Ballet

Soirée hommage à Yvette Chauviré

Palais Garnier

le 22 avril 2017 à 20h00

2h25 avec 1 entracte

Soirée hommage à Yvette Chauviré

Palais Garnier - le 22 avril 2017 à 20h00

Synopsis

« La danse est une forme de foi, une espérance. C’est une aspiration, le besoin d’atteindre un univers, une atmosphère, un état qui vous fait progresser, la recherche d’une vérité. […] Il faut y aller. Aller vers un ailleurs. Par la lumière intérieure, rejoindre la lumière universelle. Il faut flotter. On ne peut commander cela. Plus exactement c’est une force invisible qui vous porte hors du lieu d’appui. C’est par une intense concentration, un don total de soi, une immense foi, que l’on flotte dans un univers invisible à l’œil nu, amis flamboyant dans l’exaltation artistique. »

Yvette Chauviré 

Durée : 2h25 avec 1 entracte

Artistes


Équipe artistique

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    Daniel-François E. Auber Musique
  • opera logo
    Victor Gsovsky Chorégraphie
  • Maxime Tholance
    Maxime Tholance Direction musicale
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    CHANEL Costumes

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© Séeberger Frères / Centre des monuments nationaux

 L’Opéra de Paris rend hommage à Yvette Chauviré

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1/3

06 min

L’Opéra de Paris rend hommage à Yvette Chauviré

Par Octave

Le 22 avril, Yvette Chauviré aurait eu 100 ans. Immense artiste, ambassadrice du style français, pédagogue, généreuse et élégante, la Danseuse Etoile aura laissé une empreinte solide et pérenne sur le Ballet de l’Opéra et dans le monde de la danse. Pour lui rendre hommage, l’Opéra lui consacre une soirée exceptionnelle et Octave est allé à la rencontre de quelques-uns des artistes qui l’ont côtoyée et qui livrent leurs souvenirs. Rencontres sous forme d’épisodes à retrouver jusqu’au gala.


« Une petite mère »

Par Noëlla Pontois, Danseuse Étoile

Il y a une anecdote à laquelle je repense souvent. Lorsque j’ai passé l’examen pour intégrer le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris, Yvette Chauviré était dans le jury. Au moment du classement, alors qu’elle voulait me placer en tête des admis, un peu distraite, elle écrivit mon nom dans la liste des renvoyées. Elle était comme ça, Yvette Chauviré, un peu tête en l’air…

Plus tard, elle m’a transmis le rôle de Giselle. Jeune Étoile à l’époque, j’étais très intimidée. J’avais l’impression de redevenir débutante mais la passation s’est faite de manière très généreuse. Je garde le souvenir d’une expérience très enrichissante. Tout au long de ma carrière, elle n’a cessé de me conseiller et de m’aider. J’ai des souvenirs d’elle dans ma loge, après les représentations de Suite en blanc de Serge Lifar où elle me donnait des corrections sur ma coiffure, mes déplacements, mes ports de bras. C’était comme une petite mère. Elle était très attentive. J’avais l’impression de faire partie de sa famille. Elle reste la grande héritière du style Lifar. Et, à travers elle, j’ai pu hériter de ce style.

Elle avait un sens artistique très développé, un raffinement exceptionnel et une intensité rare. Un côté très charmant avec beaucoup d’allure mais aussi très drôle, entre Greta Garbo et Edwige Feuillère. Elle avait de l’humour et surtout de l’inspiration. Et, le plus important, elle inspirait les autres. Elle reste un exemple pour moi, en tant que personne mais surtout en tant qu’artiste.

Dans La Mort du cygne de Fokine, elle était merveilleuse. Tous les soirs, elle proposait quelque chose de différent mais toujours très émouvant et intelligent. Cette femme était inspirée, elle avait un instinct formidable et était arrivée à une telle connaissance de la danse qu’elle pouvait se permettre de modifier tous les soirs la chorégraphie.

Elle donnait quelque chose que beaucoup de gens ne peuvent pas donner. Lors des cours de style à l’Opéra, elle n’enseignait pas la technique mais l’artistique. La plupart du temps, nous n’arrivions pas à suivre. Mais elle laissait des traces. Il suffisait de la regarder.


