Concert-rencontre du 4 avril

Le Pays du sourire (Das Land des Lächelns), qui donne son titre à ce programme, n’est autre que l’une des opérettes les plus connues de Franz Lehár, le compositeur de La Veuve joyeuse (Die lustige Witwe). Les artistes des Choeurs présentent un choix d’ensembles (duos, trios, quatuors) issus du répertoire de l’opéra-comique et de l’opérette en langue allemande, en donnant une place généreuse à Friedrich von Flotow, aujourd’hui connu surtout pour son opéra-comique Martha, et à Franz Lehár qui s’illustre dans ce concert par trois de ses opérettes : La Veuve joyeuse, Le Pays du sourire et Giuditta. S’y adjoignent trois autres maîtres de ce répertoire : Otto Nicolai, avec son opéra-comique Les Joyeuses Commères de Windsor, Oscar Straus, avec un extrait d’Un rêve de valse ( Ein Walzertraum), et le Hongrois Emmerich Kálmán, avec un quatuor vocal issu de son oeuvre la plus célèbre : La Princesse Czardas (Die Csardasfürstin, 1915).

L’une des constantes de cette musique, c’est d’abord – Vienne oblige ! – le règne de la valse et avec lui celui de tout ce qui danse dans l’accompagnement orchestral (même si réduit ici au simple piano) et jusque dans le chant lui-même : rythmes enlevés, symétrie des répliques, élans, crescendos et surexcitation. Le versant opposé de cette convention joyeuse est celui de l’effusion : sentimentale, sensuelle ou mélancolique, mais toujours dans l’élégant dessin de lignes mélodiques entrelacées pour mieux se séparer et mieux se retrouver...

L’autre constante, c’est bien sûr la légèreté (parfois l’invraisemblance) des scénarios, la fantaisie débridée des personnages et leur inconséquence, leur ruse ou leur pseudo-naïveté, l’habileté des différents librettistes dans leur dessin de trames dramatiques efficaces : tout un brio incomparable, que l’on peut savourer au mieux dans les ensembles – duos extatiques ou quatuors malicieux, ménages à trois et roueries, finales endiablés. Et si l’action de La Veuve joyeuse se déroule à Paris, à l’Ambassade de ce pays imaginaire d’Europe centrale qu’est le « Pontevedro », et celle de La Princesse Czardas à Budapest, les autres compositeurs de ce concert ne sont pas en reste pour pimenter leurs viennoiseries de saveurs folkloriques tout aussi séduisantes.

Hélène Pierrakos