Les pièces au programme de ce concert relèvent toutes du style du bel canto. L’effusion en est pour ainsi dire la signature : cet art de la mélodie parfaite, associée à une harmonie dénuée de dissonances. Ce qui,à l’opéra, vaut pour la voix soliste en relation avec l’orchestre qui la soutient vaut par-dessus tout pour les voix en duo, dans leur rapport l’une vis-à-vis de l’autre. Cette euphonie, qui s’associe par nature au duo amoureux ou à l’expression de la paix ou de la ferveur, se retrouve tout naturellement dans la musique de chambre vocale des compositeurs de bel canto, y compris lorsqu’elle est écrite pour trois ou quatre voix.

Avec les pièces en solo, duo, trio ou quatuor proposées par les artistes des Choeurs pour ce concert, on est loin de l’éclat qui marquera les grands succès que furent Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti, Norma de Vincenzo Bellini et bien d’autres.

De même qu’à l’opéra pourtant, l’accompagnement y est d’une simplicité et d’une efficacité frappantes : ce qui, à l’opéra, se déroule bien souvent sur des pizzicati de cordes venant soutenir la mélodie devient, par la voix simple du piano, idéale voie d’ accès au coeur de l’auditeur… L’émotion que cette musique suscite tient justement à ce que, pour le mélomane, le souvenir des opéras acclamés dans les plus grandes salles y est omniprésent, transposé cependant dans le cadre plus chaleureux d’un concert accompagné au piano, dans une salle plus intime.

Aux côtés de Donizetti, dont la musique occupe largement ce concert, on pourra découvrir une pièce de Michele Costa, Italien émigré à Londres où il recevra le titre de Chevalier du Royaume-Uni et prendra le nom de Sir Michael Costa – Rossini, jamais en mal d’ironie, écrira : « Le bon Costa m’a envoyé une partition pour oratorio et un fromage Stilton, le fromage était très bon ! » –, ainsi que des pièces tout aussi méconnues de Fabio Campana, né à Livourne et lui aussi installé à Londres, ou de Vincenzo Gabussi, auteur de nombreuses romances qui ont fait les beaux soirs des salons de l’aristocratie au xixe siècle. Quant à Rossini, il s’illustre dans trois choeurs religieux… à sa façon, entendez : d’esprit plus profane que sacré.