Propos recueillis par Solène Souriau


« Une grande artiste »

Par Cyril Atanassoff, Danseur Étoile

Pour moi, Yvette Chauviré, c’est Greta Garbo dans La Reine Christine. Elle était une actrice extraordinaire et pouvait camper tous les rôles, mêmes les rôles masculins. Grande comédienne, elle savait bouger et se déplacer sur scène. Elle parlait avec ses jambes. C’est elle qui m’a appris le Prince Albrecht mais également Les Mirages de Serge Lifar. Elle avait une vision de chaque personnage et tout ce qu’elle m’a montré des rôles masculins, je l’ai gardé. Une très forte complicité entre nous est née des Mirages. Dans ce ballet, l’homme veut se débarrasser de son ombre, de sa personnalité. Eh bien, Yvette Chauviré, qui jouait l’ombre, vous collait à la peau. C’était extraordinaire.

On lui a souvent reproché d’être égocentrique et coquette. Lors des cours de style qu’elle donnait à l’Opéra de Paris, les gens se plaignaient souvent car elle passait son temps à se regarder dans le miroir. Mais si elle se regardait dans la glace, c’était pour se perfectionner, pour embellir ses lignes. Grâce à son reflet, elle s’assurait qu’elle donnait une indication juste. Finalement, la transmission passait beaucoup par l’imitation. Il suffisait de la regarder et de reproduire. Je me souviendrai toujours de ses bras. C’était les ailes du cygne mais aussi la fragilité de Giselle.

Dans l’histoire de la danse, elle occupe la première place. Grande artiste, elle incarne la tradition française de l’Opéra de Paris. Elle était née pour la danse et restera dans la mémoire des balletomanes comme l’une des plus grandes danseuses du XXe siècle, si ce n’est l’ultime.

Propos recueillis par Solène Souriau


Yvette Chauviré dans Grand Pas classique de Victor Gsovsky, ballet créé pour elle en 1949
Yvette Chauviré dans Grand Pas classique de Victor Gsovsky, ballet créé pour elle en 1949 © Houston Rogers

« Le raffinement de l’école française »

Par Élisabeth Platel, Danseuse Étoile, Directrice de l’École de Danse

J’ai assisté aux adieux d’Yvette Chauviré dans Giselle en 1972, lorsque j’étais élève au Conservatoire de Paris. J’avais conscience de voir partir une grande Étoile. Elle dansait avec Cyril Atanassoff, que j’ai à mon tour eu comme partenaire dans le même ballet quelques années plus tard !

Lorsque je suis entrée dans la Compagnie, elle donnait des cours de style dans un tout petit studio... Je nous revois encore l’attendre solennellement, et puis elle arrivait, toujours très élégante… elle avait une présence incroyable. Je l’ai aussi beaucoup vue faire travailler Dominique Khalfouni, alors jeune Étoile, dans Le Lac des cygnes, Giselle... c’était merveilleux de la voir l’entraîner dans son sillage ! Plus tard, elle a supervisé ma prise de rôle des Mirages, avant que je m’inspire de l’interprétation de Nanon Thibon, plus proche de mon physique.

Enfin, j’ai eu le privilège de danser avec elle sur scène. Quand Rudolf Noureev est arrivé en 1983 à la tête du Ballet, il a souhaité qu’Yvette soit présente pour faire travailler les Étoiles lors de la création de Raymonda. Il trouvait anormal que cette femme extraordinaire reste chez elle, avec tout ce qu’elle avait à transmettre. Il lui a également confié le rôle de la Comtesse de Doris, et c’est à elle que j’ai offert les fleurs lors de la Première. Elle avait dansé avec Rudolf lorsqu’il était tout jeune danseur, et cette fois-ci c’était lui, avec toute sa générosité, qui lui rendait hommage.

Elle était si « pétillante », avec son profil gracieux, ce nez légèrement retroussé... Cette photo du Grand Pas classique d’Auber, où elle a un petit clin d’œil par en-dessous, c’était vraiment elle : la légèreté, l’humour, ce « marivaudage » très parisien... Ce qui ne l’empêchait pas d’être d’un lyrisme fabuleux et d’un dramatisme étonnant. Elle était enfin résolument « française », avec ses en-dehors particuliers, ce travail de pied typique de notre école. Un style qu’elle savait rendre royal, respectable, lumineux… Yvette Chauviré a apporté au Ballet un enseignement raffiné, profondément humain mais aussi très précis et exigeant, très musical évidemment. Et éminemment féminin.

