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Événement - Musique de chambre

Week-end musique de chambre française

Amphithéâtre Olivier Messiaen

du 14 au 15 novembre 2015

Week-end musique de chambre française

Amphithéâtre Olivier Messiaen - du 14 au 15 novembre 2015

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  • À la recherche de la musique française

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© Christophe Pelé

À la recherche de la musique française

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La musique de chambre française, c’est peut-être…

06 min

À la recherche de la musique française

Par Milena Mc Closkey

Les samedi 14 et dimanche 15 novembre, la musique de chambre française est à l’honneur à l’Amphithéâtre Bastille. Au programme, des pièces baroques méconnues, l’intégrale de Debussy, des compositeurs contemporains… Une diversité qui interroge sur la notion même d’une musique de chambre « française ». Peut-on parler d’une identité qui ferait affleurer entre ces œuvres des sonorités ou un esprit communs ? Quels pourraient être les traits esthétiques de la musique de chambre française ?


La musique de chambre française, c’est peut-être…

La fantaisie de Rebel. Les Caractères de la danse (1715)

Jean-Féry Rebel, protégé de Lully et compositeur de la musique de la Chambre du Roy, s’illustre dans la composition profane qu’est la suite de danse, succession d'airs de danses populaires écrits en principe dans la même tonalité, alternant danses de tempos lents et rapides. Les Caractères de la danse regorgent d’inventions métriques d’une étonnante modernité, si bien que cette symphonie chorégraphique prend son indépendance pour devenir œuvre musicale en soi. Elle représente cette créativité et la fantaisie qui font « l’esprit français » à l’époque baroque.

Le sens de la mélodie de Gounod. Six Mélodies pour cor et piano (1839)

Les Six mélodies de Charles Gounod sont un assemblage de pièces distinctes qui mettent à l’honneur le cor d’harmonie et forgent son usage original dans la musique de chambre française. Dépourvues des joyeuses fanfaronnades caractéristiques des œuvres pour cor des siècles précédents, ces mélodies sont toutes lyriques et introspectives. Gounod explore les sonorités médianes et basses du cor, dans un emploi original, développant en parallèle du piano une partition tout aussi forte et sensible, racontant une nouvelle histoire à chaque pièce.

Le lyrisme de Chausson. Chanson perpétuelle, op.37 (1898)

À l’aube du XXe siècle, le paysage artistique français est empreint d’une angoisse métaphysique qui se manifeste dans plusieurs disciplines. En même temps, la conscience de la nécessité d’affirmer sa propre identité devient de plus en plus forte. Ces enjeux font émerger une nouvelle génération de musiciens, fondateurs aux côtés de Camille Saint-Saëns ou César Franck de la Société Nationale de Musique, et dont Ernest Chausson est l’un des membres les plus singuliers. Sa capacité à dépeindre les sentiments les plus douloureux s’appuie sur la poésie et culmine dans ses œuvres pour voix, la Chanson perpétuelle en est l’exemple. Le lyrisme de Chausson combine ici une mélancolie raffinée proprement fin de siècle avec une force universelle : le recueil de poèmes Les Chansons perpétuelles de Charles Ducros deviennent Chanson perpétuelle, parfaite expression du thème éternel du mal d’amour.

La sensibilité de Debussy. Sonate pour violoncelle et piano (1915)

La musique de chambre française se renouvelle et se développe en étroite liaison avec ses voisins allemands, italiens et espagnols. Si l’ouverture est « à la française » avec un prologue lent, la forme et la thématique sont d’influence italienne dans cette sonate inspirée par les arlequinades de la commedia dell’arte qui hantent le compositeur. Quant aux deux autres mouvements, leurs sonorités rappellent l’Espagne : la technique pianistique est presque percussive, les épanchements mélancoliques du violoncelle sont scandés de sursauts fiévreux qui empruntent à la guitare. En plein conflit franco-allemand, le compositeur s’attache à créer un son unique, prônant « la sensibilité dans la fantaisie », à travers l’alliance de ces diverses influences.

