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Cavalleria Rusticana / Sancta Susanna
Opéra Bastille - du 30 novembre au 23 décembre 2016
Cavalleria Rusticana / Sancta Susanna
Pietro Mascagni / Paul Hindemith
Opéra Bastille - du 30 novembre au 23 décembre 2016
1h50 sans entracte
À propos
En quelques mots :
«Ô Lola, avec ta chemise couleur de lait t’es blanche et rouge comme la cerise.»Turiddu, prélude
Un petit village de Sicile, le jour de Pâques. Mélancolique, Santuzza cherche Turiddu, l’homme qu’elle aime. Avant son départ pour l’armée, il avait aimé Lola. Mariée à Alfio, celle-ci a reconquis le cœur de Turiddu... C’est sur les conseils de Puccini que Mascagni, en 1889, choisit une pièce de Giovanni Verga pour répondre à un concours de composition. La création de l’œuvre, après que Mascagni a remporté le concours, vaut un triomphe sans précédent au jeune compositeur de vingt‑six ans. Les reprises s’enchaînent rapidement et l’histoire de cette communauté d’hommes et de femmes, déroulant peu à peu les ingrédients d’une inexorable tragédie, connaît rapidement un succès européen. ElĪna Garanča puis Elena Zhidkova prêtent leur voix à la poignante Santuzza.
Mario Martone a conçu une nouvelle mise en scène de Sancta Susanna pour joindre en une même soirée l’œuvre de Paul Hindemith et la production originale de Cavalleria rusticana réalisée pour la Scala de Milan. Opéra de jeunesse redécouvert en France au début des années 2000, Sancta Susanna est une œuvre profondément expressionniste, à plusieurs niveaux de lecture. Klementia, religieuse depuis de nombreuses années, est troublée par une apparition de sainte Suzanne. Celle‑ci, incarnée par Anna Caterina Antonacci, lève le voile sur un monde charnel qui la trouble. Poussée à la confidence par cet éveil des sens, Klementia raconte la passion d’une jeune fille du couvent qui aurait, de longues années auparavant, embrassé, nue, le corps du Christ sur la croix. Ombre et lumière, vie et mort, corps et âme dialoguent et luttent dans cette œuvre brève et incandescente où la figure biblique de Suzanne acquiert une dimension psychologique inégalée.
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Cavalleria rusticana
Melodramma en un acte (1890)
D’après Giovanni Verga
En langue italienneSancta Susanna
Opéra en un acte, op. 21 (1922)
En langue allemande
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Cavalleria rusticana
Sancta Susanna
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Cavalleria rusticana / Sancta Susanna - Pietro Mascagni / Paul Hindemith
Coulisses
© Palomar / Rai Cinema
Article
Ceci est mon corps
Cavalleria rusticana / Sancta Susanna par Mario Martone
08’
En marge de votre carrière de réalisateur, vous mettez en scène des opéras depuis une vingtaine d’années. Considérez-vous l’art lyrique comme des excursions occasionnelles en dehors de votre domaine de prédilection, ou peut-on imaginer un fil continu qui vous ferait passer d’un art à l’autre ?
Mario Martone : En réalité, la musique a toujours été présente dans ma carrière. J’ai commencé à travailler très jeune à la fin des années 70. J’avais 17 ou 18 ans. À l’époque, je faisais partie d’un groupe d’avant-garde qui s’appelait Falso Movimento (Faux Mouvement). Nous organisions des performances visuelles et musicales. L’une de mes premières performances utilisait d’ailleurs la musique d’Otello de Verdi, réarrangée par le compositeur américain Peter Gordon. Ce spectacle a été présenté à la MaMa, la scène expérimentale new-yorkaise, avant d’être repris dans plusieurs pays… Le cinéma est arrivé plus tard dans ma vie, alors que j’étais âgé d’une trentaine d’années. Au début des années 2000, j’ai mis en scène mon premier opéra : Così fan tutte, avec Claudio Abbado. Ma carrière est faite de lignes, de fils qui, à un moment donné, ont commencé à se croiser : par la suite, en 2010, j’ai réalisé Noi Credevamo1 (Frères d’Italie en français), pour lequel j’utilisais la musique du XIXe siècle italien – Verdi, Rossini, Bellini… Il s’agissait d’un travail sur les interactions entre l’art et l’Histoire, pour lequel Roberto Abbado dirigeait l’Orchestre de Turin. Pour en revenir à votre question, je dirais donc que j’ai toujours utilisé la musique dans mes créations mais avec une très grande liberté. Ma carrière artistique ressemble à un archipel : mes créations sont distinctes, souvent distantes, mais elles finissent par se recouper à plusieurs années d’intervalle.