Propos recueillis par Juliette Puaux

© Séeberger Frères – Centre des monuments nationaux

L’Opéra de Paris rend hommage à Yvette Chauviré

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2/3

06 min

L’Opéra de Paris rend hommage à Yvette Chauviré

Par Octave

Le 22 avril, Yvette Chauviré aurait eu 100 ans. Immense artiste, ambassadrice du style français, pédagogue, généreuse et élégante, la Danseuse Etoile aura laissé une empreinte solide et pérenne sur le Ballet de l’Opéra et dans le monde de la danse. Pour lui rendre hommage, l’Opéra lui consacre une soirée exceptionnelle et Octave est allé à la rencontre de quelques-uns des artistes qui l’ont côtoyée et qui livrent leurs souvenirs. Rencontres sous forme d’épisodes à retrouver jusqu’au gala.


«Une artiste totale »

Par Monique Loudières – Danseuse Étoile

J’ai découvert Yvette Chauviré alors que j’étais toujours élève à l’École de Danse : j’ai assisté à ses adieux dans Giselle avec Cyril Atanassoff. À l’époque, Yvette était « La » super star à l’École. On entendait beaucoup parler d’elle. Elle devait avoir une cinquantaine d’années, mais dansait toujours. J’ai revu Yvette Chauviré lorsque j’ai été engagée dans le Corps de Ballet. Elle donnait des cours de style auxquels n’assistaient que ceux qui étaient très motivés. Puis, j’ai travaillé le deuxième acte de Giselle avec elle, elle me parlait beaucoup de la psychologie du personnage. Nous avons également travaillé ensemble Les Mirages de Lifar lorsque j’étais Étoile. Elle était très ouverte dans ses propositions. J’ai également participé à l’aventure Delouche, jouant à ses côtés dans le documentaire Une étoile pour l’exemple. Enfin, je me souviens d’Yvette Chauviré m’accompagnant aux Croisières de la danse avec des danseurs de l’Opéra, comme répétitrice.

C’était une femme spirituelle, subtile et élégante, à l’aura et au charisme exceptionnels. Elle pouvait aussi être très fantasque : comme lorsqu’au milieu de la barre, elle nous faisait travailler les ailes du Lac des cygnes, partant dans une envolée lyrique et artistique ! Il fallait savoir observer ce qu’elle faisait pour apprendre, être comme une éponge. C’était une femme drôle à l’humour fin mais aussi très exigeante et inattendue. Je garde d’elle sa musicalité et le raffinement de ses gestes.

Je pense beaucoup à elle quand je transmets. Yvette Chauviré appartient à la même famille d’artistes et de coachs, inspirés et ouverts dans leur forme de transmission, que Violette Verdy et Ghislaine Thesmar. Elle savait recréer une œuvre d’une manière plus moderne tout en respectant le passé. Son grain de folie, sa liberté et son ouverture d’esprit m’habitent tous les jours. Yvette était une ballerine romantique, une danseuse de caractère avec un tempérament incroyable. Une artiste totale.


Propos recueillis par Aliénor de Foucaud


« Une référence pour toute une génération »

Par Élisabeth Maurin, Danseuse Étoile, Professeur du Ballet de l’Opéra de Paris

Quand je suis entrée à l’Opéra dans les années 1980, j’ai suivi ses classes de style. Elle avait une pédagogie particulière. Il valait mieux arriver déjà échauffé, car on entrait directement dans l’artistique et ses sublimes adages. Je me souviens aussi avoir travaillé avec elle toutes ces notions de port de bras, de déplacés de tulle, ce lyrisme et ce romantisme qu’elle savait si bien transmettre. Étoile, c’est avec elle que j’ai pu rentrer dans un répertoire plus sombre et romantique, moi qui étais plutôt habituée aux rôles « solaires » : Giselle, La Suite en blanc et Les Mirages, enfin.

Giselle, un souvenir mémorable : en 1983, alors que j’étais encore Sujet, Rudolf Noureev est venu me demander le danser avec lui à Vienne… Et j’avais seulement deux jours pour apprendre le rôle ! Un défi qui me paraissait fou et inconcevable et, en même temps, il m’était impossible de refuser une telle opportunité. Il a donc fait appel à Yvette Chauviré pour me coacher : elle a été extraordinaire et m’a transmis les clés, l’essentiel. Elle était dans l’obsession du début de l’Acte II: Giselle sort de sa tombe, transformée en wili. Une entrée qui n’a l’air de rien mais qui est techniquement très exigeante. Je me souviens l’avoir répété inlassablement pour parvenir à donner l’illusion de flotter sur le sol, de manière presque immatérielle. Je pense que cette vision pure, irréelle et intériorisée qu’elle avait de l’Acte II est restée ancrée dans notre façon d’envisager Giselle. Aujourd’hui, lorsque je le fais répéter, je reste fidèle à ce qu’elle m’a transmis.

