Vaslav Nijinski Chorégraphe

© DR

Biographie

Né à Kiev en1889 de parents polonais également danseurs, Vaslav Nijinski entre, en 1898, à l’École Impériale du Ballet de Saint-Pétersbourg. Manifestant des dons exceptionnels, il débute à quinze ans dans Acis et Galatée de Fokine (1904). Il est engagé au Théâtre Mariinski deux ans après, et on lui confie des rôles de soliste. Il crée en 1907 Le Pavillon d’Armide de Fokine avec Anna Pavlova. Il travaille avec le maître Enrico Cecchetti, et la prima ballerina assoluta Mathilde Kschessinska le choisit pour partenaire. Serge Diaghilev, qui vient de présenter avec succès à Paris des concerts de musique russe, une exposition de peintres russes, et Boris Godounov (1908), envisage de produire des spectacles de ballets. Il emprunte au Mariinski ses meilleurs éléments : Fokine, Pavlova, Karsavina et Nijinski. Le premier programme présente au Théâtre du Châtelet en mai 1909 Le Pavillon d’Armide, Le Festin, Danses polovtsiennes, Les Sylphides, Cléopâtre, et fait connaître le jeune Nijinski, que Paris célèbre comme le nouveau dieu de la danse. L’année suivante, au Palais Garnier, ses apparitions virtuoses dans l’Arlequin du Carnaval et l’Esclave d’or de Shéhérazade ou encore Kobold dans Les Orientales, tout comme la poésie qu’il confère au prince de Giselle, le consacrent définitivement. En 1911, ayant dansé Albrecht dans le costume dessiné par Alexandre Benois (une tunique sur de simples collants, sans les « tonnelets » – sorte de culotte courte – de rigueur), Nijinski est mis à pied par le Théâtre Mariinski pour indécence. L’impératrice douairière a été choquée. Aussitôt, Diaghilev lui signe un contrat permanent de soliste dans la compagnie des Ballets Russes. Nijinski quitte ainsi la Russie et ne devait pas y retourner par la suite. Après Monte-Carlo, et avant Londres, les Ballets Russes retrouvent Paris et le Théâtre du Châtelet. Le Spectre de la rose et Pétrouchka font entrer Nijinski dans la légende. L’année suivante (1912), il danse Le Dieu bleu, Daphnis et Chloé, et L’Après-midi d’un faune qui marque ses débuts de chorégraphe, qui se prolongent avec Jeux et Le Sacre du printemps. Mais Nijinski tombe bientôt malade : il part se reposer en Hongrie dans sa belle-famille. En chemin, à Vienne, son épouse Romola donne naissance à une fille, Kyra, en juillet 1914. La déclaration de guerre surprend les Nijinski à Budapest : ressortissants alliés, ils sont mis en résidence surveillée. Avec l’aide d’une cousine de Romola, la pianiste Lily de Markus, Nijinski peut travailler à ses chorégraphies. Influencé par sa rencontre avec Richard Strauss à Vienne en 1912, où il accompagnait Diaghilev (qui avait commandé au compositeur La Légende de Joseph), Vaslav travaille sur le poème symphonique Till Eulenspiegel. La troupe des Ballets Russes, à l’invitation du roi Alphonse XIII, s’est réfugiée en Espagne, restée à l’écart du conflit franco-allemand. Diaghilev élabore des projets (celui du Tricorne avec Massine, notamment) et prépare la prochaine tournée de la compagnie aux États-Unis. L’une des conditions imposées par l’imprésario américain est que Nijinski fasse partie des spectacles donnés à New York. Ainsi le jeu des relations d’ambassades va parvenir à libérer la famille Nijinski : passant par Vienne, les Nijinski s’embarquent de Bordeaux pour l’Amérique, et arrivent à New York début avril (1916). Lors des représentations, le danseur reçoit un triomphe. À New York, Nijinski collabore avec le peintre Robert-Edmond Jones pour son quatrième ballet : Till Eulenspiegel, dont la création a lieu en octobre 1916. Après une tournée de cinq mois à travers les États-Unis, la compagnie rentre en Espagne, en mars 1917. En juillet, les Ballets Russes repartent vers l’Amérique du Sud. Au cours de cette tournée, Nijinski, à plusieurs reprises, frôle l’accident – hasard ou malveillance (divers matériels techniques tombent des cintres) – et il sort ébranlé nerveusement de ces épreuves. Revenus en France, Vaslav et Romola retrouvent la petite Kyra à Lausanne, et la famille s’installe à St-Moritz en décembre (1917). Nijinski projette de retourner en Russie pour y fonder une école et un Théâtre de la Danse. Il passe ainsi l’année 1918, à écrire (son Journal), à noter ses ballets, et à dessiner d’étranges figures circulaires. Son comportement a changé : il garde le silence pendant de longs moments, et parfois se fait violent. Lors d’une soirée de bienfaisance à l’Hôtel Suvretta, le 19 janvier 1919, Nijinski improvise un solo, « dansant la guerre », et se fige, regardant fixement les spectateurs. On craint pour sa santé mentale (déjà, son frère aîné – Stanislav – avait été interné). Un médecin consulté diagnostique des symptômes de schizophrénie. Nijinski, dès lors, alterne les traitements à l’hôpital psychiatrique de Kreuzlingen, près de Zurich. Une deuxième fille naît en 1920 : Tamara. Lors de quelques séjours à Londres (1922) et à Paris (1924 et 1929), Nijinski assiste, absent, à des représentations des Ballets Russes. Nijinski est alors soigné à l’insuline. Au cours d’une visite que lui rend Serge Lifar en juin 1939, il a un sursaut, en entendant la musique du Spectre de la rose. La seconde guerre mondiale contraint les Nijinski à quitter la Suisse et à s’exiler en Hongrie pour échapper aux nazis. En 1945, la Hongrie entrant à son tour dans la guerre, la famille passe par l’Autriche avant de gagner Londres, où le « clown de Dieu » s’éteint peu de temps après, un vendredi Saint (le 8 avril 1950). Le corps de Nijinski est inhumé au cimetière Montmartre.

Plongez dans l’univers Opéra de Paris

Nous suivre

Haut de Page