscience occidentale. Qu’ils situent l’action dans un musée dont les vitrines contiennent des antiquités égyptiennes (Pet Halmen, Staatsoper, Berlin, 2007) ou à la cour du khédive Ismaïl Pacha, vers l’époque de la création de l’opéra (Nicolas Joël, Zurich, 2006), les metteurs en scène créent un effet de distanciation signifiant qu’une réception naïve d’Aida n’est plus guère possible au regard de la substance du drame, miroir privilégié des égarements contemporains, ce qui justifie l’évacuation de toute référence directe à l’Égypte ancienne.
Promus représentants des damnés de la terre, l’héroïne et ses compatriotes deviennent les victimes du bellicisme et, plus largement, de la violence humaine : de même qu’Olivier Py (Paris, 2013) aligne tank, soldats en treillis et charniers, un croiseur à canons jette son ombre sur la scène du triomphe (Nicolas Joël) pendant laquelle des prisonniers sont éventrés chez David McVicar (Londres, 2011) – Tatjana Gürbaca (Zurich, 2015) recourant à des images d’humiliation de soldats de sinistre mémoire. Dans un stade empli de consommateurs de la middle class est donné en spectacle l’asservissement d’immigrés tenus de les servir et de les distraire (Calixto Bieito, Bâle, 2010). La rébellion provoquée par l’exhibition d’Amonasro en cage conduit à une rétorsion menée par des ploutocrates, figure complémentaire du pouvoir politique : ailleurs, des mendiantes ramassent les aumônes d’un Roi (Luca Ronconi, Milan, 1986) dont la haute couronne grotesque chez Torsten Fischer (Munich, 2014) souligne l’impéritie, renforcée par sa collusion avec un clergé omnipotent, ce que met en relief la bénédiction du tank par un prêtre à la fin du premier acte dans la conception d’Olivier Py. Si Waldemar Kamer (Amsterdam, 1999) donnait à voir l’émergence du fascisme, ce sont désormais les incertitudes actuelles que traduisent le plus volontiers les metteurs en scène. En atteste sans ambages la présence au-dessus de la scène lacustre de Bregenz (Graham Vick, 2009) d’une statue de la Liberté en morceaux, symbole d’un impérialisme vacillant.Thierry Santurenne est historien de la musique, agrégé de lettres modernes et docteur en littératures française et comparée, il est spécialiste de dramaturgie lyrique. Il a récemment publié Robert Carsen. L’opéra charnel (Presses Universitaires de Vincennes, 2016), ouvrage consacré à l’esthétique du metteur en scène canadien.
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