Comme Antonín Dvořák au siècle précédent, Pavel Haas revendiquera au xxe siècle l’identité tchèque, de façon tragique dans son cas : avec l’invasion de la République tchécoslovaque par le régime nazi en 1939, la diffusion de sa musique sera interdite. Juif, il est arrêté par la Gestapo le 2 décembre 1941, déporté au camp de Terezín puis transféré à Auschwitz.

Élève de Janáček, il privilégie souvent la répétition de courts motifs incisifs. Influencé également par Schoenberg, il s’intéresse au jazz et à la musique de Stravinsky. Son Quintette à vents op. 10 (1929) est marqué par de multiples caractères : inquiétante étrangeté, impressionnisme revu par un adepte du miniaturisme de Janáček, mélancolie méditative et arêtes vives de l’écriture. Grande figure de la musique hongroise, Endre Szervánsky a été professeur de composition à l’Académie Franz Liszt de Budapest de 1948 jusqu’à sa mort.

De même que chez un Ligeti, ses œuvres de jeunesse sont marquées par le folklore hongrois, avant un virage esthétique assez radical vers le dodécaphonisme. Le Quintette à vents n°1 (1953) relève clairement de la première veine, celle d’un folklore retravaillé. Le deuxième mouvement (Allegro scherzoso) semble ancré dans le souvenir de quelque danse de village, le troisième (Andante) jouant des effets de « modalité » venus également de la musique populaire. Quant au finale (Allegro vivace), il use des effets de répétition d’une même note passant par tous les instruments comme pour une ronde endiablée. De même que sa Symphonie n°9 dite « du Nouveau monde », le Quatuor n°12 dit « américain » de Dvořák a été composé pendant la période passée aux États-Unis, en tant que directeur du Conservatoire de New York.

Célébré comme musicien européen d’immense envergure, Dvořák va également s’imprégner de la culture musicale noire et plus généralement de différents folklores américains. Comme dans la Symphonie du Nouveau monde, ces folklores croisent ceux de sa propre patrie : éléments tchèques et éléments américains fusionnant pour le meilleur. À Spilville (Iowa), bourg habité presque exclusivement par des Tchèques immigrés, Dvořák passe ses vacances, et c’est dans ce cadre que va naître, composé en à peine deux semaines, le Quatuor « américain ». 

Hélène Pierrakos