Le corpus des cantates de Bach peut s’entendre comme un traité de composition religieuse, déployant au long de plus de deux-cents ouvrages toutes les manières possibles, sur le plan de la vocalité, de la forme, de la durée et du message spirituel. La formation instrumentale qui accompagne les voix y est aussi très variée. Pour ce concert, les artistes des Choeurs ont choisi un accompagnement réduit à un instrument de « basse continue », le violoncelle, et à un clavier, instrument polyphonique figurant à lui seul toute la diversité des effets instrumentaux qu’a imaginés Bach, en tout cas pour les deux cantates – le motet BWV 230 « Lobet den Herrn, alle Heiden » ayant été conçu avec un simple accompagnement à l’orgue. Composée en 1707, la cantate BWV 4 « Christ lag in Todesbanden » (« Christ gisait dans les liens de la mort ») est construite sur les sept strophes du choral de Martin Luther portant ce titre.

Hors même la beauté du texte, c’est la structuration musicale de la cantate qui suscite l’intérêt, par la présence d’un thème unique, dit « cantus firmus » (chant ferme), qui forme la charpente de l’oeuvre dans son entier. Pour la cantate BWV 106 « Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit » (« Le temps de Dieu est le meilleur des temps »), dite aussi « Actus Tragicus », les textes sont issus de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament et de chorals luthériens et laissent supposer qu’il s’agissait d’une cantate composée pour des funérailles, sans certitude à ce jour sur l’identité du défunt. Par la force expressive et la paix colorée de mélancolie de sa Sonatina introductive, la richesse formelle de sa deuxième section (soli et ensemble alternés), les effets d’ostinato qui émaillent la partition, cette cantate est considérée comme l’un des chefs-d’oeuvre de la production religieuse de Bach. L’ensemble des motets de Bach, au nombre de huit, ont en commun la complexité de l’écriture polyphonique, la densité sonore et la concision. On ne connaît pas la date de composition du motet « Lobet den Herrn, alle Heiden » (« Louez le seigneur, par toute la terre ») et son authenticité a même parfois été mise en doute. Contrairement aux autres motets du compositeur, de caractère funèbre, celui-ci est une pièce de célébration et d’allégresse, comme le montre l’Alleluia final.

Hélène Pierrakos