Les quelques moments que j’ai passés à ses côtés n’appartenaient même plus au domaine du travail mais à celui de l’artistique, de quelque chose de beaucoup plus fort. Quand elle faisait un geste, il y avait toujours une signification derrière. Elle n’allait pas expliquer les mouvements point par point, elle montrait, avec peu de mots. Elle était à la fois les pieds sur terre et tendue vers un rêve : la définition même du danseur ! Même si aujourd’hui, le répertoire de l’Opéra de Paris a beaucoup évolué et que l’éclairage est différent, ce message est toujours là. Yvette Chauviré est une des plus grandes dames de la danse et restera une référence pour toute une génération.


Propos recueillis par Juliette Puaux

Yvette Chauviré vers 1940
Yvette Chauviré vers 1940 © Séeberger Frères – Centre des monuments nationaux

« Être ballerine »

Par Isabelle Guérin – Danseuse Étoile

J’ai rencontré Yvette Chauviré pour la première fois dans un couloir du Palais Garnier. J’étais toute jeune encore et n’avais qu’un an et demi dans le Corps de Ballet. Elle voulait que je vienne à ses cours, elle tenait alors une master class avec principalement des Danseurs Étoiles. Cette rencontre a été formidable. Je l’ai revue ensuite, à plusieurs moments de ma carrière ; je garde ainsi un souvenir fort d’elle en répétition de Giselle, je travaillais le rôle avec Ghislaine Thesmar, puis Yvette est venue en fin de répétition me conseiller et me parler : « Le premier acte, c’est comme au cinéma, on dit « moteur » et on y va », disait-elle. Il suffisait de la regarder et d’absorber au maximum tout ce qu’elle disait. Étoile, j’ai récupéré sa loge, un symbole fort…

Yvette Chauviré restera pour moi une grande dame toujours émerveillés. Sa joie de vivre et son envie de transmettre restent indissociables. Yvette, c’est l’élégance, la générosité et la passion. Une femme qui est restée toujours jeune et très accessible. Une femme dans la lumière. Elle était très contemporaine de son époque, ne vivant jamais dans le passé.

Yvette, c’est toute la différence entre être une danseuse et une ballerine. La technique ne l’intéressait pas forcément mais elle savait être en scène, elle captait la lumière, elle occupait l’espace. Yvette Chauviré m’a apportée beaucoup de choses que je continue de transmettre : une façon particulière de sentir la lumière et la chaleur. Aujourd’hui, notre rôle est de continuer à transmettre ce qu’elle a laissé, à partager et à donner son savoir.


Propos recueillis par Aliénor de Foucaud

© Séeberger Frères Centre des monuments nationaux

L’Opéra de Paris rend hommage à Yvette Chauviré

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3/3

08 min

L’Opéra de Paris rend hommage à Yvette Chauviré

Par Octave

Le 22 avril, Yvette Chauviré aurait eu 100 ans. Immense artiste, ambassadrice du style français, pédagogue, généreuse et élégante, la Danseuse Etoile aura laissé une empreinte solide et pérenne sur le Ballet de l’Opéra et dans le monde de la danse. Pour lui rendre hommage, l’Opéra lui consacre une soirée exceptionnelle et Octave est allé à la rencontre de quelques-uns des artistes qui l’ont côtoyée et qui livrent leurs souvenirs. Rencontres sous forme d’épisodes à retrouver jusqu’au gala.


« Une femme dans la lumière »

Par Agnès Letestu, Danseuse Étoile

J’ai connu Yvette Chauviré alors que j’étais encore élève à l’École de Danse, en première division. Elle est venue nous faire répéter Suite en blanc de Lifar. Je me souviens précisément de son arrivée : une femme très élégante, habillée en tenue de ville et coiffée, est entrée dans le studio et a illuminé la pièce. Elle nous a regardés puis nous a dit : « mais non, mes enfants, ce n’est pas du tout comme ça, je vais vous montrer. » Elle nous a offert une démonstration de style de la variation de « la flûte » : les bras, les caractères : tout était là. Yvette m’a également aidée à préparer le Concours pour monter Première danseuse, elle m’a aidée à trouver une ligne directive dans mon interprétation. Elle avait une grande faculté de montrer avec des mots et des gestes, c’était une mine d’inspiration. Yvette avait le don d’être en situation comme si elle avait avec elle un morceau de costume, elle était le personnage qu’elle incarnait.

