« À jardin » et « à cour » désigne respectivement la gauche et la droite de la scène lorsque l’on se trouve situé face à elle, dans la salle.
Cette expression permet aux artistes, techniciens, régisseurs et à l’équipe artistique (metteur en scène, chef d’orchestre, chorégraphe, décorateur…) de se comprendre et de parler de la même gauche et de la même droite pour évoquer les déplacements, les sorties et entrées en scène.
Le terme est apparu au XVIIIe siècle, lorsque les répétitions se déroulaient au Théâtre des Tuileries où les acteurs avaient, à leur droite, la cour du Palais des Tuileries, et à leur gauche ses jardins. Avant la Révolution française, on parlait de « Côté Roi » et « Côté Reine », chacun ayant une loge située à droite et à gauche de la scène.
Aujourd’hui qu’il n’y a plus ni Roi, ni Reine, ni cour, ni jardin, plusieurs astuces mémotechniques sont utilisées pour se repérer :
• Pour les artistes qui sont sur la scène, le côté cour se situe côté cœur.
• Pour le public, installé dans la salle, il suffit de décomposer Jésus (jardin) Christ (cour) ou encore Jules César, voire même Jean-Claude…
La boîte à sel est le comptoir situé dans le hall des théâtres et opéras où les spectateurs viennent retirer leurs billets ou invitations.
Ce comptoir, souvent surélevé pour être facilement repérable, tient son nom des sels de réanimation qui y étaient déposés par le médecin de service pour ranimer si besoin les spectateurs malades. Son origine date de 1852, lorsqu’un arrêté préfectoral impose qu’un médecin soit présent lors de chaque représentation théâtrale.
En effet beaucoup de spectatrices trop sensibles se pâment pendant les représentations mélodramatiques du théâtre d’épouvante ou encore du grand Guignol, quand certaines ne s’évanouissent pas juste sous l’effet d’un corset trop serré… Une ordonnance de 1927 restreint l’obligation de présence d’un médecin de garde aux salles de plus de 800 spectateurs.
L’Opéra Bastille inauguré en 1989 a également sa boîte à sel, située à gauche de l’entrée principale, même si aujourd’hui, l’usage des sels de réanimation a disparu.
Néanmoins si, au Palais Garnier, le médecin de garde va chercher sa mallette de premier-secours directement au poste de sécurité des pompiers en cas de nécessité, à l’Opéra Bastille, elle est entreposée à la boîte à sel. Les contrôleurs la remettent au médecin de garde en même temps que ses places de servitude.
La case est un terme spécifique à l’Opéra Bastille.
Les cases représentent les coulisses de la scène : ce sont des carrés situés de chaque côté et derrière le plateau de scène.
Ils permettent d’évacuer facilement les décors, de les stocker et de les intervertir afin d’alterner différents spectacles sur une même période.
Les premiers machinistes de théâtre étaient d’anciens marins. Ils disposaient de la force et de l’agilité nécessaires à la manœuvre des machines.
Ainsi, au théâtre, de nombreux termes techniques et superstitions sont issus de la marine. Parmi eux, le cabestan qui est un treuil à axe vertical utilisé pour virer l'ancre ou les cordages.
À l’Opéra, l’axe d’un cabestan est horizontal. Les contrepoids permettaient de soulever les décors en réduisant l'effort. Le poids à déplacer correspondait au (poids du décor) – (poids du contrepoids).
Par ce système, les machinistes pouvaient faire apparaître ou disparaître les éléments de décor (toile peinte, trappe et plateforme…).
L’automatisation des systèmes de machinerie a provoqué la fin de l’utilisation des cabestans. Toutefois, en 2012, une série de représentation de Hippolyte et Aricie a été jouée sur la scène du Palais Garnier en utilisant les cabestans à « l’ancienne ».
Le mot, sous la forme « sujet étoile », est attesté dès 1895, sans toutefois être explicité.
Dans un premier temps, il est un qualificatif pouvant être ajouté aux mots « sujet » et « premier danseur », sans doute pour mettre en valeur les qualités exceptionnelles des artistes ayant atteint ce niveau (arrivée au plus haut grade, l’étoile brille de mille feux).
Son emploi semble se généraliser en 1897, comme en témoigne le ballet de Joseph Hansen, L’Étoile. Dans le livret, l’héroïne censée être la meilleure est qualifiée de « première danseuse », l’« étoile » de l’Opéra.
