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Werther
Opéra Bastille - du 20 janvier au 04 février 2016
Werther
Jules Massenet
Opéra Bastille - du 20 janvier au 04 février 2016
3h05 avec 2 entractes
À propos
En quelques mots :
"Pourquoi trembler devant la mort ? Devant la nôtre ? On lève le rideau... puis on passe de l'autre côté. Offensons-nous le ciel en cessant de souffrir?"- Werther, Acte II
« Rien n’émeut davantage que ce mélange de douleurs et de méditations, d’observations et de délire, qui représente l’homme malheureux se contemplant par la pensée, et succombant à la douleur, dirigeant son imagination sur lui-même, assez fort pour se regarder souffrir, et néanmoins incapable de porter à son âme aucun secours », écrivait Madame de Staël en 1800. Avant de redire quatorze ans plus tard, dans De l’Allemagne, son admiration pour Werther et « tout ce que le génie de Goethe pouvait produire quand il était passionné. » Alors que plus d’un siècle sépare la publication du roman de la création du drame lyrique de Massenet, le compositeur saisit, à la fois fidèle à son modèle littéraire et éminemment personnel, le frémissement du romantisme naissant, ce Sturm und Drang dont la tempête produisit une libération de l’intime. Sous un Clair de lune pudique, l’orchestre bruisse de l’entente muette de deux êtres se tenant par le bras de peur que leurs mains, leurs cœurs se frôlent. Jusqu’à ce que dans un élan fébrile, les larmes de Charlotte, incarnée par Elīna Garanča, laissent couler le lyrisme éperdu d’un amour à l’issue inéluctable.
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Werther
Drame lyrique en quatre actes et cinq tableaux (1892)
D'après Johann Wolfgang von Goethe En langue française
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Représentations
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Werther - Jules Massenet
Coulisses
© Émilie Brouchon / OnP
Podcast
Podcast Werther
"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique
07’
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En partenariat avec France Musique
Avec « Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris », nous vous proposons des incursions originales dans la programmation de la saison à la faveur d’émissions produites par France Musique et l’Opéra national de Paris. Pour chacune des productions d’opéra et de ballet, Judith Chaine pour le lyrique et Stéphane Grant pour la danse, vous introduisent, avant votre passage dans nos théâtres, aux œuvres et aux artistes que vous allez découvrir.
© Christian Leiber / OnP
Article
Les costumes de Werther
Un spectacle, un souvenir
05’
Annette Hasslert Risacher est Responsable de production à la Direction des costumes Bastille.
Quand un costumier est invité à l’Opéra, c’est d’abord à la Direction qu’il confie son projet élaboré avec le metteur en scène. Le suivi de la production des costumes incombe ensuite à l’un des responsables de production. Les créateurs viennent avec des images, des dessins, des bouts de maquette, chacun a sa méthode.
Christian Gasc, lui, vient toujours avec des maquettes. À partir de ces maquettes, nous commençons à travailler sur l’échantillonnage, c’est-à-dire le choix des tissus, puis sur la teinture.
Pour cette création de Werther, tous les costumes ont été teints ici-même, parce qu’il était impossible de trouver dans le commerce la variété nécessaire de nuances de couleurs. C’est le Service Décoration qui réalise toutes les teintures et les effets sur les tissus tels que la patine; ils peuvent également concevoir des impressions ou des motifs inédits. En parallèle, nous nous réunissons avec le Chef de service de l’Atelier flou (pour les femmes) et le Chef de service de l’Atelier tailleur (pour les hommes). À partir de ses maquettes, Christian Gasc leur donne ses directives quant aux coupes. Ensuite je supervise les essayages avec les interprètes. Je dois être à l’écoute des solistes et recueillir leurs sensations dès les premières journées de répétition, pour appliquer d’éventuelles modifications. La Générale piano est le moment où nous présentons les costumes pour la première fois au reste de l’équipe. Mon objectif est qu’à cette occasion, tout soit créé et « prêt à l’emploi », même s’il y a toujours quelque chose à rectifier. Nous livrons les costumes finis à la Générale, ensuite c’est le Département Habillement qui prend le relais et qui est responsable des costumes sur le plateau.