C’était une femme inventive, inspirée, capable de changer les détails d’une chorégraphie. Son tempérament créatif était très enrichissant pour les danseurs. Au-delà de la danse et du geste, elle était toujours dirigée par une pensée. Généreuse de son temps et de sa connaissance, elle avait le don de voir et d’analyser le flottement pour recadrer, mais aussi une capacité à donner des images et des conseils applicables pour tout. Toujours élégante en situation, je me suis souvent demandée si elle travaillait son personnage avant ses répétitions ou si elle parvenait à chaque fois à se remettre dans le rôle et à le revivre entièrement.

On ne peut pas s’empêcher de citer Yvette Chauviré. Encore aujourd’hui, quand j’enseigne, je la cite. Pour Le Lac des cygnes par exemple, on ne cesse de répéter aux danseuses que les bras c’est en avant, jamais en arrière. Ça, c’est Yvette Chauviré. C’est une référence forte et puissance : on applique sans jamais chercher à y revenir. C’est une synthèse tellement juste et essentielle à préciser.


Propos recueillis par Aliénor de Foucaud


« Une féminité triomphante »

Par Ghislaine Thesmar, Danseuse Étoile

La première fois que j’ai vu Yvette Chauviré danser, c’était dans Giselle pour les adieux de Serge Lifar, en 1956. Elle était hiératique, un peu froide mais magique, complètement irréelle. Par la suite, j’ai été bouleversée de la voir dans Les Mirages et la Flûte de Suite en blanc.

Je l’ai connue véritablement grâce à Pierre Lacotte. Ils étaient très amis et elle venait souvent dîner à la maison. Elle avait ce petit côté typiquement parisien avec une pointe d’humour. Elle avait ce qu’on appelle « du chien ». Yvette Chauviré, c’était à la fois le glamour de Greta Garbo, un visage extraordinairement bien sculpté pour la lumière, et en même temps l’impertinence parisienne. Elle fait partie de ces femmes que j’admire beaucoup et qui dégagent une féminité triomphante.

Ce n’est que plus tard qu’elle m’a fait répéter : quand j’ai abordé le deuxième acte de Giselle au Théâtre des Champs-Élysées avec Les Jeunesses Musicales. Elle ne me faisait pas vraiment travailler d’ailleurs mais elle me permettait de rester des heures, dans le studio, pendant qu’elle travaillait pour elle-même. Elle m’a permis de rentrer dans l’intimité de son art et j’ai appris une foule de choses en l’observant. Le plus extraordinaire finalement ce n’est pas tant l’œil qu’elle posait sur moi que celui que je posais sur elle.


Propos recueillis par Inès Piovesan

Yvette Chauviré dans Istar
Yvette Chauviré dans Istar © Séeberger Frères Centre des monuments nationaux

« Une exception »

Par Pierre Lacotte, Danseur et Chorégraphe

J'ai connu Yvette Chauviré très jeune, lorsque j'étais encore à l'École de Danse et qu’elle était Première Danseuse dans le Corps de Ballet de l’Opéra. J'ai assisté à sa nomination d'Étoile après la création d'Istar de Serge Lifar. Par la suite, je l'ai vue dans Le Lac des cygnes que Victor Gsovsky avait remonté pour elle et Serge Peretti, où elle était superbe ; dans Mirages et Suite en blanc où elle était fabuleuse, mais aussi dans Giselle et Coppélia ou encore dans Sylvia de Lifar, Les Deux Pigeons… Je l'ai vue dans tous les spectacles qu'elle a dansés à l’Opéra et en dehors !

Elle abordait ses rôles et ses personnages avec beaucoup d'intelligence et de réflexion et lorsqu’elle captait l’attention du public, elle dominait le spectacle et faisait un triomphe.

