Deux styles assez différents, qui se succèdent pendant l’ère baroque italienne, sont représentés dans le programme de ce concert. L’un est celui du premier baroque, encore ancré en partie dans certaines manières et formes musicales venues de la Renaissance et qui va se déployer au passage des xvie et xviie siècles en Italie, parallèlement à la naissance de l’opéra. L’autre est plus tardif : des compositeurs tels que Cirri, Torelli, Corelli et Vivaldi en sont les représentants, avec des oeuvres penchant déjà vers ce qui deviendra à la fin du xviiie siècle le style dit « classique », caractérisé par ses symétries, son architecture bien perceptible et sa vitalité instrumentale.

Avec les sonates de Fontana, Castello et Buonamente, qui se présentent comme des pièces d’un seul tenant même si formées de courtes séquences contrastées, on entre dans un paysage lyrique flamboyant, rappelant le monde des opéras de Monteverdi. Le discours instrumental et les figures mélodiques et ornementales qui le constituent reprennent les codes expressifs de la mise en musique d’un texte : théâtralité, rhétorique passionnelle, renchérissements d’une partie sur l’autre. Ce que l’on appelle déjà « sonate » au début du xviie siècle est d’ailleurs issu d’un autre genre, la canzona, également instrumental (malgré son nom !) et dont des musiciens comme Frescobaldi puis Giovanni Gabrieli ont été des maîtres au xvie siècle. C’est dire que le lien de l’instrument avec la voix humaine y est constant.

Même si elles portent le même titre générique, les « sonates » de Cirri, Corelli, Vivaldi et Torelli sont d’un tout autre type : en trois ou quatre mouvements distincts de tempi contrastés, elles mettent en jeu la « basse continue » (clavecin et violoncelle dans ce concert) et donnent aux solistes (deux ou trois violons, ou encore violon et hautbois) un rôle virtuose. Cirri est plutôt connu pour ses oeuvres pour violoncelle, instrument dont il était un maître. Corelli est le grand représentant, avant même Vivaldi, de l’école italienne de violon du xviie siècle. Vivaldi, autre très grand virtuose de l’instrument, lui fera écho. Quant à Torelli, il est de la génération de Corelli et partage avec lui un même goût pour la pyrotechnie instrumentale.