L’une des particularités de la soirée Cavalleria rusticana / Sancta Susanna est que la production de Cavalleria rusticana, qui occupe la première partie de la soirée, existe déjà : vous l’avez montée en 2011 à la Scala de Milan. Mais l’ouvrage était alors suivi de Pagliacci, comme c’est souvent le cas dans la tradition opératique. Pouvez-vous nous dire quelques mots du processus de création qui a consisté à remplacer l’œuvre de Leoncavallo par celle d’Hindemith ?
M. M. : Lorsque la Scala m’a proposé de mettre en scène le diptyque Cavalleria rusticana/Pagliacci, j’ai longuement hésité. Le vérisme italien n’est assurément pas mon répertoire de prédilection. Il y a quelque chose qui me dérange dans cette tradition rhétorique. J’ai finalement accepté le projet quand j’ai compris que je pouvais adopter une esthétique de l’épure : non pas ajouter des images mais les soustraire. Dans « Cavalleria », j’ai ainsi souhaité éliminer tout le folklore sicilien – la place du marché, le clocher, les chariots… : tout ce qui me paraissait alourdir le drame et l’écarter de son essence, qui est celle d’une tragédie grecque. Il ne faut pas oublier que la Sicile, avant de devenir ce monde pittoresque plein de chariots, était une région de la Grèce antique [rires].
Si l’on regarde « Cavalleria » sous cet angle, la pièce prend un sens bien différent. J’ai donc vidé la scène jusqu’à obtenir un espace pratiquement nu sur lequel se déploie le rituel liturgique, la messe de Pâques [mentionnée dans le livret]. Ce dispositif confère au chœur une grande centralité. En faisant émerger les chanteurs du chœur, j’ai voulu renouer avec la dimension sacrée de l’opéra.Considériez-vous à l’époque « Cavalleria » et Pagliacci comme formant un seul et même spectacle ?
Ma carrière artistique ressemble à un archipel : mes créations sont souvent distantes, mais elles finissent par se recouper. Mario Martone
Lorsque l’Opéra de Paris vous propose de remonter votre Cavalleria rusticana, c’est en abandonnant Pagliacci au profit de Sancta Susanna. On comprend que le divorce entre Mascagni et Leoncavallo n’a pas été trop douloureux puisque vous n’aviez jamais conçu ces œuvres comme les deux parties d’un tout. Mais comment avez-vous envisagé la nouvelle combinaison entre « Cavalleria » et l’opéra d’Hindemith ?
Ce qui assurerait la continuité entre les œuvres de Mascagni et d’Hindemith, ce serait donc un certain entrelacement entre le désir et le sacré ?
M. M. : Oui, au début de « Cavalleria », on entend ces voix « hors-champ », qui nous parviennent des coulisses, ce chant lointain que l’on imagine monter de la campagne sicilienne, ce chant qui exalte le parfum des oranges, les vertes lisières, les myrtes en fleurs et les épis d’or… Ce sont juste des voix, un moment d’opéra essentiel, un instant d’étourdissement que produisent le soleil et la terre. C’est une sorte de sensualité païenne, d’abandon à la nature. D’une certaine manière, Sancta Susanna reprend et amplifie ce thème. D’ailleurs, la nature occupe également une place importante dans l’opéra d’Hindemith : la nuit printanière, le parfum du lilas, le buisson derrière lequel le jardinier et la servante font l’amour…
Entre le vérisme fin XIXe de Mascagni et l’expressionnisme allemand d’Hindemith, comment appréhendez-vous la rupture esthétique entre les deux ouvrages ?
Le thème de la dévotion a connu une grande fortune picturale. Y a-t-il des peintres qui vous ont inspiré pour Sancta Susanna ?