Quand j'ai dansé Giselle à Paris pour la première fois, c'est elle qui m'a fait travailler le rôle d'Albrecht. C'était quelqu'un de très précis qui allait au fond de chaque détail, pour qui chaque geste avait une signification. Elle expliquait comment Albrecht devait marcher, porter les fleurs, avec noblesse évidemment. Elle parvenait à vous subjuguer, à vous sortir de vous-même avec douceur et élégance. Elle savait mettre les gens avec qui elle travaillait en confiance et quand on était en scène ensemble, c'était prodigieux.

J'ai eu la chance qu'une amitié naisse entre nous et nous avons été très proches pendant plus de trente ans. Nous sortions énormément. Elle était réceptive à tout, à la musique, au cinéma… Elle vivait à deux cent pour cent et ne savait pas ce qu’était la banalité ! Elle avait une classe exceptionnelle, un vrai chic parisien, un humour exceptionnel et une vraie générosité. Au moment de mes adieux à l'Opéra, elle venait en coulisses tous les soirs pour me soutenir. C'était quelqu’un d’exceptionnel qui a laissé une trace et des souvenirs profondément ancrés ; j'ai constamment son image dans les yeux.


Propos recueillis par Inès Piovesan


« Yvette Chauviré, l’absolu »

Par Dominique Delouche, Réalisateur

J’ai d’abord connu Yvette Chauviré en tant que spectateur, lorsque j’étais enfant, pendant la guerre. À cette époque, elle n’était pas encore « Yvette Chauviré ». Elle était une Jeune Étoile et le public la trouvait un peu trop coquette et superficielle. Elle n’avait pas encore trouvé l’épanouissement de son art. C’est seulement à la Libération lorsque Serge Lifar, écarté de l’Opéra de Paris, a fondé sa propre compagnie à Monte-Carlo, qu’elle a pu approfondir son travail et devenir véritablement la danseuse qu’on connaît. Son art s’est alors complètement transformé vers un abandon de tout ce qui est superflu. L’épure est devenue sa pierre de touche.

Son physique d’éphèbe, qui n’était pas du tout à la mode à la fin des années 1940, a tout de suite marqué Serge Lifar. Elle est devenue sa muse et son physique l’a aidée dans sa construction en tant qu’artiste. Elle n’était pas une technicienne hors norme, elle avait autre chose. Une transcendance. Âpre à la tâche, il lui a fallu des années de travail pour se construire et devenir « la » danseuse du XXe siècle. Elle est la seule à s’être objectivée, façonnant son corps comme un architecte bâtit un monument. Elle est restée sur scène jusqu’à cinquante-cinq ans. Cette longévité lui a permis d’inventer une nouvelle manière de danser, toujours à la recherche de l’absolu. Avide de perfection, elle avait une vision très claire de ce qu’elle faisait et de ce qu’elle voulait faire. Telle une vestale, elle était totalement dédiée à son art. Elle a consacré sa vie à la danse.

En tant que digne représentante du style classique français, elle incarne la litote et la mesure. Avec pour quintessence sa dernière représentation de La Mort du cygne où elle n’est plus un animal palpitant qui meurt, mais presqu’un idéogramme, quelque chose qui s’efface. Elle est la prima ballerina assoluta. Elle a vécu et incarné l’absolu de la danse.


Propos recueillis par Solène Souriau

Accès et services

Palais Garnier

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Bus 20, 21, 27, 29, 32, 45, 52, 66, 68, 95, N15, N16

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Au Palais Garnier, des places à 10 € en 6e catégorie (visibilité très réduite, deux places maximum par personne) sont en vente le jour de la représentation aux guichets du Palais Garnier.

Dans les deux théâtres, des places à tarifs réduits sont vendues aux guichets à partir de 30 minutes avant la représentation :

  • Places à 25 € pour les moins de 28 ans, demandeurs d’emploi (avec justificatif de moins de trois mois) et seniors de plus de 65 ans non imposables (avec justificatif de non-imposition de l’année en cours)
  • Places à 40 € pour les seniors de plus de 65 ans

Retrouvez les univers de l’opéra et du ballet dans les boutiques de l’Opéra national de Paris. Vous pourrez vous y procurer les programmes des spectacles, des livres, des enregistrements, mais aussi une large gamme de papeterie, vêtements et accessoires de mode, des bijoux et objets décoratifs, ainsi que le miel de l’Opéra.

Au Palais Garnier
  • Tous les jours, de 10h30 à 18h et jusqu’à la fin des représentations
  • Accessible depuis la place de l’Opéra ou les espaces publics du théâtre
  • Renseignements au 01 53 43 03 97

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