Si la musique allemande, depuis le XVIII^ème siècle jusqu’aujourd’hui, est marquée par une production pléthorique pour les cordes, la musique française l’est par son intérêt pour les instruments à vent, comme en témoigne parfaitement le programme de ce concert. 

Outre sa carrière de compositeur, Camille Saint-Saëns s’illustra tout au long de sa vie comme pianiste virtuose. Cela s’entend dans ses œuvres pour piano, mais également dans les pièces brillantes qu’il composa dans sa jeunesse, telle la Tarentelle de 1857. 

Dans l’œuvre de Francis Poulenc, les instruments à vent occupent une place privilégiée ; c’est pour eux que le compositeur écrit la majeure partie de ses pièces de musique de chambre. C’est ce que révèle la Sonate pour flûte et piano (1957), d’une étonnante densité expressive : l’âpreté de plusieurs séquences, l’aspect haché de certains motifs se combinent avec une paix quasi liturgique, pour produire un décor sonore ouvrant des mondes d’étrangeté, entre inquiétude et plénitude. L’œuvre se referme sur un final très « Groupe des Six » – allure guillerette et désinvolture calculée… 

Premier Grand Prix de Rome en 1945, puis professeur au Conservatoire de Paris, Claude Pascal a eu l’occasion de composer des « morceaux de concours » pour cette institution, comme l’a fait la majeure partie des compositeurs qui y ont enseigné. C’est au concours de clarinette de 1964 qu’étaient destinées les Trois légendes, parcourant tout le spectre des difficultés techniques, selon le principe naturel de ce type de pièces, mais  dessinant également un paysage poétique ancré dans la tradition chambriste française. 

Compositeur méconnu, Maurice Emmanuel s’est illustré entre autres par son intérêt pour le monde de la Grèce antique : on peut sans doute écouter le mouvement lent de sa Sonate op. 11 (1907) comme une émanation de ce goût pour un monde disparu, aux sonorités diaphanes. Mais le monde du jazz est peut-être une autre influence.