Le titre d’Étoile apparaît dans les registres de l’Opéra en 1938 pour la nomination de Suzanne Lorcia. Lycette Darsonval et Solange Schwartz sont les premières à le recevoir officiellement en 1940, et Serge Peretti le premier homme à se le voir attribuer en 1941.
Dans la hiérarchie du Ballet de l’Opéra de Paris, il s’agit du titre suprême accordé aux artistes de la danse. Un danseur est nommé Étoile à l'issue d'une représentation sur scène par le Directeur de l’Opéra et sur proposition du Directeur de la Danse.
À ce jour, le Ballet de l’Opéra compte 9 Étoiles femmes et 6 Étoiles hommes. Ils couronnent le traditionnel défilé annuel du Ballet, sous les applaudissements d’un public fidèle.
En 1995, le chorégraphe Jean-Claude Gallotta offre aux danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris sa pièce, Les Variations d’Ulysse, pour la scène de l’Opéra Bastille.
Les porteuses de scène, de la même taille que l’ouverture du cadre de scène, rendent impossible l’installation de pendrillons (ou jambages) – sorte de grandes toiles de velours noir ou blanc – permettant les sorties de scène tout en masquant les coulisses.
De grands châssis sont donc construits, de la hauteur de la scène découverte, et de 4 à 5 m de large. Ils sont recouverts de toile blanche ou noire et fixés sur des roulants. Disposés de chaque côté du plateau, ils permettent des sorties de scène à couvert pour les danseurs.
Et c’est assez naturellement qu’ils ont été appelés du nom du chorégraphe et qu’ils sont encore aujourd’hui utilisés pour d’autres productions.
Attesté chez Honoré de Balzac et Théophile Gautier, la figure du rat fait partie des métaphores animalières chères aux Romantiques (une fois ses études terminées, il devient « tigre » et quelquefois « panthère »).
Pour Emile Littré, le mot serait une troncation de l’expression « demoiselle d’opéra » qu’on nommait des « ra ».
Une autre explication voudrait que l’expression « petit rat » trouve son origine dans le bruit que faisaient les pointes des jeunes danseurs sur le plancher des salles de répétition situées dans les combles de l’Opéra.
Le petit rat est le jeune élève de l’École de danse de l’Opéra de Paris qui y suit les cours et participe aux spectacles. Autrefois logé au Palais Garnier, il suit aujourd’hui ses classes dans le bâtiment imaginé par Christian de Portzamparc à Nanterre.
« On ne le trouve que vers la rue Le Peletier, à l’Académie royale de Musique, ou vers la rue Richer, à la classe de danse ; il n’existe que là ; vous chercheriez vainement un rat sur toute la surface du globe. Paris possède trois choses que toutes les capitales lui envient : le gamin, la grisette et le rat. »
– Le Rat, Théophile Gautier.
Au sein de l’Opéra national de Paris, le Premier danseur représente le second grade dans la hiérarchie du Ballet, devant ceux de Sujet, Coryphée et Quadrille. Il est donc le dernier échelon avant d’accéder au titre de Danseur Étoile.
Directeur du Ballet de l’Académie royale de Musique de Paris, considéré comme l’inventeur du ballet moderne, Jean-Georges Noverre introduit le terme voisin de « premier sujet » dès 1803. Il désigne alors le plus haut grade de la troupe, et n’est surclassé par celui d’Étoile qu’à la fin du XIXe siècle.
À l’Opéra, la promotion au rang de Premier danseur s’établit sur concours organisé chaque année avec une variation libre et une imposée. L’attribution du titre dépend de la décision du jury composé notamment de la directrice de la Danse.
À l’Opéra, la répétition à l’italienne est une répétition purement musicale, sans jeu ni déplacement. Les chanteurs sont souvent assis et c’est en général la première fois qu’ils s’exercent en présence de l’orchestre.
Cette répétition permet de régler l’équilibre entre les différentes voix et l’orchestre et de vérifier que tout le monde connaît la partition et ses airs.
L’expression vient du théâtre, où la répétition à l’italienne correspond à un filage intégral ou partiel du texte, sans y mettre d’intention, de jeu ou de déplacements. C’est un exercice de mémorisation du texte et plus particulièrement des enchaînements des dialogues entre les personnages. L’expression « à l’italienne » semble vouloir évoquer le débit rapide des Italiens lorsqu'ils parlent.
La "Sorbonne" est ici un lieu rattaché à l'atelier de peinture de l'Opéra. Son nom fait rêver en évoquant le savoir et les grands hommes : il naturellement penser au savoir-faire des artistes, à la maîtrise des couleurs…
La réalité est toute autre. Indispensable dans tout lieu où l’on manipule des vernis, des solvants, la Sorbonne de l'Opéra est en fait une hotte industrielle - ou une cabine de ventilation et d’extraction - permettant de travailler ces matériaux en toute sécurité.
