Le compositeur tchèque Bohuslav Martinů a vécu de 1923 à 1940 à Paris, haut-lieu dans le domaine des arts du spectacle à cette époque : le cabaret, le bal populaire, la salle d’opéra et le cinéma possèdent une même force d’attraction et le jazz inspire les musiciens savants, suscitant un mélange des genres généralisé où tout est permis, voire exigé. C’est ainsi que Martinů conçoit en 1927 son troisième ballet inspiré par le jazz : La Revue de cuisine.
Dénommée aussi La Tentation de Sainte Marmite, cette partition dédiée à sa logeuse est une fantaisie mettant en scène un conflit sentimental farfelu entre la marmite et son couvercle, arbitré par les autres ustensiles.
Composée à Paris dans l’ esprit d’une pochade provocatrice, l’oeuvre est créée à Prague avec un grand succès. Comédie de Jean Anouilh à multiples rebondissements – dont l’intrigue repose sur la présence de jumeaux, rôles joués tous deux par Michel Bouquet –, L’Invitation au château est créée le 5 novembre 1947 au Théâtre de l’Atelier, avec une musique de scène commandée par l’auteur à Francis Poulenc. « La musique, écrit le journaliste André Alter dans le quotidien L’Aube, s’allie parfaitement à la grâce ironique du décor et des costumes. »
La rencontre de Francis Poulenc avec l’oeuvre loufoque et amère de Max Jacob apparaît comme l’un de ces chocs de personnalités qui ne pouvaient que produire le meilleur. En Max Jacob, Poulenc puise le matériau de ses meilleures trouvailles harmoniques, rythmiques et instrumentales.
De la bouffonnerie désespérée du poète, il tire des effets sonores alternativement jubilatoires et inquiétants. « C’est la seule de mes oeuvres, écrit-il dans Journal de mes mélodies à propos du Bal masqué, où je pense avoir trouvé le moyen de magnifier une atmosphère banlieusarde qui m’est chère.
Ceci grâce aux mots de Max, pleins de ricochets imprévus, et à la matière instrumentale que j’ai employée. » Au long des six séquences qui forment cette petite cantate, on perçoit l’écho que donne Poulenc aux inventions sonores de Max Jacob : mélange de prosaïsme et d’images hallucinées, de réalisme et d’ivresse… L’oeuvre est créée à la Villa Noailles (Hyères) en 1932, devant un public choisi : Buñuel, Giacometti, Auric, Markévitch, Nabokov, Sauguet, etc.