L’exotisme de Ravel. Chansons madécasses (1925-1926)

Comme nombre de compositeurs français, Maurice Ravel puise son inspiration dans l’atmosphère de terres lointaines. Il adapte entre 1915 et 1926 trois poèmes du recueil d’Evariste de Parny, Chansons madécasses. Le poète évoque un Madagascar imaginaire, n’ayant résidé qu’en Inde française. Ravel met en exergue les sensations du voyageur: « les Chansons madécasses me semblent apporter un élément nouveau - dramatique voire érotique - qu'y a introduit le sujet même de Parny. C'est une sorte de quatuor où la voix joue le rôle d'instrument principal », déclare le compositeur. Cette voix est empreinte de sensualité et de chaleur dans Nahandove et Il est doux, tandis qu’au centre, elle clame Aoua, ardent cri anticolonialiste.

La clarté de Jacques Ibert. Jeux, sonatine pour flûte et piano (1923)

Jacques Ibert, élève de Gustave Fauré, remporte la première édition du Prix de Rome en 1919 à l’âge de vingt-neuf ans. À l’instar du « Groupe des Six » (formé par Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre), les compositions de Jacques Ibert font de la musique de chambre française la scène privilégiée des instruments à vent. Son affinité avec ces instruments s’illustre notamment dans Jeux, sonatine pour flûte et piano. Cette œuvre de jeunesse se compose de deux mouvements contrastés, « Animé » et « Tendre », qui explorent avec virtuosité la totalité de la tessiture de la flûte. L’œuvre dégage une légèreté et une clarté qui marquent assurément la musique de chambre française du XXe siècle.

L’élégance de Grisey. Stèle (2 percussionnistes)

« S'il est un compositeur de notre siècle qui a su s'assimiler le monde et l'exprimer, c'est bien Gérard Grisey » nous dit Philippe Hurel, en avant-propos à son Tombeau in memoriam du musicien décédé en 1998. Compositeur-phare de la musique contemporaine française, il évoque avec Stèle l’image « d'archéologues découvrant une stèle et la dépoussiérant jusqu'à y mettre à jour une inscription funéraire ». Les rythmes scandés de Stèle assènent à la musique de chambre la force incantatoire d’une pulsation qui n’est pas antique mais résolument contemporaine, alliant la puissance primitive et l’élégance.


Au travers de ces sept œuvres, se distinguent des qualités singulières qui semblent attachées à la musique de chambre française ; et plus généralement à un « esprit français ». Mais ces œuvres nous font aussi voir sa versatilité et sa constante évolution. Aussi, si cette identité musicale française existe, elle ne fonctionne pas en vase clos mais se nourrit d’influences étrangères et tend un miroir à notre société au détour de terres éloignées dans l’espace et le temps. Peut-être cette notion d’identité musicale française trouve-t-elle sa substance dans ceux qui la pratiquent, dans l’exigence des créateurs et des passeurs, dans l’innovation et dans la transmission qui sera au cœur de ce week-end musical.  

En raison des événements tragiques survenus ces dernières heures et conformément aux décisions du gouvernement de la République française, tous les concerts de ce samedi 14 novembre 2015 sont annulés.

  • Le week-end : panorama de la musique de chambre française

    Le week-end n'est pas vendu en abonnement. Vous pouvez réserver le week-end, une journée ou un concert.

Musiciens de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris. 
Présentation des concerts : Hélène Pierrakos

  • 11h : Les Riches heures du baroque français

Jean-Marie Leclair : Première Récréation de musique,  Op. VI (1737) 
André Cheron : Sonate n°2 de la Première Oeuvre en ré mineur 
Elisabeth Jacquet de la Guerre : Sonate n°1 pour violon et basse continue en ré mineur 
François Couperin : Concert royal n°1 en sol majeur
Jean-Féry Rebel : Les Caractères de la danse en ré majeur

Hautbois : Olivier Rousset
Violon : Thibault Vieux
Violoncelle : Jean Ferry
Clavecin : Yoann Moulin

François Devienne : Quatuor pour basson et trio à cordes, op. 73 n°3
François Devienne : Quatuor pour flûte et trio à cordes op. 66 n°2 

Flûte : Céline Nessi  
Basson : Laurent Lefèvre
Violon : Stéphane Causse
Alto : François Bodin
Violoncelle : Yoori Lee

  • 13h30 : Charles Gounod / Camille Saint-Saëns

Charles Gounod : Six Mélodies pour cor et piano (I, IV, VI)
Camille Saint-Saëns : Sonate pour clarinette et piano op. 167
Charles Gounod : Quatuor à cordes n°1 en ut mineur « Petit quatuor » 
Camille Saint-Saëns : Septuor op. 65 en mi bémol majeur (trompette, piano, deux violons, alto, violoncelle et contrebasse)