La conception d’une seule robe pour une telle production nécessite – de la coupe aux essayages – au moins deux semaines. Ma mission consiste à superviser ce processus, en créant des fiches de renseignements techniques pour chaque costume et de garantir une médiation entre les différents ateliers. Il ne faut pas oublier qu’un costume c’est aussi les chaussures, le chapeau, la coiffure… Chaque création est un travail d’équipe : nous travaillons tous ensemble pour une finalité artistique qui est le spectacle. Cette conjugaison des savoirs-faire des différents services est particulièrement réussie pour cette production de Werther qui est selon moi un exemple de clarté et d’élégance.
Pour cette production, nous avons réalisé des costumes ancrés dans le XVIIIe siècle. Cela nécessite un savoir-faire propre aux couturiers des Ateliers qui connaissent sur le bout des doigts le vocabulaire vestimentaire des différentes époques. Au moment de sa parution, les Souffrances du jeune Werther de Goethe auraient suscité un tel engouement que les vêtements des personnages auraient profondément influencé et défini la mode de la deuxième moitié du XVIIIe siècle : la longue veste bleue nuit et le gilet jaune du héros éponyme étaient copiés par tous les jeunes gens de l’époque et sont devenus emblématiques de l’esthétique romantique, raison de plus pour rester fidèle à cet ancrage historique. Ce qui est intéressant avec les costumes d’époque, ce n’est pas tant de regarder un tableau et de copier les vêtements que l’on y voit sinon de comprendre la logique et l’esthétique du vêtement et de l’adapter. Il faut bien sûr respecter une époque, mais il faut aussi prendre en compte le regard du spectateur d’aujourd’hui. Il faut que l’ancrage historique soit reconnaissable sans qu’on ait l’impression que les solistes sont engoncés dans des vêtements qui ne leur correspondent pas. Pour cela nous respectons les coupes de l’époque, par exemple les corsages contraignants, mais nous les traitons avec une sensibilité contemporaine. Il faut aussi prendre en compte quelle est la vision du XVIIIe siècle propre au metteur en scène et au costumier. Si la Charlotte de Goethe et de Massenet est parée de rubans roses, c’est une coquetterie que Christian Gasc épure pour être en accord avec la mise en scène de Benoît Jacquot qui choisit le dépouillement pour mettre en avant le drame intimiste de l’opéra. Il s’agit aussi de ne pas encombrer ou brouiller le regard du spectateur. C’est un écueil qu’il évite par son subtil traitement des teintes, qui est une constante dans son travail.
Ce qui fait l’élégance des costumes imaginés par Christian Gasc c’est son travail rigoureux sur les couleurs. Il choisit pour chaque personnage une couleur de base puis développe des variations autour de celle-ci. Il peut introduire progressivement des éléments pour communiquer des tonalités et des humeurs différentes tout en conservant une cohérence. Prenons par exemple le personnage de Charlotte. Sa robe est très claire au début, lors de ce premier acte joyeux qui se déroule dans une cour intérieure ensoleillée avec des enfants. Progressivement, la blancheur de Charlotte s’assombrit, la robe reste à peu près la même mais la couleur s’intensifie. Enfin, pour la scène finale lorsqu’elle rejoint Werther alors qu’il s’est mortellement blessé, Christian Gasc a décidé de rajouter un châle rouge sang, comme si Charlotte partageait la blessure de son amant. Les costumes de Werther montrent une unité maîtrisée, on ne se perd pas dans trop de couleurs chamarrées. Cette production appartient selon moi à ces spectacles où tout est réussi, où un raffinement et une grâce se dégagent de cette symbiose entre décors, lumières et costumes.
Propos recueillis par Milena Mc Closkey
Mécènes et partenaires
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Avec le soutien de l'AROP
Diffusion ultérieure sur France Musique.
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