Entretien réalisé par Simon Hatab et Farah Makki
Traduction de l'italien par Farah Makki
© Andre Hemstedt & Tine Reimer
Podcast
Podcast Cavalleria rusticana / Sancta Susanna
"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique
07’
-
En partenariat avec France Musique
Avec « Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris », nous vous proposons des incursions originales dans la programmation de la saison à la faveur d’émissions produites par France Musique et l’Opéra national de Paris. Pour chacune des productions d’opéra et de ballet, Judith Chaine pour le lyrique et Stéphane Grant pour la danse, vous introduisent, avant votre passage dans nos théâtres, aux œuvres et aux artistes que vous allez découvrir.
© Sergio Tramonti
Article
Le Christ de Sancta Susanna
Dans les ateliers de l’Opéra
04’
José Sciuto, Chef de service adjoint à la Direction technique, Responsable artistique aux Ateliers :
« Sans vouloir dévoiler toutes les surprises que Mario Martone a réservées au public dans sa mise en scène de Sancta Susanna, à un moment du spectacle intervient une statue de Christ monumentale, dont on ne voit que le corps jusqu’au bassin. Elle évoque le poids de la morale religieuse tout en l’entrelaçant avec les thèmes de la sensualité et de la sexualité, ce qui constitue l’un des fils rouges de la lecture de Mario Martone, tant pour Sancta Susanna que pour « Cavalleria ».
Le scénographe Sergio Tramonti travaille à la conception de ce décor et de ce Christ depuis août 2015. Il en a réalisé plusieurs maquettes, dont une sculptée, qu’il a ensuite finalisée avec les sculpteurs des ateliers de l’Opéra avant qu’elle ne serve de base à la réalisation finale.
L’idée était de donner une impression de bois sculpté et peint. D’après sa maquette, nous nous sommes inspirés d’un Christ espagnol « souffrant », des gouttes de sang coulant sur ses genoux, comme on peut en trouver chez le peintre Francisco de Zurbarán (1598-1664) par exemple. Le metteur en scène tenait d’ailleurs à ce que le clou soit bien visible, pour insister encore sur cette impression de souffrance. Il souhaitait aussi que la sculpture ait l’aspect d’un vieux crucifix du XIVe ou XVe siècle en mauvais état qui aurait été malmené, cassé, bricolé.
Comme le font parfois les peintres, pour retranscrire au mieux l’apparence du corps humain – quel que soit son état –, nous avons utilisé un « écorché », c’est-à-dire un modèle qui permet d’étudier l’aspect et les attaches des muscles.Cinq sculpteurs ont ainsi réalisé, par strates, ce Christ impressionnant de onze mètres de haut. Celui-ci est entièrement constitué de polystyrène, renforcé par de la résine en surface et un tissu de verre afin qu’il ait de la tenue.
Pour le périzonium – le linge du Christ –, Sergio Tramonti souhaitait que l’on utilise une simple bâche en plastique, comme celles que l’on met pour protéger le sol durant des travaux. Cette matière au côté « cheap », un peu sordide, s’accorde avec l’idée d’une croix délabrée, presqu’en décomposition. Il fallait aussi que le pagne garde un peu de sa transparence pour retranscrire le trouble de Susanna.
Il est fréquent qu’à l’Opéra, on utilise des statues du Christ. Toutefois, l’originalité de la démarche de Mario Martone est que son crucifix n’est pas simplement décoratif : il nous a demandé de l’aménager de telle sorte qu’à un moment précis du spectacle, Susanna puisse interagir avec. Quelle est la nature de cette interaction ? Que fait Susanna avec cette statue ? Je préfère ne pas trop en dire afin de ne pas éventer l’effet de surprise… »Propos recueillis par Juliette Puaux
© Brescia e Amisano - Teatro alla Scala
Article
"Une sobriété révélatrice et spectaculaire"
Cavalleria rusticana vu par la presse italienne
03’
L’une des particularités de la soirée Cavalleria rusticana / Sancta Susanna donnée prochainement à l’Opéra Bastille est que la production de Cavalleria rusticana, qui occupe la première partie de la soirée, existe déjà : Mario Martone l’a montée en 2011 pour la Scala de Milan. L’ouvrage était alors couplé à Pagliacci, alors qu’il sera suivi à Bastille de Sancta Susanna d’Hindemith. À l’époque, nombre de critiques avaient loué la finesse et la virtuosité de la mise en scène du réalisateur italien.