Clarinette : Bruno Martinez
Cor : Vladimir Dubois
Trompette : Pascal Clarhaut
Violons : Geneviève Mélet, Laurent Philipp
Alto : Michel Nguyen
Violoncelle : Matthieu Rogué
Contrebasse : Amandine Dehant
Piano : Sandra Westphal

  • 15h : intégrale Claude Debussy (I)

Claude Debussy : Quatuor à cordes op. 10
César Franck : Quintette pour piano et quatuor à cordes en fa mineur

Violons : Frédéric Laroque, Cédric Laroque
Alto : Laurent Verney
Violoncelle : Aurélien Sabouret
Piano : Ryoko Hisayama

  • 16h15 : Musique de chambre avec voix

Maurice Ravel : Introduction et Allegro (harpe, flûte, clarinette et quatuor à cordes)
Maurice Ravel : Chansons madécasses (mezzo-soprano, flûte, violoncelle et piano) 
Pierre Boulez : Dérive 1 (flûte, clarinette, violon, violoncelle, vibraphone et piano) 
Ernest Chausson : Chanson perpétuelle op. 37 (soprano, piano et quatuor à cordes)

Flûte : Sabrina Maaroufi
Clarinette : Alexandre Chabod
Harpe : David Lootvoet
Vibraphone : Damien Petitjean
Piano : Yoann Héreau
Violons : Cécile Brey, Carolyn Kalhorn-Peyrin
Alto : Etienne Tavitian
Violoncelle : Philippe Féret
Soprano : Élodie Hache
Soprano : Andreea Soare

Gérard Grisey : Stèle (2 percussionnistes)
Philippe Hurel : Tombeau in memoriam Gérard Grisey (piano et percussions)
Roger Lersy : A la mémoire de Chagall (flûte et percussions)
André Jolivet : Suite en concert (flûte, 4 percussionnistes)

Flûte : Isabelle Pierre
Piano : Andrea Turra
Percussions : Tsuey-Ying Taï, Nicolas Lethuillier, Christophe Vella, Philippe Poncet


  • 11h : intégrale Claude Debussy (II)

Claude Debussy : Trio pour violon, violoncelle et piano en sol Majeur
Claude Debussy : Rhapsodie pour clarinette et piano
Claude Debussy : Sonate pour violon et piano
Claude Debussy : Sonate pour violoncelle et piano

Clarinette :  Vincent Penot    
Violon : Eric Lacrouts
Violoncelle : Cyrille Lacrouts
Piano : Jean-Yves Sébillotte

Gabriel Fauré : La Bonne Chanson op. 61, pour soprano et quintette avec piano
Gabriel Fauré : Quatuor avec piano op. 15

Violons : Hélène Roblin, Marion Desbruères
Alto : Laurence Carpentier
Violoncelle : Jérémy Bourré
Contrebasse : Dominique Guérouet
Piano : Benjamin Laurent
Soprano : Andreea Soare

  • 14h30 : intégrale Claude Debussy (III)

Claude Debussy : Syrinx pour flûte seule
Claude Debussy : Six Epigraphes antiques (transcription Fabrice Pierre) pour flûte, alto et deux harpes
Claude Debussy : Sonate pour flûte, alto et harpe

Flûte : Catherine Cantin
Alto : Jean-Charles Monciero
Harpes : David Lootvoet, Sylvie Perret

  • 16h : Jacques Ibert et le « Groupe des Six »

Jacques Ibert : Jeux, sonatine pour flûte et piano
Francis Poulenc : Trio pour hautbois, basson et piano
Jacques Ibert : Cinq pièces brèves pour quintette à vent
Darius Milhaud : Trio pour violon, clarinette et piano
Georges Auric : Trio pour hautbois, clarinette et basson
Albert Roussel : Divertissement op. 6 (flûte, hautbois, clarinette, basson, cor et piano)  

Flûte : Sabrina Maaroufi
Hautbois : Philibert Perrine
Clarinette : Jérôme Verhaeghe
Basson : Ludovic Tissus
Cor : Benjamin Chareyron
Violon : Yue Zhang
Piano : Jean-Yves Sébillotte

  • 17h15 : Concert de clôture du week-end : Olivier Messiaen

Olivier Messiaen : Quatuor pour la fin du temps (pour clarinette, violon, violoncelle et piano)

Clarinette : Philippe Cuper
Violon : John Kang
Violoncelle : Tatjana Uhde
Piano : Christine Lagniel

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