Osez !
Stéphane Lissner

Directeur de l’Opéra national de Paris

Alors que les nuages s’accumulent au-dessus des Opéras du monde entier, j’ai pu, depuis plus de deux ans, préparer la saison 2015 / 2016 de l’Opéra national de Paris dans une grande sérénité et, pour tout dire, avec beaucoup de bonheur. Cette Maison plus que tricentenaire est tellement exceptionnelle ! Certes, l’Opéra a pris une large part dans l’effort de diminution des dépenses publiques. Mais, après avoir dirigé le Théâtre du Châtelet et plusieurs institutions ou festivals en Espagne, en Autriche, à Aix-en-Provence et enfin à la Scala de Milan, je peux dire que l’Opéra de Paris m’impressionne chaque jour, par la qualité des équipes techniques, de l’Orchestre, des artistes des Chœurs, du Ballet et par l’engagement de l’administration de l’établissement.        

L'Opéra de Paris m’impressionne chaque jour, par la qualité des équipes techniques, de l’Orchestre, des artistes des Chœurs, du Ballet

Parmi la centaine de métiers différents que l’Opéra abrite – je pense, entre tant d’autres, aux couturiers, aux menuisiers, aux peintres, aux modistes, aux sculpteurs –, les talents sont innombrables. Ils ont, sans doute, de la chance de pouvoir œuvrer pour nos spectacles et notre public. Mais la France a aussi de la chance de disposer d’un tel Opéra national. Il est de bon ton, depuis quelques années, de dénigrer et de donner crédit au sentiment de déclassement qui menacerait la France.

Pourtant, il suffit de porter son regard au-delà des frontières pour se convaincre que l’exception française reste une réalité dont nous pouvons être fiers. Même si les tentations réactionnaires se manifestent de plus en plus souvent, nous disposons dans notre pays d’un tissu culturel exceptionnel que nous nous devons de défendre et qui permet aux artistes de trouver les moyens de s’épanouir et de rencontrer leur public.   

Parce que l’accès de nouveaux publics à nos spectacles est essentiel, je souhaite réserver aux jeunes un accueil très particulier

Cette liberté, ces moyens que l’État et les collectivités publiques mobilisent encore en faveur de l’art, de la création et du spectacle vivant, nous obligent, comme le soutien fidèle de nos mécènes. L’Opéra national de Paris et ses collaborateurs sont farouchement attachés à leurs missions de service public, à la transmission et à la création. Si notre cahier des charges n’a pas fondamentalement changé depuis une vingtaine d’années, les moyens de parler à nos spectateurs, eux, doivent évoluer. Dans quelques mois, vous découvrirez la « 3e scène », numérique celle-là. Lieu virtuel de création à part entière, de culture et de découverte, elle proposera une nouvelle approche de l’art lyrique et du ballet, à côté de Garnier et de Bastille. Parce que l’accès de nouveaux publics à nos spectacles est essentiel, je souhaite réserver aux jeunes un accueil très particulier dans nos salles, notamment lors des avant-premières. Ma volonté de faire de l’Académie, à partir de septembre, le fer de lance d’une activité en direction du jeune public et des jeunes artistes s’inscrit bien évidemment dans le même mouvement.  

Chaque jour, nous devons viser l’excellence. Notre compagnie de ballet est reconnue comme l’une des meilleures au monde, sinon la meilleure, et Benjamin Millepied, arrivé en fin d’année dernière, lui apporte son talent et son audace. L’Orchestre, dirigé par Philippe Jordan, a obtenu une magnifique reconnaissance internationale. Les Chœurs, enfin, dirigés depuis quelques mois par José Luis Basso, démontreront, dès l’ouverture de la saison avec Moses und Aron, qu’ils sont, eux aussi, au plus haut niveau.  
Tous ces artistes sont pleinement engagés dans le projet que nous avons construit pour les six prochaines saisons et que caractérisent quelques mots : l’unité, l’ambition, l’équilibre.

Je crois d’abord profondément à l’unité de notre Maison. On distingue, trop souvent encore, Bastille et Garnier, le Ballet et l’Orchestre, le lyrique et le chorégraphique… Plusieurs fois par saison, nous mêlerons leurs forces et leur identité.

L’ambition, quant à elle, repose avant tout sur les artistes, qui sont au centre de mon projet et qui ont guidé notre réflexion. La programmation que vous allez découvrir dans les pages qui suivent a, en effet, été construite à partir des compositeurs, artistes, chanteurs, chorégraphes, metteurs en scène.

Et le public de l’Opéra national de Paris mérite, tout simplement, les meilleurs. Venir à l’Opéra n’est pas un geste banal, y compris pour le budget de nos spectateurs. C’est pourquoi je vous propose de venir à la rencontre de ceux qui font vivre aujourd’hui l’art lyrique et chorégraphique dans le monde, dont beaucoup se produiront à Paris pour la première fois.
L’équilibre caractérise ensuite les choix que j’ai effectués. Nos missions de service public imposent que nous parlions à tout le monde sans se contenter du plus petit dénominateur commun. Cette contrainte ne nous leste pas. Elle est au contraire très motivante car, pour atteindre ces objectifs si nobles, il faut poursuivre une véritable utopie, celle d’un spectacle total tout au long de la saison.

Je veux vous faire partager notre curiosité, notre impatience, la générosité et le courage des artistes

Il y aura donc des œuvres du XXe ou du XXIe siècle, en commençant par Arnold Schönberg qui annonce les prochaines créations mondiales à partir de 2016 ; il y aura des œuvres du grand répertoire, avec en premier lieu la trilogie populaire de Verdi, et du bel canto. Au cours des prochaines années, la musique française sera très présente, avec notamment un fil conducteur consacré à Hector Berlioz et aux grands compositeurs français, de Rameau à nos contemporains en passant par Meyerbeer et Saint-Saëns. De même, la programmation chorégraphique a été conçue avec un soin particulier dans le choix des partitions. Vous retrouverez ainsi dans nos ballets des œuvres de Johann Sebastian Bach, comme de Ligeti, Prokofiev, Stravinsky ou Pierre Boulez auquel je souhaite rendre un hommage en décembre 2015.  
Je veux vous faire partager notre curiosité, notre impatience, la générosité et le courage des artistes qui se confrontent aux grandes questions de l’humanité. Je serais très heureux que, chaque soir, vous osiez avec nous l’exigence, l’ouverture, l’audace et que vous vous engagiez pleinement dans le parcours et l’aventure que l’Opéra national de Paris vous propose.  

Ressentir l’air d’autres planètes

Philippe Jordan

Musique & danse

Benjamin Millepied

Plongez dans l’univers Opéra de Paris

Nous suivre

Haut de Page