Concert-rencontre du 9 novembre

Composer pour violon et violoncelle pose un défi : comment opérer la fusion entre les deux timbres, tout en conservant les jeux de dialogue entre eux ? Si Kodály est, avec Bartók, l’un des deux plus grands représentants de la musique hongroise dans la première partie du xxe siècle, il est aussi, bien davantage que son compatriote, le promoteur d’une renaissance de l’identité musicale spécifiquement hongroise. On remarque dans sa production une profusion de pièces qui reviennent aux sources populaires du chant hongrois, tout en leur appliquant une technique polyphonique de haut vol. Esquissant le Duo op. 7 en 1914 à Budapest pour en terminer la composition dans les Alpes suisses, Kodály évoqua la forte impression qu’avait produite sur lui la contemplation du gigantisme des montagnes, dans le pressentiment d’une guerre imminente...

Semblant prolonger l’intention affirmée par Debussy à la fin de sa vie de composer « six sonates pour divers instruments, par Claude Debussy, musicien français » (par laquelle le musicien ne cachait pas son anti-germanisme), Ravel entreprend lui aussi avec la Sonate pour violon et violoncelle (créée en 1922) un travail original vis-à-vis de la tradition allemande. D’abord par une formation instrumentale peu ordinaire, puis en prenant le parti dès le début de l’œuvre de faire quasiment coïncider les tessitures : le violon jouant dans le grave et le violoncelle dans l’aigu. À partir de cet état gémellaire, Ravel explore tous les modes polyphoniques possibles, travaillant ce double matériau de façon théâtrale et subtile.

La violoniste Hélène Jourdhan-Morange, créatrice de l’œuvre, déclara au compositeur : « Vous faites jouer de la flûte au violoncelle et du tambour par le violon ! »
Johan Halvorsen est l’une des grandes figures de la musique norvégienne au passage du XIX^eme  au XX^eme siècle. Bien que sa production soit très riche, on ne le connaît bien souvent aujourd'hui que pour une seule œuvre, la Passacaille pour violon et violoncelle (originellement composée pour violon et alto), série de variations sur la Passacaille issue de la Suite en sol mineur HWV 432 pour clavecin de Haendel. Le genre de la passacaille est, en soi, une forme comportant un thème de basse dite « obstinée » associé à une série de variations.