Elle a récemment été démontée car les peintres décorateurs n’utilisent plus de peintures avec solvants, ou si peu qu’un simple équipement protecteur suffit.
Néanmoins, si la hotte a disparu, le lieu où sont stockés peintures, pinceaux et brosses divers porte toujours son nom. On peut donc encore aller à la Sorbonne sans quitter l’Opéra !
Après avoir voyagé dans toute l’Europe pour étudier les meilleures salles de spectacle, Charles Garnier fit concevoir la scène du Palais Garnier avec une pente, afin d’établir un rapport idéal avec la salle.
Inclinée de 5% à partir du lointain (le point le plus éloigné pour les spectateurs) jusqu’à la face (partie la plus proche du public), cette scène dite « à l’italienne » permet au public, notamment celui situé à l’orchestre - en léger contrebas de la scène - de mieux voir les chanteurs et danseurs au lointain.
À l’Opéra Bastille, pas de scène en pente ! En représentation au Palais Garnier, danseurs et chanteurs doivent donc apprendre à dominer la fameuse pente, connue pour ne pas être facile à « remonter ».
À son arrivée à la Direction de la danse, Rudolf Noureev fit installer au Palais Garnier, dans le studio Marius Petipa, un plateau reproduisant à l’identique la déclinaison de la pente de la scène pour permettre aux danseurs de répéter dans les conditions réelles du spectacle.
La scène de la future salle modulable de l’Opéra Bastille (2023) sera elle aussi inclinée de 5%. Et n’oublions pas les meubles et éléments de décor qui doivent être conçus en tenant compte de l’inclinaison… ou refaits dans le cas de co-production et de location avec un théâtre qui ne dispose pas d’une scène à l’italienne.
Le terme « tessiture » renvoie à l’ensemble des sons pouvant être émis par une voix de manière homogène. Quatre grandes catégories distinguent les différentes typologies de voix.
• Les sopranos représentent la tessiture située « au-dessus » des autres pupitres. Il s’agit le plus souvent de voix de femmes ou d’enfants.
• Les altos sont les voix de femmes plus graves.
• Les ténors constituent la tessiture masculine la plus aigüe.
• Les barytons, dont la hauteur se trouve en-dessous des ténors, représentent le type de voix d’hommes le plus répandu.
• Enfin, les basses forment la partie la plus grave des quatre pupitres. Au sein d’un chœur, elles sont le fondement harmonique de l’ensemble.
Une tétralogie désigne littéralement une œuvre en quatre volets. Elle est, selon les anciens Grecs, la réunion de quatre pièces dramatiques.
En musique, la Tétralogie fait directement référence à l’œuvre du compositeur allemand Richard Wagner : Der Ring des Nibelungen (L’Anneau du Nibelung). Ce cycle, inspiré de la mythologie germanique et nordique, est le fruit d’une réflexion de près de trente ans.
L’opéra se compose d’un « prologue et trois journées » : L’Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des dieux. L’exécution entière de l’œuvre dure entre treize et dix-sept heures, selon les chefs.
L’Opéra national de Paris a donné le cycle complet pour la première fois au Palais Garnier en juin 1911, en version française. Il sera représenté pour la première fois en allemand en 1955 avec Hans Knappertsbusch à la direction musicale.
Considéré comme le costume emblématique de la danseuse classique, le tutu est apparu dans les années 1830 à l’Opéra de Paris.
Dans La Sylphide, ballet de Philippe Taglioni créé à l’Opéra de Paris en 1832, la danseuse soliste - Marie Taglioni – apparaissait pour la première fois dans une longue robe blanche et vaporeuse.
Progressivement, ce tutu « romantique » va se raccourcir et prendre du volume pour aboutir au modèle le plus répandu aujourd’hui : celui du tutu court. Préparé dans l’Atelier flou du Palais Garnier, les tutus à cerclette signaient le style Opéra de Paris.
Dès 1983, le tutu galette dit « à l’anglaise » sera à son tour privilégié avec l’entrée en fonction de Rudolf Noureev comme Directeur de la danse.
Le terme « tutu » aurait trois origines possibles : il pourrait évoquer le redoublement de tulle nécessaire à sa confection, le « petit cul d’enfant », ou encore l’expression grivoise des anciens abonnés de l’Opéra : « panpan tutu ».
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