Katherine Watson (Iphis) et Ian Bostridge (Jephtha) en répétition avec l’équipe de production
© Eléna Bauer / OnP
Invité à mettre en scène l’oratorio de Haendel, Claus Guth a choisi de prendre le taureau par les cornes en interrogeant l’idée même de fatalité qui gouverne l’ouvrage : « Doit-il vraiment en être ainsi ? »
Dans le mythe de Jephté, il est question de serment et de sacrifice. Comment ces thèmes peuvent-ils résonner aujourd’hui ?
Comment interprétez-vous ce geste ?
Comment avez-vous comblé les silences de la Bible ?
L’oratorio de Haendel prend ses distances vis-à-vis du mythe…
Oui. La fin du récit biblique, brutale et choquante, met en scène Iphis sacrifiée par son père. À l’époque de la création de l’œuvre de Haendel, une telle fin était impensable pour un oratorio : un ange va donc apparaître, sauvant la vie d’Iphis avant que le sacrifice puisse avoir lieu. Cela nous conduit à nous poser la question des raisons de cette délivrance. L’apparition de l’ange est sans doute l’intervention la plus intéressante opérée dans le récit biblique par le librettiste. Nous avons pris cet ange au sérieux et tout à fait au pied de la lettre, mais nous nous sommes également posé la question suivante : dans quel état de délire faut-il se trouver pour voir apparaître un ange ? Quel est l’état psychique des personnes à qui un ange, ou un miracle, va venir se manifester ?
Votre lecture: Refuser la fin