Le Lac des cygnes
Podcast Le Lac des cygnes"Dansez ! Chantez ! 7 minutes à l’Opéra de Paris" - en partenariat avec France Musique
En collaboration avec France Musique
© Julien Benhamou / OnP
Léonore Baulac et Germain Louvet dans Le Lac des cygnes, Opéra Bastille, 2019
Léonore Baulac : C'est un plaisir et un privilège de danser un tel chef-d'œuvre du répertoire. Avoir été nommée dans le rôle d’Odette/Odile ne diminue en rien la difficulté et la pression qu'il engendre.
Germain Louvet : Au-delà du fait que nous avons été nommés tous les deux sur ce même ballet, c’est le premier grand ballet classique que nous dansons à nouveau Léonore et moi. Jusqu’ici, je n’ai quasiment fait que des prises de rôle. C’est donc l’occasion pour moi de retrouver les sensations d’il y a deux ans et d’aller plus loin en approfondissant l’aspect artistique et théâtral du rôle du Prince Siegfried. Techniquement, c’est presque comme remettre un habit laissé dans un placard pendant deux ans mais que l’on est heureux de porter à nouveau.LB : J'ai cherché à perfectionner le travail des bras et du haut du corps si spécifique à ce rôle pour m'approcher autant que possible de l'oiseau. J'ai aussi eu envie d'accentuer la fragilité d'Odette et de mettre plus d'emphase sur le drame de sa condamnation au quatrième acte.
GL : Ces deux années m’ont fait gagner en assurance et en confiance. J’ai essayé de me servir de cette expérience pour donner plus de poids et de théâtralité à mon rôle. Il y a deux ans, je me suis laissé guider par mon instinct. Aujourd’hui, je souhaite apporter un travail de réflexion plus profond en allant chercher dans les détails : comment placer mes regards, comment interagir avec les danseurs du Corps de Ballet, avec Rothbart, Odette, etc. En 2016, l’interprétation du rôle m’a permis d’aller chercher de l’amplitude, de la justesse, un équilibre personnel et une certaine aisance. Le reprendre deux ans plus tard m’a permis d’observer l’évolution de mon corps et de mon esprit.LB : Bien entendu, les deux personnages doivent être très contrastés. Odette est pure et fragile et Odile est séductrice et manipulatrice. Il faut malgré tout réussir à insuffler à Odile une ambiguïté suffisante pour rendre crédible le doute du Prince Siegfried.
LB : Le Corps de Ballet du Lac des cygnes est somptueux. D'ailleurs, en tant que spectatrice, mon passage préféré est celui de la danse des cygnes au début du quatrième acte. C'est aussi l'un des ballets les plus durs pour les danseuses. Certaines poses, par exemple, sont vraiment longues et douloureuses. Nous avons donc décidé avec Germain de ne pas nous éterniser dans certains saluts, car nous savons que derrière nous vingt-quatre danseuses ont des crampes. C'est un travail d'équipe et nous nous portons mutuellement.
GL : Le Corps de Ballet est la force vive qui tient l’ensemble de la représentation. De manière générale, c’est le ciment d’un ballet classique tel que Le Lac des cygnes. Selon moi, il existe deux formes d’interaction. La première va dans le sens de l’histoire. Le Corps de Ballet apporte de la matière et me donne de quoi réagir, évoluer et être juste dans mon interprétation. Le second est plus personnel. Le Corps de Ballet est un soutien essentiel aux solistes. En ce qui me concerne, il me permet de garder confiance en moi, de me sentir soutenu et accompagné.LB : La partition de Tchaïkovski est un chef-d'œuvre qui ne cesse d'émouvoir et d'inspirer. La coupler avec cette idée lumineuse de transformer la femme en une créature mythologique dont la grâce pourrait dépasser l'humain rend ce ballet tout à fait unique. Je suis toujours impressionnée par ces œuvres qui parviennent à toucher les gens de façon aussi universelle en traversant les époques.
GL : Selon moi, Tchaïkovski a mis son âme, sa sensibilité et sa souffrance dans la musique du Lac des cygnes. C’est peut-être une douleur liée à sa sexualité, dans une époque où il ne pouvait la vivre pleinement. Nous devons interpréter ces rôles avec l’émotion contenue dans la musique. C’est comme être sans cesse sur un fil entre l’extase de découvrir qui l’on est et la peur de ne pas être en accord avec cette découverte. Je pense que Noureev s’est beaucoup servi de cette ambivalence et de cette fragilité afin de conduire sa narration chorégraphique.LB : Danser Roméo et Juliette de Noureev, Le Sacre du printemps de Pina Bausch et La Dame aux camélias de John Neumeier étaient des rêves et les réaliser furent des moments spécialement épanouissants et émouvants de ma carrière et de ma vie. Je rêve d'ailleurs aujourd'hui de les danser à nouveau. À présent, j'aimerais beaucoup aborder le rôle de Tatiana dans Onéguine de Cranko et celui de Giselle. Il y a beaucoup de chorégraphes contemporains avec qui je souhaite travailler, et avec un peu de chance, j'aimerais participer à des créations qui sauront aussi marquer l'histoire de la danse !
GL : Ma prise de rôle dans Roméo et Juliette a été une véritable rencontre artistique. Après Le Lac des cygnes, Don Quichotte a représenté un grand challenge personnel. Pour le coup, ce fut la première fois que j’interprétais un rôle moins « sage », un peu comme un contre-emploi, mais cela m’a finalement permis de découvrir une autre facette. J’ai compris que lorsque l’on est honnête avec soi-même, on trouve toujours la façon de coller au personnage. Roméo et Juliette de Sasha Waltz a été extraordinaire. Travailler avec elle et Juan Cruz Diaz de Esnaola m’a apporté beaucoup, c’est la première fois que je dansais sur scène en étant absolument moi-même, sans artifices. À l’avenir, je rêve de danser Boléro de Béjart, Pina Bausch ou bien d’interpréter Mayerling. Dans les ballets classiques, le Prince de La Belle au bois dormant, le Chevalier Des Grieux dans L’Histoire de Manon ou Armand dans La Dame aux camélias sont des rôles que j’aurais à cœur de danser.Le Lac des cygnes
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La symbolique du Lac des cygnes, de la scène à l’écranTroubles intérieurs et perfection artistique
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