Revue de presse
« On s'attendait à ce que Mario Martone reste dans l’atmosphère du XIXe siècle qui irriguait son film Noi credevamo. On est comblés par son choix de transposer l’action des deux opéras dans un XXe siècle tardif […]. Les mouvements d’ensemble sont éblouissants de naturel, aussi bien lors des festivités estivales de Pagliacci […] que lors des célébrations de Pâques dans « Cavalleria ». Dans ce dernier, […] Martone dispose sur la scène vide les choristes de face ou de dos, assombris à souhait. Ils assistent à une homélie parfaitement reconstituée, semblant à la fois intérieurs et extérieurs au spectacle, campés sur leurs chaises dans l'église. Martone peut compter sur les merveilleuses lumières de Pasquale Mari. »
Michelangelo Zurletti, La Repubblica, 20 janvier 2011
« La mise en scène de Mario Martone, créée en 2011, fait montre d’une sobriété révélatrice et spectaculaire […]. L'écart entre le rituel et le drame individuel si bien représenté sur scène se reflète dans l'orchestre. »
Angelo Folletto, La Repubblica, 19 janvier 2014
« Habitué à s'exprimer derrière la caméra et par l’écriture, le réalisateur Mario Martone a souvent participé ces derniers temps à des productions lyriques […] Martone a choisi de distinguer les deux spectacles [Cavalleria rusticana et Pagliacci], en faisant de « Cavalleria » une lecture minimaliste, dépouillée de toute fioriture folklorique. Il a attribué aux personnages de ce drame, tout droit sortis de la pièce de Verga, les masques d'une « tragédie humaine », passionnelle et universelle.
Daniela Zacconi, Il Corriere della Sera, 11 janvier 2011
« Cavalleria rusticana est conçu comme une chorégraphie : sur scène, les mouvements et les objets sont aussi rares que signifiants, nécessaires, essentiels. Seule la lumière crée des espaces : entre autres idées très inspirées, citons l'assimilation de la maison et de l’église, la présence constante du Chœur sur scène et sa position de face ou dos au public pour signifier l’inclusion ou l’exclusion, la tolérance ou la condamnation de l’héroïne. »
Fabio Vittorini, Il Manifesto, 20 juin 2015
« L'intention de Martone est claire : rendre le plus infime possible – presque annuler – la distance qui sépare le public de la scène et créer un continuum entre artistes et spectateurs, entre l'action représentée et l'émotion perçue. Le réalisateur napolitain veut affirmer que le spectacle représenté est la vraie vie, déclinant cet axiome à travers sa vision singulière de ces deux œuvres majeures du vérisme musical. Martone, installe, allonge, étire la scène, l'accrochant au parterre pour atteindre son but. […] Son « Cavalleria » est caractérisé par un immobilisme presque sacré. Ici, tout est statique, obéissant à une géométrie parfaite et dense de significations. »
Andrea Dellabianca, gbopera.it, 1er février 2011
Podcast
En Quête de Sancta Susanna
#En Quête 01
Du 28 novembre au 23 décembre Cavalleria rusticana / Sancta Susanna est à l’affiche de l’Opéra Bastille. Poète et créateur radiophonique, David Christoffel est parti enquêter sur les traces de Sancta Susanna avec Clémentine, figure contemporaine de Susanna, et Marianne Massin, professeur d'esthétique et philosophie de l'art à l'Université Paris-Sorbonne, auteure de Figures du ravissement (Grasset, 2001) et qui a dirigé deux recueils collectifs aux éditions Ambronay Transe, Ravissement, Extase (2012) et Célébrer/ profaner. Dynamiques de l’écoute et de la création musicale (2016).
© Elena Bauer / OnP
Article
Mario Martone surprend la Bastille
Regard sur Cavalleria rusticana / Sancta Susanna
05’
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Avec le soutien de l'AROP
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