En 2017, Alexander Ekman signait sa première création pour le Ballet de l’Opéra national de Paris. Il revient cette saison et invite les danseurs à se replonger dans l’univers de sa pièce. Ici le jeu est partout et tout le temps. Des objets-accessoires aux éléments de décors. Car jouer rend heureux, scande le chorégraphe, et qu’il ne faut jamais s’arrêter d’être un enfant. En studios Massenet et Balanchine, la photographe Anne Deniau s’est arrêtée sur quelques accessoires emblématiques de cette création tandis que le dramaturge Nicolas Doutey s’interroge sur ces nouvelles compositions visuelles.
« Disons qu’on est comme des scientifiques, qu’on élabore des expériences de jeu en laboratoire. » Voilà le laboratoire, salle Massenet, au sixième sous-sol de l’Opéra Bastille, le carnet et la bouteille d’eau sont des accessoires essentiels. Alexander y mène le travail depuis sa chaise, mais souvent aussi sur le plateau : le jeu donne envie de jouer, c’est un laboratoire où on a envie d’être dans le tube à essai.
Des ballons de différentes tailles et couleurs, des cordes à sauter, une cage sur roulettes. Si là celle-ci sert à ranger ceux-là, c’est qu’on est en coulisses : sur le plateau, tout est matière à jouer, avec ou sans ballons.
« Essayez de trouver l’honnêteté dans le jeu », dit souvent Alexander en répétition. On ne peut pas faire semblant de jouer : dans ces cas-là, on ne joue pas. C’est sans doute pour ça qu’il a souhaité se donner le temps de l’expérimentation et de la recherche avec les danseurs, pendant trois mois de répétition : pour trouver avec chacun cet endroit particulier du jeu. Il y a une maquette, il y a des structures, il y a des lignes, mais le jeu est chaque fois singulier.
Les mains sont sur le qui-vive, certaines le laissent sentir plus que d’autres, chacune a sa manière. Les pieds aussi, bien installés dans leurs baskets, comme des rampes de lancement. Quand on s’assied, dans Play, l’appel du jeu n’est jamais loin, on risque de bondir à tout instant.
Les quarante mille balles en plastique qui forment la « piscine » de la deuxième salle de répétition, la salle Balanchine, ont ceci d’attirant que, quel que soit le mouvement qu’on fait parmi elles, il y en a toujours quelques-unes qui se mettent à voler. Chaque appui a son contrepoint dans l’air.