Le monde musical
célèbre en 2025 deux anniversaires : le 150e de la naissance de Maurice Ravel
et le 50e de la mort de Dmitri Chostakovitch. Le programme de ce concert propose de mettre en relation œuvres célèbres (Sonate pour violon et piano de Ravel) et œuvres plus rarement jouées (arrangement de L’Heure espagnole et Trio n°1 en ut mineur opus 8 de Chostakovitch).
Composé alors que Dmitri Chostakovitch est encore étudiant au Conservatoire de Léningrad, le Trio n°1 en ut mineur opus 8 est en un seul mouvement mais présente une succession de caractères très divers, comme si le compositeur avait entrepris de synthétiser, en une pièce d’un seul tenant, toute la richesse d’un trio classique en plusieurs sections. On peut déjà y percevoir des éléments de son esthétique future : âpreté rythmique, obsession, sens chorégraphique.
Créée en 1927, la Sonate pour violon et piano témoigne du travail accompli par Ravel depuis le Trio de 1914 : économie de moyens au profit d’une force expressive encore plus percutante. La partie de piano s’inaugure ainsi à une seule main et l’instrument maintient tout au long de la sonate cet aspect presque diaphane de l’écriture. À propos du mouvement central, « Blues », Ravel précisa qu’il avait longuement travaillé à la stylisation des caractères du blues origi- nel pour en faire... « du Ravel ». Quant au « Perpetuum mobile » final, il manifeste la fascination du musicien pour la dimension mécanique de la musique.
Kaddish et Habanera sont des pièces vocales, ici jouées dans des transcriptions pour piano et violoncelle : la première, prière des morts issue de la liturgie judaïque, fait partie des deux Mélodies hébraïques de 1914. La seconde résulte de la commande faite à Ravel par un professeur du Conservatoire de Paris de vocalises-études destinées à faire travailler la musique vocale contemporaine aux jeunes chanteurs.
Avec L’Heure espagnole (1911), Ravel met en musique la pièce de Franc-Nohain qui avait connu sept ans plus tôt un succès triomphal à l’Odéon. Vingt-et-une scènes brèves forment la trame de cette comédie musicale. Le scénario est classique (le mari, la femme et l’amant), le texte plutôt osé pour l’époque et la musique d’une ironie et d’un mordant qui déconcertèrent les premiers auditeurs. Le trio qu’en a tiré Henri Mouton est un condensé des scènes-clé de l’œuvre.