Les femmes ont longtemps composé pour des formations instrumentales réduites, montrant ainsi la limite qui leur était imposée dans la vie musicale, mais suscitant de ce fait un répertoire de musique de chambre d’une remarquable variété. Longtemps méconnue, célébrée depuis quelques années pour l’originalité de son écriture, la compositrice française Mel Bonis a été l’élève de César Franck au Conservatoire de Paris. Primitivement composée pour flûte, violon et piano, la Suite en trio (1903) se prête aisément à la transcription pour flûte, hautbois et piano.

L’oeuvre a été jouée à la Salle Pleyel aux côtés de pièces de Paul Dukas et Vincent d’Indy. Changement subit de style avec le Poème pour hautbois et piano de la compositrice russe Marina Dranichnikova : sur une partie de piano assez ténébreuse, le hautbois déroule un chant tout à la fois lyrique et mélancolique. La pièce est marquée par une belle invention harmonique au piano et une étonnante variété des modes expressifs au long de ces quelque sept minutes de musique.

L’air « Bonny Sweet Robin » (« chanté » par le personnage d’Ophélie dans Hamlet, ce pourquoi la pièce d’Ethel Smyth est sous-titrée « Ophelia’s Song ») n’est autre qu’une ancienne mélodie anglaise appartenant au fonds populaire. La compositrice la densifie et la transforme par une écriture très savante, avec en particulier toute une série de motifs virtuoses pour chacun des instruments. La pièce de Lili Boulanger intitulée D’un matin de printemps est l’un des volets d’un diptyque (comprenant également D’un soir triste) composé en 1918, peu avant la mort de la compositrice à l’âge de vingt-quatre ans.

Vivacité dansante, lyrisme, effets de trille suggérant des chants d’oiseaux : tout cela se voit transfiguré par de riches harmonies. Formant un finale idéal pour ce concert, le Trio pour flûte, hautbois et piano de la compositrice britannique Madeleine Dring sonne dans toute l’efficacité expressive d’une oeuvre d’essence théâtrale. C’est d’ailleurs dans ce domaine que Madeleine Dring s’est illustrée tout au long de sa vie, composant des pièces pour la scène, la radio, la télévision. Mariée en 1947 avec Roger Lord, hautbois solo du London Symphony Orchestra, elle écrira nombre de pièces pour lui, dont ce trio en 1968.